Prenons le bus à Vancouver !
Un peu de topographie si vous voulez bien... La ville de Vancouver est située entre le bras droit de l’estuaire du fleuve Fraser, au Sud, et le Burrard Inlet (une sorte de gros fjord) où se trouve le port, au Nord. La banlieue de Vancouver (Greater Vancouver Area) est composée de villes de moyenne importance dont les limites se confondent avec celles de Vancouver (voir carte). A l’ouest, côté océan Pacifique, se trouve l’ile de Vancouver au sud de laquelle trône la capitale de la Colombie Britannique, Victoria.
Comme la majorité des villes nord-américaines, Vancouver est quadrillée par des rues (axe nord-sud) et des avenues (axe est-ouest). Le nom des rues principales change au niveau de Main Street, considérée comme la ligne centrale historique de la ville. Ainsi, par exemple, à l’ouest de Main, Broadway s’appelle West Broadway, et à l’est, évidemment, East Broadway. Facile. Si on me donne une adresse sur East Hastings, je sais que je dois traverser Main pour y parvenir.
Et je tremble, car Main et East Hastings, c’est le coin qui craint… Pour plus de simplicité, et peut être aussi par manque d’imagination, dès que l’on sort du centre ville à proprement parler, les rues sont numérotées en ordre croissant du nord au sud. Cette numérotation s’interrompt parfois lorsque la rue est une grosse artère. Ainsi Broadway est située entre la 8ème et la 10ème rue. C’est donc en principe la 9ème rue, mais on l’appelle Broadway, c’est plus classe. Et c’est bien trouvé car c’est en effet une rue large…
Le réseau de transports en commun qui dessert le centre ville et la banlieue comporte : le métro aérien (Skytrain) qui circule vers la banlieue Est, le bus maritime (le Seabus, un ferry en fait) qui relie la ville de North Vancouver à Vancouver en traversant le Burrard Inlet, et évidemment le bus.
A défaut d’avoir une voiture (je n’en ai pas encore tout à fait besoin), je me déplace en bus. Comme en France, on peut acheter des tickets à l’unité dans le bus (encore faut-il avoir la monnaie) ou alors en carnet, ou sous forme de coupon mensuel voire d’abonnement à l’année. Un système de zones, comme à Paris, détermine le prix du trajet. Par exemple, un coupon mensuel deux zones qui me permet d’aller un peu partout à Vancouver et en proche banlieue (3 zones à Paris) coûte 99$, soit environ 66 Euros. Le ticket de base pour circuler en ville coûte 2,50$, soit environ 1,70 Euros.
Les chauffeurs de bus sont de façon générale accueillants, polis et sympathiques. Ils disent bonjour, sourient, et papotent volontiers avec les passagers. Certains finissent même par sympathiser avec ceux qui prennent leur ligne régulièrement et les appellent par leur prénom, leur demandent des nouvelles de la famille, du boulot etc… Le client fait de même, d’ailleurs. Le chauffeur de bus décide de la discipline dans son bus.
Il y a ceux qui vous laissent monter avec votre café et votre muffin, et ceux qui vous demandent gentiment de bien vouloir vous abstenir de boire ou de manger à bord. Il y a ceux qui crient à la cantonade « qui a de la monnaie pour que cette dame puisse acheter son ticket ? », ceux qui vous disent « désolé, pas de monnaie je ne peux pas vous prendre » (ils sont très rares) et ceux qui vous laissent monter avec un grand sourire en disant « ce n’est pas grave, vous paierez la prochaine fois ! »
Et puis il y a ceux qui mettent des bermudas alors qu’il neige dehors, sous prétexte qu’au mois de mars c’est le printemps. Il y a ceux qui vous font la visite guidée pendant tout le trajet, avec des moments excitants du type « et maintenant tout le monde s’assied à droite du bus et sourit car il y a une webcam au sommet de ce bâtiment qui filme la circulation sur le pont. Vous pourrez aller vous voir sur le site www.blablabla.com. »
Une amie m’a raconté qu’elle avait pris le bus à Halloween avec un chauffeur qui posait des questions sur le cinéma dans son haut parleur, et les passagers qui trouvaient les bonnes réponses avaient gagné un bonbon ou un chocolat. Une autre s’est retrouvée avec un chauffeur qui faisait chanter les passagers. C’est pour cela que lorsque les passagers descendent du bus, ils gratifient souvent le chauffeur d’un « thank you ! » sonore et sincère.
Dans la plupart des bus, le nom des arrêts s’affiche pendant le trajet, et parfois même, le nom de la station est annoncé par une voix enregistrée. On demande l’arrêt en appuyant sur un bouton comme chez nous, mais aussi un tirant sur un câble qui court le long des fenêtres. Comme ça on n’a pas besoin de se lever. Tout çà c’est très pratique quand on connait le nom de son arrêt, mais comment faire quand on ne le connait pas ? On explique tout simplement au chauffeur où l’on veut se rendre. Il s’arrêtera automatiquement à cet arrêt là et vous le fera savoir : « pour l’aquarium, vous descendez ici ! ».
Un autre petit truc sympa : vous êtes à votre arrêt et vous vous demandez quand votre bus va passer. Les horaires ne sont pas forcément affichés, alors il vous suffit de lever la tête, de lire le numéro de l‘arrêt et de texter ce numéro au 33333. Dans les secondes qui suivent, vous recevez les horaires de tous les bus qui passent à l’arrêt dans les minutes qui suivent l’envoi de votre texto. Ca, c’est du service !! Et en parlant d’arrêt, devinez qui gère les abribus… notre JC Decaux national. Respect !
Et les passagers… Le canadien est poli et respectueux de son prochain ainsi que des lois et règles. Parfois ça peut paraître un peu mouton de Panurge comme comportement. Par contre c’est vrai que ça change bien du français de base qui respecte surtout ses propres règles et qui a un peu oublié le sens du mot ‘politesse’. Le canadien qui entre dans un bus dit d’abord bonjour au chauffeur.
Aux heures de pointe, lorsque toutes les places assises sont prises, le canadien circule spontanément vers l’arrière du bus. Celui qui reste planté au milieu, c’est généralement un touriste. La plupart des bus sont équipés pour permettre l’accès aux personnes qui se déplacent avec difficultés. A chaque arrêt, un système pneumatique descend le bus au niveau du trottoir. Si une personne en fauteuil roulant se présente, une plateforme se déplie automatiquement pour lui permettre d’entrer dans le bus. Immédiatement les gens assis à l’avant se lèvent pour laisser la place au fauteuil roulant et assistent même la personne si elle a du mal à se positionner. Etonnant… Dans la série pratique, il y a même un porte-vélo sur le pare-chocs avant des bus pour soulager les passagers cyclistes moulus…. Bref, un autre monde… pas forcément parfait, mais bien plus sympathique que le notre.
Je pense bien à vous et je compatis…
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