Severance : Critique 2.10 Cold Harbor et de la Deuxième Saison

Date : 26 / 03 / 2025 à 14h00
Sources :

Unification


SEVERANCE

- Date de diffusion : 21/03/2025
- Episode : 2.10 Cold Harbor
- Plateforme de diffusion : Apple TV+
- Réalisateurs : Ben Stiller ; Sam Donovan ; Uta Briesewitz ; Jessica Lee Gagné
- Showrunner : Dan Erickson
- Interprètes : Adam Scott ; Zach Cherry ; Britt Lower ; Tramell Tillman ; Jen Tullock ; Dichen Lachman ; Michael Chernus ; John Turturro ; Christopher Walken ; Patricia Arquette

LA CRITIQUE

Severance a pris son temps pour gagner son public avec le temps. Il faut dire qu’avec presque trois ans d’attente, le bouche à oreille a eu le temps de faire son effet. Il fallait donc pour Ben Stiller, créateur et directeur artistique de la série, relevé le défi et être à la hauteur de l’attente.

Cette impatience d’une fanbase dévouée est la rançon de la gloire tant Severance a marqué par son propos, sa réalisation et l’intrigue. Cette deuxième saison, avec son ultime épisode Cold Harbor, est-elle donc aussi marquante que la précédente ?

Concentration scénaristique

Deux saisons à construire une narration autour du mystère de Gemma, à montrer le courage et l’humanisme de Dylan G, l’originalité dérangeante de Milchick, de montrer la complexité d’avoir deux personnalités distinctes n’ayant pas de souvenirs réciproque, le plan mystique de Lumon Industries…

Absolument rien n’a été négligé lors de ce final. La preuve d’une écriture absolument maîtrisée. Le développement de chaque personnage fait sens et a connu assez de temps pour que leurs destins impliquent le spectateurs. Le plus bel exemple est Ms Selveig, un personnage imposant, incarné magistralement par Patricia Arquette, qui prenait vraiment beaucoup de place à la fin de la précédente saison, a été mise de côté pour laisser de la place à l’équipe du traitement des macro données, Helly R, ou encore les différents protagonistes secondaires.

Tous les éléments se rassemblent ici, pour notre plus grand plaisir et on prend un malin plaisir à voir les différentes hypothèses se dérouler ou non sous nos yeux. A commencer par Mark et Gemma

Mark et Gemma pour toujours

LA grand intrigue de cette série concerne Mark Scout et sa femme « morte », Gemma, alias Miss Casey au premier sous-sol de Lumon Industrie. Vont-ils se retrouver ? Vont-ils faire chuter la giga corporation ? Gemma va-t-elle survivre ?
Si vous êtes ici, nous considérons que vous avez vu cet ultime chapitre.
Le suspense de secours de Gemma par Mark S. est tout bonnement insoutenable, même au deuxième visionnage. Et que dire de cette scène de l’ascenseur, aller et retour, qui oscille de l’horreur à l’extase et bien évidemment celle des retrouvailles à la sortie de la salle éponyme de ce chapitre.

Ou comment réussir à installer une parenthèse romantique, suspendue dans le temps, qui a dit qu’on ne pouvait pas faire une scène d’amour impactante en 2025 ? On sent tout le désespoir de s’être perdu, toutes les questions sur la réalité de leurs vies respectives durant ces deux années et dans le même temps, le fait qu’ils ne pensent qu’à une chose, être avec l’autre.

Une réussite indéniable qu’on n’espérait plus depuis l’épisode sept, véritable pièce maitresse de cette création.

Le travail, le soi et l’esprit

Mais le fond n’a pas été négligé pour autant. Bien évidemment la critique du monde du travail est toujours centrale, mais est approfondie par l’affirmation de la personnalité professionnelle de chacun.e.

Comme s’il était impossible de se dissocier réellement. Le travail représente pour la majorité des occidentaux la principale activité de leur existence à l’âge adulte, prétendre qu’il n’est pas central et que l’on peut s’y soustraire semble malgré tout idyllique.

De la même manière, concernant Milchick et Cobel, qui ont donné leurs existences à Lumon, comprenne qu’une fois leur rôle rempli, ils ne seront plus rien. Lui, à qui on tente d’imposer une vision et qu’on essaye de soumettre, elle, qui est à l’origine de la dissociation, passé d’enfant esclave brillante à directrice de service pour finir comme une rebus qu’on pourrait bien faire disparaitre si elle est trop insistante dans ses revendications.

Cette deuxième saison pose donc comme questions centrales : qu’est-ce qui fait de nous qui nous sommes ? Une fois que les Innie deviennent sapiens sapiens – comme le prouve l’échange entre Mark et Mark – pouvons-nous leur enlever le statut d’être ? Lorsque les non dissociés aliénés comprennent que leur existence est finalement effaçable, devons-nous leur enlever le droit d’être humain malgré leurs erreurs faites sous emprise ?

Et même le cas de Helly est particulièrement écrit intelligemment. Elle et son alter ego successeuse de l’empire ont décidé d’aimer Mark S. La première en tombant naturellement amoureuse de lui, la seconde en comprenant qu’il pouvait être peut-être son premier amour qu’elle n’a jamais connu du fait de son hérédité.

De la SF au fantastique

La technologie centrale à l’origine de cette uchronie ainsi que la constitution des sous-sols ont fait basculer le récit de la science-fiction au fantastique. Cold Harbor se révèle être en réalité la destruction de l’esprit de Gemma, selon les quatre grands principes de l’humeur inventé par Kier.

Là où la série aurait pu rester dans une trame scientifique et cohérente, elle a décidé de briser les murs de l’absurde. Que ce soit pour la restauration, qui est autant psychologique que physique, les services les plus ubuesques les uns que les autres, le nourrissage de mammifères par des rednecks tout droit sorti de Massacre à la Tronçonneuse par exemple, cette transition arrive logiquement en se basant sur un ensemble narratif, visuel et dans le message quasi parfait.

Ensemble parfait ?

En plus de toute cette densité, la patte esthétique reste bien au-dessus des productions de cette génération. Jamais rien n’est laissé au hasard, comme quoi, laisser du temps entre deux saisons permet d’avoir une œuvre de qualité.

Le mystère a animé la toile durant ces deux mois de diffusion, comme certaines séries avant elle l’avait fait (coucou Twin Peaks et Lost), notamment autour de toute la croyance autour des Eagan et des messages disséminés un peu partout. La mise en scène est assez intelligente pour apporter en plus du signifiant, une énigme à plusieurs lectures sans qu’avoir la réponse ne semble essentielle tant le tout est impressionnant de maîtrise.

Bien évidemment, il faut concéder le rythme lancinant, la lenteur des terres froides et hivernales qui composent le décor, mais une fois cette faible limite passée, place à une création aussi belle que captivante que brillamment interprétée et pensée.
Il va être compliqué de prendre la couronne de série de l’année à cette deuxième saison.

NOTE DE L’EPISODE


NOTE DE LA SAISON

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