Un jour fille : La critique
UN JOUR FILLE
Date de sortie : 08/05/2024
Titre original : Un jour fille
Durée du film : 1 h 33
Réalisateur : Jean-Claude Monod
Scénariste : Jean-Claude Monod
Interprètes : Marie Toscan, Iris Bry, Thomas Scimeca, Thibault de Montalembert, Sarah Le Picard, François Berléand, André Marcon, Yannick Renier, Isild Le Besco, Solon Hidiro Glou, François Chattot
LA CRITIQUE
Un jour fille est un bon film basé sur une histoire qui a défrayé la chronique au XVIIIe siècle et qui nous est parvenu aujourd’hui grâce aux mémoires de l’avocat qui a défendu une étrange plaignante.
Le scénario du réalisateur Jean-Claude Monod tourne autour d’une jeune intersexuée élevée comme une fille à qui, à la puberté, on demande de porter le costume d’homme. Des années après, son passé va revenir sur le devant de la scène et va entraîner un procès d’une grande violence.
L’œuvre parle très bien des intersexués, considérés comme des hermaphrodites à l’époque. C’est-à-dire des individus ayant à la fois des organes masculins et féminins, celui semblant le plus développé à la naissance n’étant pas forcément celui qui s’exprime effectivement à la puberté.
Et contrairement aux idées reçues, les intersexués, pouvant aussi ne pas avoir un second organe sexuel visible peuvent quand même le posséder peu apparent ou internalisé. L’intersexuation correspond à 1,7 % des naissances. C’est-à-dire qu’ils sont aussi nombreux que les personnes ayant des cheveux roux ou celles ayant des yeux verts dans le monde.
Il faut d’ailleurs signaler que la France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour mutilations. En effet, même si cela commence à changer ces dernières années, il n’était pas rare en France qu’un médecin décide arbitrairement de rectifier à la naissance le sexe qui ne lui convenait pas, parfois sans même en parler aux parents. Ce qui est non seulement une mutilation génitale, mais peut entraîner de graves problèmes de santé pour l’enfant qui à l’âge adulte ne se reconnaît pas dans le sexe choisi sans lui demander son avis et peut même être obligé de prendre des hormones, ses ovaires ou testiculaires ne fournissant pas d’hormones, ou de subir des chirurgies réparatrices.
Le film de Jean-Claude Monod est d’une grande délicatesse. Il tourne autour de son personnage principal qu’il met parfaitement en valeur et rend particulièrement touchant. En effet, le personnage ne fait jamais de mal, exécute ce qu’on lui dit de faire, notamment par le biais du pouvoir religieux qui dirigeait les consciences et comportements à l’époque, et ne comprend pas ce qui lui arrive.
Il est merveilleusement interprété par Marie Toscan qui est d’une grande justesse dans un rôle peu évident à appréhender. Tout en apportant une grande véracité à un individu particulièrement touchant. Thibault de Montalembert est très bon dans le rôle de son père aimant obéissant à ce qu’on lui dit de faire. Iris Bry est impeccable en femme sympathique que le personnage principal va aimer.
La reconstitution faite est soignée grâce aux beaux décors de Linda Yi et aux costumes d’Erwan de Fligué et de Nolwen Kervazo. On a donc vraiment l’impression de se plonger dans cette histoire intime se déroulant au XVIIIe siècle. D’autant que la belle photographie de Baptiste Chesnais met parfaitement en valeur le personnage principal et renforce l’attachement que l’on éprouve pour lui.
Un jour fille est un bon film passionnant et bouleversant montrant la difficulté pour une personne ne rentrant pas dans le moule d’exister dans une société ne voyant les individus que comme binaires. Avec une histoire montrant que la réalité est toujours surprenante, une mise en scène se mettant d’une fort belle façon au service de son propos et un.e comédien.ne principal.e qui crève littéralement l’écran, l’œuvre est vraiment passionnante à découvrir et possède une grande résonance avec ce qui se passe encore de nos jours.
Incroyable et touchant.
SYNOPSIS
XVIIIe siècle. Anne, grandie fille, doit « changer d’habit » en raison de son attirance pour les femmes. Devenue homme, il se marie, et vit une grande histoire d’amour avec sa nouvelle épouse jusqu’à ce que son passé le rattrape...L’histoire vraie et bouleversante d’Anne Grandjean née intersexe, et de son procès retentissant, qui interroge encore aujourd’hui toutes nos certitudes...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Baptiste Chesnais
Montage : Joëlle Hache
Musique : Karol Beffa
Costumes : Erwan de Fligué, Nolwen Kervazo
Décors : Linda Yi
Producteurs : Claire Dornoy, Richard Copans, Julien Russo, Gilles Commaille pour Guilhem Donnasson Directeur de, Les Films d’Ici, Dacor Productions
Distributeur : KapFilms
LIENS
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