Cyborgs : La critique du tome 1

CYBORGS
TOME 1. RONIN
Date de sortie : 09/04/2025
Éditeur : Éditions Soleil
Scénario : Jean-Luc Istin
Dessin : Kael Ngu
ISBN : 978-2302105027
Nombre de Pages : 84
Prix : 18,50 euros
DESCRIPTION
Dans un monde où seuls les riches accèdent aux prothèses avancées, Russel, génie de la mécanobiotechnologie, défie le système. Il transforme les démunis en... Cyborgs !
Yuko est née handicapée, elle porte des prothèses en plastique, pâles substituts des laissés-pour-compte. Elle vit avec Akira, maître en arts martiaux et entraîneur des Trakeurs, les mercenaires du dictateur Tudor. Quand une loi sur l’euthanasie des êtres "imparfaits" est publiée, la cité s’embrase les obligeant à fuir. Pourchassés par les Trakeurs, leur cavale chaotique les mènera jusqu’à Russel.
LA CRITIQUE
Sauvée in extremis à la naissance par son oncle, Yuko a frôlé l’euthanasie légale, par des parents déconcertés de voir cet enfant né sans bras. C’est donc Akira qui va élever cette petite fille différente et lui apprendre à la dure comment survivre dans ce monde hostile pour elle. Jusqu’aux jours où ils vont, tous les deux, devenir des fugitifs.
Avec Cyborgs, Jean-Luc Istin et Kael Ngu lancent une nouvelle série de science-fiction ambitieuse, véritable plongée dans une ville et une vie futuriste. Publié chez Soleil, ce premier tome est aussi puissant qu’engagé, mêlant action, émotion et réflexion dans un univers futuriste aussi sombre que fascinant. C’est une dystopie coup-de-poing servie par un dessin percutant.
Ce premier tome de Cyborgs, qui lance une série de 5 épisodes, est une bande dessinée, Jena-Luc Istin nous propose un récit dense de 80 pages, et ça se paie puisque l’on passe à un tarif de 18,5€. Ça pourrait faire l’objet d’un article à part entière, mais comme tout le reste dans notre monde, les bandes dessinées et la culture en général, augmentent significativement.
Cyborg propose une descendre aux enfers dans les bas-fonds de la ville d’Europa, avec de fait une atmosphère à la New York 1997, et l’ami qu’ils recherchent tout le long ne s’appelle par Russel pour rien, et il ressemble très clairement au Kurt des films de John Carpenter. Mais Cyborg est aussi une histoire d’amour intense, de cette jeune femme pour la vie et pour son oncle. L’histoire met en avant ces gens différents qui doivent tenter d’exister dans un monde extrémiste qui ne veut pas d’eux, un état qui devient totalitaire et qui passe une loi contre les handicapés. Jean-Luc Istin construit un récit haletant, aux enjeux clairs, porté par des personnages immédiatement attachants comme Yuko, qui incarne une héroïne forte et touchante, dont le destin tragique pourrait bien soulever une révolution.
Ce premier tome aborde de front des thématiques brûlantes : exclusion, extrémisme politique, contrôle technologique, lutte des classes. La quête de liberté de Yuko prend rapidement une tournure épique et tragique, notamment grâce à l’apparition de Russel, une figure quasi-messianique qui transforme les laissés-pour-compte en cyborgs capables de se défendre. Mais la BD ne présente pas uniquement cette machine de guerre que devient la jeune femme, même si les scènes d’action sont trépidantes et haletantes, mais aussi les turpitudes d’une petite fille puis d’une adolescente, et d’une jeune femme face au monde qui ne veut pas d’elle et contre lequel elle doit se battre tous les jours pour exister.
Visuellement, Cyborgs en impose. Le trait de Kael Ngu est acéré, dynamique, et parfaitement mis en valeur un encrage minutieux et une mise en scène nerveuse. L’édition noir et blanc, proposée en parallèle de la version couleur, sublime encore davantage l’ambiance oppressante du récit et la précision chirurgicale du dessin. Certaines planches évoquent à la fois les grandes heures du manga cyberpunk à la Akira, et le réalisme graphique d’un Blade Runner : un monde sale, surchargé, où chaque recoin respire la décrépitude d’une civilisation à bout de souffle.
ET FINALEMENT
Finalement, Ronin, est un premier tome prometteur aussi dense que percutant, qui ouvre la voie à une série de science-fiction ambitieuse et visuellement bluffante. Cyborgs réussit à conjuguer grand spectacle et critique sociale avec une efficacité redoutable. On sent dès ce premier tome l’ambition d’un univers plus vaste à développer et à inventer, avec son lot de conflits politiques, de factions technologiques et de figures troubles. Cyborgs s’inscrit avec justesse dans la veine des récits d’anticipation qui interrogent autant qu’ils divertissent. Une excellente surprise, à suivre de très près.
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