House of the Dragon : Critique 1.01 Les Héritiers du dragon
HOUSE OF THE DRAGON
Date de diffusion : 21/08/2022 Plateforme de diffusion : OCS Épisode :1.01 Les Héritiers du dragon Réalisateur : Miguel Sapochnik Scénariste : Ryan Condal Interprètes : Emma D’Arcy, Paddy Considine, Matt Smith, Milly Alcock, Rhys Ifans, Olivia Cooke, Steve Toussaint, Eve Best
LA CRITIQUE
Après une décennie sur les rhapsodies de la Glace et du Feu, HBO propose à voir les chroniques du Feu et du Sang – sa deuxième partie, plus précisément.
Il était une fois Westeros
House of Dragons et Game of Thrones constituent deux parties d’une seule et même grande Histoire.
Celle-ci commença lorsque Aegon Targaryen – dit le conquérant – arriva sur les terres de Westeros en chevauchant le Dragon Balérion en compagnie de ses sœurs, dragonnières également. Dans la chronique connue actuellement, cette grande histoire se termina, 3 siècles après la conquête, avec l’exil de son descendant Aegon au-delà du mur à l’issue de la longue nuit de Winterfell et l’avènement au trône du second Roi brisé.
Pour sa deuxième incursion dans les terres de Westeros, HBO tire les leçons des dernières saisons de la série « mère », en adaptant des événements que G. R.R. Martin a pu écrire intégralement – gageons que l’annulation du spin off Long Night est en partie liée à l’absence de matière ou support livresque à part une encyclopédie écrite à plusieurs mains.
La danse des dragons (an 105 à 131 après la conquête d’Aegon 1 er )
Sur l’adaptation de Feu et Sang, HBO avait le choix entre des événements majeurs dont la Conquête d’Aegon 1 er , la Terreur sous Maegor le cruel ou le long règne de Jaeherys le conciliateur et sa bonne reine Alysanne. Finalement, HBO choisit judicieusement de mettre à l’écran une période crépusculaire pour Westeros et les Targaryens, connue sous la douce appellation de Danse des dragons, s’étalant sur une période de presque 30 ans.
Le choix est judicieux parce que la " Danse des dragons " fait écho à l’histoire des monarchies européennes et la création des Etats modernes ; sans évoquer le fait qu’il est autrement plus intéressant aujourd’hui, pour ne pas dire vendeur, de mettre en images la déviance et la chute des puissants plutôt que leur ascension fulgurante.
Les héritiers du Dragon
Dès la 1 ère séquence, House of Dragon marque les esprits, en exposant intelligemment et avec magnificence la problématique au cœur de toute son intrigue : La succession au trône de fer.
Comme en témoigne l’histoire des monarchies européennes, le problème de la succession des rois est une hydre à plusieurs têtes :
- Une histoire intime d’une famille régnante ;
- Une affaire d’Etat pouvant rappeler les difficultés lors de la succession de Philippe le Bel comme terreau de la Guerre de cent ans en France ;
- Une complexité juridique s’inspirant en partie de la loi Salique des francs (5 ème siècle) avec l’édiction de la règle de la primauté de l’héritier mâle ;
- Une question de genre – témoignant du fait que ses problématiques sont vieilles comme le monde.
Adapter, réécrire, faire des compromis et enrichir
Adapter Feu et Sang ne signifie pas copier-coller, car les événements couchés parfaitement sur papier ne fonctionnent pas forcément à l’écran. Cette fois-ci, le problème qui se posera à la production ne sera pas le manque de matière car, G.R.R. Martin a traité dans son entièreté la " Danse des dragons ". Tout le défi sera de réussir à retranscrire l’essence de l’histoire sans la trahir compte tenu des contraintes du format télévisuel, notamment budgétaires, qui pèseront forcément sur la production – il est question d’un budget avoisinant les 20 millions € par épisode pour cette saison. A titre de comparaison, cela représente le double du budget des derniers épisodes du show originel.
Si adapter signifie nécessairement réécrire, ajuster et faire des compromis entre le livre et le show, la première heure de House of Dragon est une excellente entrée en matière avec une esthétique visuelle puissante héritée de son ainée, des dialogues incisifs et inspirés, une bande son innovante et familière.
Déjà, les deux séquences introductives suffisent à démontrer les standards d’excellence que vise l’équipe créative en réussissant le tour de force de cristalliser l’essence de Game of Thrones en moins de 5 minutes.
La série a surtout le mérite de donner vie à des personnages extraordinaires qui sauront toucher le public – au moyen d’une interprétation déjà très solide du casting.
Quelle joie de regarder se mouvoir en chair et en os à la télévision Rhaenyra (la Joie du royaume), son oncle Daemon (le Lord Culpucier), Corlys Velaryon (le Serpent de Mer). Il reste à saluer particulièrement les incarnations puissantes d’humanité du roi Viserys et sa femme Aemma qui tendent à confirmer les propos de G.R.R. Martin sur la magnificence du show, mais aussi son ambition à enrichir, voire améliorer les livres.
Ces derniers relatant des faits se déroulant sur une période de 140 ans, la série a l’opportunité de mettre en scène des dialogues, des réunions, des évènements qui ne sont qu’esquissés sur papier – enrichissant la compréhension des rouages ayant fait " danser " les dragons.
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