Westworld : Critique 4.08 Que Será, Será
WESTWORLD
Date de diffusion : 15/08/2022
Plateforme de diffusion : OCS
Épisode :4.08 Que Será, Será
Réalisateur : Richard J. Lewis
Scénariste : Alison Schapker & Jonathan Nolan
Interprètes : Evan Rachel Wood, Thandiwe Newton, Jeffrey Wright, Ariana DeBose, Tessa Thompson, Aaron Paul, Jame Marsden, Ed Harris
LA CRITIQUE
Westworld livre son épilogue avec comme mantra le Que sera, sera d’Alfred Hitchcock signifiant : Ce qui doit être, sera.
Derrière son apparente légèreté, l’intitulé de l’épisode exprime assez justement le ton mélancolique qui traverse l’essentiel de l’épilogue. A bien y penser, ce ton colore, rétroactivement, l’entièreté de la saison d’une aura tristement fataliste face à ce qui est inéluctable.
Avec Westworld, les clés de lectures manquent pour déchiffrer ce qui est donné à voir depuis le début. Car le soulèvement des machines ne mène qu’à un chemin inévitable et inexorable.
Une des grandes leçons de Westworld, qui est au cœur de la saison, réside dans les affirmations de Bernard : Nul ne peut se soustraire ni véritablement empêcher les évènements à venir. Ce qui doit être, sera.
En suivant la logique des échecs, face à l’inéluctable, le plus important reste donc d’assurer le « coup d’après ». En ce sens, l’épilogue et, par extension la saison 4, s’efforce de revenir au cœur de Westworld : le libre arbitre face à la fatalité d’un futur inéluctable (la mort, l’obsolescence, la séparation, etc.).
Après ce long run de 8h, l’épilogue confirme que la saison 4 est bel et bien un soft reboot permettant de réviser les faiblesses narratives constatées durant les saisons 2 et 3, ayant impacté l’écriture des personnages.
Notamment, moins introspective et plus rythmée, la saison 3 n’a pas laissé un temps de respiration aux personnages – ce qui a impliqué un déficit d’attachement pour des nouveaux protagonistes ayant moins d’épaisseurs que le casting originel. La saison 4 s’efforce de corriger cela, ce qui permet ainsi à des personnages comme Caleb de tirer enfin leur épingle du jeu. Véritable « pion passé » (Saison 3) de l’échiquier Westworld, Caleb s’est donc mué en reine, faiseuse de roi.
Néanmoins, encore une fois, ce sont les personnages originels et emblématiques qui tirent le plus profit de la montée en qualité de l’écriture – William en prime.
Ed Harris transcende le charisme de Yul Brunner pour habiter un homme en noir absolument magnétique et hypnotisant. Dans l’industrie télévisuelle, William est un personnage rare et précieux. En l’absence d’Anthony Hopkins, Ed Harris personnifie toute les nuances et la richesse d’écriture du show.
Une mention est nécessaire pour évoquer Jeffrey Wright et Thwandie Newton dont la composition reste de très haute volée bien qu’ils soient plus en retrait – pour contrebalancer leur rôle moteur dans les deux saisons précédentes.
Une fois l’ensemble des clés de lecture dévoilé, Evan Rachel Wood est à saluer particulièrement, tant sa composition est une gageure pour incarner un personnage à la fois évanescent, distancié, fantomatique, voire « hors-sujet » et le rendre intéressant. Sa présence est confusionnante et perturbante dès le départ tant elle dénote de l’essentiel de l’intrigue. Clairement, Evan Rachel Wood incarne dans Westworld ce que le Major Kusanagi est pour Ghost in the shell.
Rien que pour l’écriture de ses personnages principaux – Westworld est une grande œuvre. La musique est également une des grandes satisfactions de la saison. Bien qu’elle devienne un brin routinier – avec presque systématiquement le schéma d’un instrumental d’une chanson pop culte par épisode – la musique constitue un atout majeur lorsqu’il s’agit de colorer avec justesse l’émotion d’une scène.
Evidemment, tout n’est pas parfait durant la saison. Celle-ci peut souffrir de facilités scénaristiques qui peuvent nuire à l’engagement du spectateur et nuire à la crédibilité de l’intrigue. Une de ces faiblesses d’écriture réside dans la facilité déconcertante des missions d’infiltration et exfiltration des endroits prioritaires du parc « Futurworld » normalement sous surveillance d’une deus ex machina.
De plus, Westworld garde les stigmates d’une saison 3 alambiquée. Ainsi, cette saison 4 consacre du temps pour effectuer un soft reboot des éléments de la saison dernière – ce qui est un temps de moins pour enrichir et avancer l’histoire.
En définitive, la saison 4 de Westworld est incomparablement supérieure à la précédente, en dépit de ses défauts.
Avec cet épilogue, Jonathan Nolan et Lisa joy emmènent leur show vers une direction à la fois très logique et risquée. Car cet épilogue constitue un pont entre Mondwest et Futurworld – et amorce le dernier cycle afin de boucler la boucle et de permettre aux personnages d’échapper à la folie de Ford et de William.
Au vu des dernières minutes, gageons une fin de série douce-amère.
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