Spectregraph : La critique

Date : 13 / 04 / 2025 à 08h00
Sources :

Unification


SPECTREGRAPH

- Date de sortie : 26/03/2025
- Éditeur : Éditions Delcourt
- Scénario : James Tynion IV
- Dessin : Christian Ward
- ISBN : 978-2413088523
- Nombre de Pages : 224
- Prix : 25,50 euros

DESCRIPTION

Le nouveau JAMES TYNION IV (The Nice House on the Lake) débarque chez Delcourt. Au côté de CHRISTIAN WARD (Invisible Kingdom, Batman City of Madness), il propose un nouveau classique de l’horreur.

Un manoir étrange, niché sur la côte, à quelques kilomètres au nord de Los Angeles... Des rumeurs courent... On le dit hanté... Son propriétaire était un magnat de l’industrie, avec une étrange fascination pour l’occulte et le paranormal. Depuis des décennies, les hommes et les femmes les plus riches du pays cherchent à comprendre ce qu’il y construisait. Maintenant, alors qu’il vient de mourir, ils ont hâte de le découvrir...

LA CRITIQUE

Janie est la mère célibataire d’une petit garçon, et agent immobilier. Après une dure rupture, aujourd’hui c’est son jour de chance, elle doit mener la visite d’un célèbre manoir à une étrange jeune femme appelée Jesper. Fasciné par l’occultisme, le richissime Ambrose Everett Hall vient de mourir et laisse derrière lui cette bien étrange maison qui suscite un vif intérêt. Mais cette maison abrite de lourds secrets liés au passé trouble du milliardaire, et la visite va vite tourner au drame.

L’intrigue de Spectregraph se déroule principalement en hui-clos dans un immense manoir situé près de Los Angeles. Autrefois propriété d’un magnat de l’industrie à l’obsession malsaine pour le paranormal, ce lieu renferme de nombreux secrets qui attirent les élites fortunées en quête de sensations fortes et de réponses occultes. Dès les premières pages, Tynion IV nous plonge dans une ambiance oppressante où chaque pièce semble habitée par une présence malveillante. Le manoir lui-même devient un personnage à part entière, sorte de labyrinthe vivant. Le récit démarre sur des chapeaux de roues avec cette histoire étouffante de mère célibataire, agent immobilier et son enfant laissé seul à la maison. Avec cette anecdote, qui a son importance, tout l’excellent travail de création de cette BD est de tenter d’humaniser un récit qui ne l’est plus. L’amitié aura même sa place dans un final étonnant.

L’auteur déploie un récit complexe, alternant entre l’exploration des différentes époques du manoir et les histoires personnelles des protagonistes qui cherchent à percer ses mystères et à se mesurer à Dieu, en créant des fantômes pour tenter d’accéder à la vie éternelle. Cette structure enchevêtrée donne au récit une dimension presque onirique, où réalité et cauchemar se confondent. James Tynion IV montre une fois de plus sa maîtrise des codes de l’horreur en explorant des thèmes profonds comme l’abandon, la folie ou la peur de l’inconnu. Loin de se contenter d’enchaîner des scènes d’effroi gratuites, il construit une histoire où chaque élément horrifique sert un propos plus large sur la nature humaine.

Christian Ward livre ici un travail graphique d’exception, un véritable chef-d’œuvre visuel. Ses illustrations, teintées de néons éclatants et de couleurs psychédéliques, apportent une intensité palpable à chaque scène. Ward sait jouer avec les contrastes, faisant surgir l’horreur au milieu de teintes vibrantes qui semblent danser sur la page. Son style unique, à mi-chemin entre l’abstraction et le réalisme, sied parfaitement au ton de l’histoire. Les compositions de Ward créent un sentiment de malaise constant, avec des perspectives déformées et des cases qui semblent se briser sous la pression de l’angoisse qui habite les personnages. C’est un travail visuel audacieux qui amplifie l’impact émotionnel du récit.

Si l’on peut reprocher au récit d’être parfois trop cryptique, voire confus, cela semble être un choix délibéré qui contribue à l’ambiance générale d’incertitude et de paranoïa. Le lecteur est invité à assembler les pièces du puzzle, comme les personnages eux-mêmes tentent de comprendre ce qui se cache derrière les murs du manoir.

ET FINALEMENT ?

Et finalement, quelle claque. Spectregraph est une bande dessinée qui parvient à marier l’horreur et le mystère avec une grande élégance visuelle. Cette bande dessinée ambitieuse est un petit bijou, tant au niveau de l’histoire, énigmatique et oppressante, de l’ambiance que des dessins. C’est une réussite complète et époustouflante, une véritable expérience de lecture à la fois déroutante et envoûtante. Ça marche plutôt bien, on est immédiatement happé par le récit intense et démoniaque. On est pris à la fois par cette curiosité de dévorer le récit, mais aussi par l’envie de le faire durer un maximum le plaisir, comme un bonbon qui fond dans la bouche le plus longtemps possible. Ceux qui ne connaissaient pas (comme moi) l’univers d’James Tynion IV, vont certainement avoir envie d’en découvrir plus et le récent prix à Angoulême de The nice house on the lake n’est certainement pas anodin. C’est une lecture recommandée aux amateurs d’horreur graphique et aux lecteurs en quête d’histoires qui sortent des sentiers battus.


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