The Orville : Review 1.08 Into the Fold
Dans les coulisse de The Orville depuis son lancement au titre d’executive producer, et derrière la caméra pour le meilleur épisode de la série à ce jour (The Orville 01x03 About A Girl), le plus prolifique auteur de Star Trek, Brannon Braga, co-signe cette fois The Orville 01x08 Into The Fold avec un autre vétéran de la franchise, André Bormanis.
L’intrication trekkienne s’exprime aussi par l’accueil en guest star de Brian Thompson, qui possède à son passif cinq rôles distincts dans le Star Trek qui fut.
Alors disons-le franchement, loin de l’anticipation innovante et subversive de The Orville 01x07 Majority Rule, le pitch de The Orville 01x08 Into The Fold est dépourvu de toute originalité. En effet, plusieurs des héros du main cast s’échouent en navette sur une planète hostile et tentent d’y survivre – de façon humaniste si possible – en attendant d’être secourus. Soit in abstracto un schéma que Star Trek a mis en scène une douzaine de fois depuis ST TOS 01x13 The Galileo Seven (le premier du genre) jusqu’à ST ENT 02x13 Dawn (le dernier en date).
Malgré tout, l’intérêt provenait de la diversité des contextes, du prix de la survie, et des variations apportées, convoquant parfois la mémoire de Barry Longyear (The Enemy Mine) voire de Tony Barwick (UFO 01x05 Survival).
Il s’agit ni plus ni moins d’un rite de passage incontournable dans une série trekkienne au long cours, car c’est face à des épreuves communes endurées en petit comité que les sociabilités peuvent se nouer et se renforcer. L’enjeu narratif est alors d’établir des passerelles naturelles (et non pas forcées) entre des personnages que tout oppose au départ, en la circonstance le Dr. Claire Finn et la forme de vie artificielle Isaac.
Voici le synopsis (attention spoilers !)...
Au moyen d’un navette pilotée par Isaac, Claire et ses deux fils Marcus et Ty partent prendre des congés sur la play planet Arboreus Prime dans un hôtel au-dessus des nuages (clin d’œil verbal à la cité volante Stratos sur la planète Ardana dans ST TOS 03x19 Cloud Minders).
Mais au cours du trajet, la navette se retrouve attirée par le champ gravitationnel d’une pliure spatiale (space fold mais surnommé humoristiquement glory hole) non cartographiée, puis avalée par elle suite au geste inapproprié de l’un des enfants. L’anomalie spatiale propulse la navette à 1 000 années-lumière de son point d’origine, non sans l’endommager gravement au passage.
Quoique dans une zone inconnue de l’espace, Isaac n’a alors d’autre choix que de se poser en catastrophe sur la planète habitable la plus proche. Mais la navette ne survit pas intègre à l’entrée atmosphérique, et celle-ci se crashe après s’être séparée en deux morceaux (une séquence visuellement convaincante pour ne pas dire impressionnante).
Sur le site de crash de la proue de la navette, Isaac se retrouve alors à devoir soigner, encadrer, former, et protéger Marcus et Ty (avec tous les décalages comportementaux et psychologiques que cela implique) tout en partant à la recherche de leur mère.
Sur le site de crash de la poupe de la navette, Claire, évanouie, est kidnappé par Drogen (Brian Thompson), un autochtone souffrant de solitude, mais qui - ce faisant - lui a peut-être sauvé la vie face aux hordes de zombie-cannibales qui hantent la surface de cette planète (une référence à la très populaire The Walking Dead ?). Drogen révélera que les populations humanoïdes de la planète furent victimes d’une guerre biologique, et que les survivants contaminés en sont réduits au cannibalisme.
Réussissant finalement à entrer clandestinement en contact par communicateur avec Isaac, Claire découvrira que son fils cadet a été atteint par le mal qui ronge les indigènes. Portée alors par son instinct de mère, elle tuera Drogen pour s’évader afin de rejoindre ses compagnons.
Tandis que les quatre rescapés - enfin réunis - seront assaillis par des vagues ininterrompues de zombies-cannibales et que Ty sera à l’article de la mort (la Dr. Finn ne pouvant le sauver sans l’équipement médial du vaisseau mère), une navette de l’USS Orville atterrit et leur sauve la vie de justesse (le capitaine Ed Mercer ayant réussi à les retrouver en suivant leur sillage ionique).
Finalement, de retour à bord de l’USS Orville, Claire développera un remède, Ty sera sauvé, et l’Union mettra en place un programme pour dé-zombifier les autochtones de cette infortunée planète.
Enfin, en dépit des nombreuses disparité d’entendement et incompréhension culturelles, Isaac sera parvenu à gagner le cœur des deux gamins (comme père de substitution ?) et l’estime de leur mère… qui conclura l’épisode en accueillant symboliquement l’androïde dans sa famille.
Il est intéressant de noter que The Orville fait un usage abondant de tubes de la pop musique (comme Somewhere Down The Road de Barry Manilow dans 01x08 Into The Fold). Mais ceux-ci sont intégrés aux épisodes à la façon de la musique classique dans ST TNG, c’est-à-dire comme vestiges du passé ou comme monuments historiques, et non comme attributs du présent (à la façon de ce que fait anachroniquement Discovery).
Après avoir exploré la famille homoparentale dans The Orville 01x02 Command Performance et 01x03 About A Girl, la série s’intéresse dans 01x08 Into The Fold à la famille monoparentale, non par voie de séparation ni par voie de deuil, mais - plus rare - par choix intentionnel dès l’origine (donc loin de l’habituelle famille recomposée).
Ainsi, The Orville fait honneur au post-tokenism trekkien en affichant visiblement une volonté de mettre en scène avec pas mal de naturel toutes les configurations familiales possibles, et en priorité les moins répandues dans nos sociétés contemporaines. Un éloge de la diversité et de la liberté individuelle... mais intégrés dans une indifférence et une indifférenciation internalistes... pour suggérer que ce qui surprend ou attire peut-être encore le regard aujourd’hui est forcément d’une indescriptible banalité dans la société de l’Union "orvillienne".
La Dr. Claire Finn (interprétée par la vétérane de ST DS9 Penny Johnson Jerald) a donc élevé, seule, deux garçons turbulents, Marcus et Ty. L’épreuve de survie que ces derniers seront appelés à vivre durant l’épisode aura une fonction initiatique pour leur maturation personnelle, à la façon du référentiel Stand By Me de Rob Reiner (1986).
De son côté, l’inexpressif androïde Isaac (interprété par Mark Jackson) confirme bien dans cet épisode qu’il est probablement le personnage le plus abouti de la série, tant il incarne une parfaite synthèse entre la vocation trekkienne de son inspirateur Data et l’ambition humoristique et décalée de The Orville. Affecté sur l’USS Orville pour étudier le comportement humain au bénéfice des relations entre l’Union et Kaylon, la prétention de supériorité d’Isaac est perçue comme un odieux racisme par les humains mais est considérée comme de la simple objectivité par les Kaylon. À la différence des blagues de potaches – souvent artificielles et dispensables – qu’alignent les lieutenants Gordon Malloy et John LaMarr (un sacrifice toutefois nécessaire pour que Fox ne soit pas attaquée en justice par CBS), Isaac porte dans sa proposition SF et dans son inhérence même une distanciation anthropo-décentrée pleine d’esprit, tel Kryten dans la série britannique Red Dwarf.
Alors pourquoi pénaliser Discovery (notamment dans des épisodes comme DIS 01x01 The Vulcan Hello et DIS 01x07 Magic To Make The Sanest Man Go Mad) pour avoir recyclé ad libitum des thématiques classiques de Star Trek... mais ne pas en tenir vraiment rigueur à The Orville 01x08 Into The Fold ?
Eh bien déjà parce que The Orville ne prétend pas être un Star Trek officiel, seulement un hommage voire un pastiche.
Mais surtout, parce que sur un thème certes aussi galvaudé que des naufragés dans un environnement hostile, Into The Fold est un sans-faute en terme de cohérence interne (aucune invraisemblance majeure ni faute de logique), en terme de maîtrise tonale (l’humour ne ridiculisant jamais la gravité et même la tragédie de certaines situations), mais également en terme de caractérisation... sur les terrains aussi bien psychologique (la famille monoparentale et les exigences de survie) qu’exo-éthologique (la perspective relativiste de l’androïde sur les humains, avec une force de raison suffisante pour se substituer avantageusement à l’absence d’émotion).
The Orville 01x08 Into The Fold est un méta-digest de Star Trek (et plus précisément de ST TNG), car il en commémore non le meilleur, mais tout bonnement la norme. Pas d’idée nouvelle ni de "high concept SF" ici, mais simplement un formula show qui conviera la nostalgie de tous les trekkers en manque de Star Trek véritable depuis douze ans. Tel le rappel discret mais nécessaire que, même dans ses épisodes les plus standards, feu Star Trek réussissait à être toujours pertinent, cohérent, et finalement enrichissant par son aptitude à offrir aux spectateurs une perspective d’extranéité sur eux-mêmes.
La série de Seth MacFarlane - dont Brannon Braga est vraisemblablement la tête pensante - se prend visiblement de plus en plus au sérieux, dans la mesure où les traits parodiques cessent progressivement d’être des socles ou des prétextes narratifs pour se commuer en simples à-côtés décoratifs, ne dissimulant désormais plus leur fonction première d’alibis légaux, de paratonnerres contre les foudres judiciaires de CBS.
La preuve, si l’on fait un re-cut pour supprimer les séquences humoristiques (en gros 10% de la durée), l’épisode de The Orville ne perd ni sa cohérence narrative, ni son fond.
Il n’y a qu’un pas pour y voir un acte de résistance implicite de Brannon Braga contre la dénaturation voire la trahison que CBS/Paramount inflige à Star Trek depuis 2009.
EPISODE
Episode : 1.08
Titre : Into the Fold
Date de première diffusion : 2/11/2017 (FOX )
Réalisateur : Brannon Braga
Scénariste : Brannon Braga & André Bormanis
VIDEOS
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