House of the Dragon : Critique 1.08 Le Seigneur des marées
HOUSE OF THE DRAGON
Date de diffusion : 10/10/2022
Plateforme de diffusion : OCS
Épisode :1.08 Le Seigneur des marées
Réalisateur : Geeta Vasant Patel
Scénariste : Eileen Shim
Interprètes : Emma D’Arcy, Paddy Considine, Matt Smith, Milly Alcock, Rhys Ifans, Olivia Cooke, Steve Toussaint, Eve Best
LA CRITIQUE
Après un épisode riche en rebondissements, House of the Dragon monte encore d’un cran la dramaturgie en offrant une heure baignée d’une intensité émotionnelle exceptionnelle à laquelle s’ajoute une aura mystique singulière et familière à la fois.
Pater familias
Dans ce huitième épisode intitulé Le seigneur des marées, qui rappelle les grandes heures de Succession, les protagonistes se réunissent autour du pater familias – Viserys 1 er . De manière très symbolique, la représentation du personnage retranscrit en image la nature très dégradée des liens entre les verts et les noirs, qui en sont aux épées et aux couteaux.
Visuellement, la déliquescence de Viserys, dans sa chair et son esprit, incarne d’une part, l’amincissement de tout espoir de réconciliation entre les familles. D’autre part, sa lente décrépitude traduit l’idée d’un compte à rebours finissant, et qui rapproche la maison targaryenne de l’abime de la « danse des dragons ».
Tel Atrée, Viserys est à la fois le point d’équilibre et le bourreau de sa famille – dont les membres n’ont rien à envier aux Atrides grecs d’Eschyle – haineux, incestueux, belliqueux, meurtriers ou maudits en raison de leur propre hybris.
Last Supper
Dans la saison, voire dans l’ensemble de l’histoire, cet épisode 8 tiendra une place particulière avec son aura mystique qui se dévoile, notamment, dans un changement de décorum. En effet, au moyen d’une probable dernière ellipse temporelle, les sept figures de la divinité des Andals font une entrée fracassante dans l’intrigue et vient s’entremêler ou se confronter avec l’art divinatoire des Targaryen. Dans la dramaturgie et l’histoire targaryenne, l’émergence de la religion des sept, même symbolique, constitue un message en soi. Plus exactement, elle est une menace à peine voilée à destination du sang du dragon. Religion historique des ouestriens, son retour incarne l’idée du retour de « l’homme commun » aux affaires du royaume rappelant le statut d’envahisseur étranger de la maison Targaryen.
La force mystique de l’épisode se retrouve de manière prégnante dans la composition de l’épisode où raisonne une dimension chrétienne très forte dans le cadre d’un « dernier souper » - qui ne va pas sans rappeler le dernier souper christique, avant les reniements, les traitrises, les tortures, la souffrance de la passion et la mort.
Effet domino
D’une grande densité émotionnelle, cet épisode met en lumière de manière très frappante l’écriture tout en nuance et en humanité de G.R.R Martin. Ce dernier fonde le cœur même de son intrigue sur des caprices de la nature – qu’il s’agisse de la question du métissage des enfants Targaryen ou des décisions prises par les Dragons.
Loin d’être une faiblesse de structure narrative, il faut y voir une écriture authentiquement teintée d’humanité dans la mesure où les grands drames humains reposent souvent sur des coups du sort, des choix privilégiant le cœur à la raison, voire des petits gestes irréfléchis aux conséquences insignifiantes, sur le moment, dont les effets domino et en cascades entraînent des répercussions terribles.
En cela, le temps d’une heure, House of the Dragon se hisse au rang des grandes œuvres cultes en empruntant beaucoup aux tragédies grecques et aux drames shakespeariens.
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