The Alto Knights : La critique

THE ALTO KNIGHTS
Date de sortie : 19/03/2025
Durée du film : 2h00
Réalisateur : Barry Levinson
Scénariste : Nicholas Pileggi
Interprètes : Robert De Niro, Debra Messing, Cosmo Jarvis
Deux des plus redoutables figures de la mafia new-yorkaise, Frank Costello et Vito Genovese, luttent pour le contrôle de la ville.
Autrefois meilleurs amis, la jalousie et les trahisons les mènent inévitablement à l’affrontement qui entraînera la chute de la mafia américaine.
LA CRITIQUE
Aux manettes, un duo de choc, une réalisation par Barry Levinson (Sleepers, Rain Man, Good Morning Vietnam), sur un scénario de Nicholas Pileggi (Les Affranchis, Casino), avec au casting le roi du genre, Robert De Niro. Et de l’autre côté de l’écran, une grande attente en proportion de ces grands noms.
Si le début du film est un peu décevant, surtout quand on a en tête les meilleurs films de gangsters et leurs développements certes grandioses mais stéréotypés, on comprend vite où le réalisateur veut en venir. C’est bien la chute de la mafia américaine qui est mise en avant, et pas son histoire. Ainsi, on aura bien le droit à son lot de morts dans les ruelles, de fusillade dans les lieux publics, de ses trahisons etc... mais le film tourne surtout autour de la raison de la paranoïa qui s’installe entre deux frères d’armes, Frank et Vito, tous deux superbement incarnés par De Niro, dans des styles bien différents, même au niveau de la corpulence).
Et c’est à ce moment-là que j’ai compris que nous ne pensions pas de la même façon.
La dualité des deux personnages, l’un très posé, et l’autre beaucoup plus téméraire, montre parfaitement les deux périodes de la mafia. La première, issue de la violence primale des rues dont les acteurs ne sont jamais véritablement sortis mentalement, multiplie les victimes (Vito), l’autre, qui est passé dans le mondain, et sait qu’il ne faut pas attirer le regard de la police et joue donc "dans le feutré" (Frank). Notez que la Mafia italienne a aussi suivi le même chemin.
C’est donc bien à un documentaire auquel nous avons droit, avec moult images d’archives en noir et blanc des véritables cadavres photographiés par la presse de l’époque. Car, oui, le film raconte (de façon certes romancée) des véritables personnages, tous repris ici, sous leurs véritables noms, jusqu’au plus petit porte-flingue. Tout est magnifiquement reproduit, et on retrouve l’inventivité de la mise en scène de Barry Levinson dont on avait peut-être un peu oublié la maestria depuis ses formidables Sleepers, Rain Man ou Good Morning Vietnam. Au niveau du casting, on pensait toutes ses figures des "patrons", avec des gueules de cour des miracles, perdus à jamais avec le véritable cinéma. Mais on arrive encore à trouver ces physiques hors du commun, qui vont tellement réels. Un bonheur !
Toutefois, cette première partie semble mal lancer le film, avec un scénario un peu mou, comparé aux cadors du genre. C’est parce que le film pose l’ambiance et veut que vous oubliiez ces films justement. Ici, c’est autre chose mais, en conséquence, il semble évident que les impatients ne peuvent qu’être déçu.
Et pourtant cela arrive, oui, dans la seconde partie du film, beaucoup plus enlevée, qui est lancée par une exécution des plus classique, chez le barbier, avec l’évolution lente de l’action et la petite musique adéquate qui ne fera aucun doute sur la finalité du moment. Mais le film garde toujours sa particularité en utilisant les poncifs avec parcimonie. L’envolé finale, qui s’apparente à une nuée de moineaux qui s’envolent de frayeur, est un pur moment de cinéma. Il s’agit non seulement de l’apogée de l’histoire, mais aussi de la paranoïa entre les deux frères d’armes, et de l’humour qui en découle. Car, oui, encore plus que dans Casino (du même scénariste, Nicholas Pileggi), la farce est une composante du film The Alto Knights qui abandonne souvent l’épique et implacable mafieux à l’homme plus peureux qu’il est en fait.
Le film en décevra certains, cela paraît évident. Mais ce film singulier vient après tous ces classiques auxquels nous pensont tous et plutôt qu’une apogée, il s’agit bien d’un crépuscule. Ainsi, le film prend une forme légèrement différente que ce que l’on pourrait s’attendre de prime abord, et cela évite bien des écueils.
La réalisation, la reconstitution de l’époque, le casting et le jeu sont parfaits (De Niro, les patrons et le porte-flingue Vincent Gingate sont inoubliables).
The Alto Knights est donc un film d’amoureux des gangsters (presque plus que d’amoureux des films de gangsters), avec un réalisme fou, pas souvent atteint, pour lequel il faut laisser ses a priori au placard avant de prendre sa place de cinéma.
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