Je vous salue salope - La misogynie au temps du numérique : La critique
JE VOUS SALUE SALOPE : LA MISOGYNIE AU TEMPS DU NUMÉRIQUE
Date de sortie : 04/10/2023
Titre original : Je vous salue salope : La misogynie au temps du numérique
Durée du film : 1 h 20
Réalisatrices : Lea Clermont-Dion, Guylaine Maroist
Scénaristes : Lea Clermont-Dion, Guylaine Maroist
Interprètes : Laura Boldrini, Glen Canning, Kiah Morris, Marion Séclin, Maude Bernier, James Lawton
LA CRITIQUE
Je vous salue salope : La misogynie au temps du numérique est un excellent et particulièrement glaçant documentaire sur la manière dont les femmes sont traitées sur les réseaux sociaux.
Les documentaristes Lea Clermont-Dion et Guylaine Maroist donnent la parole à quatre femmes se trouvant dans des pays différents qui reviennent tout sur le harcèlement qu’elles ont subi en ligne pour différentes raisons qui sont expliquées dans le film.
On peut ainsi suivre une actrice française qui a eu plus de 20 000 messages de haine sur les réseaux sociaux. On rencontre une sénatrice italienne qui s’est faite harceler, et menacer physiquement, à cause de ces prises de position. C’est aussi une politicienne que l’on découvre aux États-Unis, alors que sa famille même est mise en danger suite à des menaces de mort et une intrusion dans sa maison. Quant au Canada, c’est une jeune enseignante que l’on retrouve et qui a été victime d’un élève de sa promotion qui lui a pourri la vie.
L’œuvre alterne entre les différentes femmes et montre très bien les mécanismes qui sont mis en œuvre pour essayer de les briser, de les réduire au silence et les faire disparaître, y compris de l’espace public numérique.
Car la quasi-totalité des harceleurs est des hommes. Et ce qui se joue sur Internet et sur les réseaux sociaux est une guerre de certains contre les femmes pour les invisibiliser et les bouter hors des réseaux numériques. Il s’agit d’ailleurs du pendant digital qui est similaire au problème lié à l’espace public où les femmes sont aussi soumise au harcèlement de rue et à l’inquiétude d’avoir à se déplacer, et à se trouver seule, dans certains endroits.
Les différents récits des quatre femmes sont entrecoupés d’images d’archives, de capture de messages qu’elles ont reçus et de photographies. Cela permet de prendre non seulement conscience de l’ampleur du problème, mais aussi de la manière dont ce traitement, en très grande partie réservé aux femmes, n’est pas traité très sérieusement par les polices des différents pays.
Certains passages sont d’ailleurs à ce propos extrêmement déprimants et brossent le portrait actuel d’un monde numérique ou les femmes sont arrivées en retard et où ces dernières sont les proies d’individus souhaitant systématiquement les décrédibiliser, et les faire disparaître.
Il faut donc non seulement redoubler d’attention, mais ne pas accepter de se retirer du numérique pour retrouver la paix, laissant ainsi le champ libre aux harceleurs de remporter la victoire. Ce qui est évidemment, plus facile à dire qu’à faire. Car dans certains cas, des harcèlements extrêmes rendent non seulement la vie misérable, mais font craindre pour la propre existence des victimes et de celle de ses proches.
Je vous salue salope : La misogynie au temps du numérique est un excellent documentaire montrant des pratiques de plus en plus d’actualité. Il permet, à travers le portrait croisé de quatre femmes, de déchiffrer les dessins sous-jacents de groupe d’individus s’organisant pour bouter les femmes hors de l’espace numérique et les dévaloriser violemment. Un traitement indigne qui non seulement interpelle et écœure, mais montre aussi qu’il faut entretenir une pluralité et des profils différents pour continuer à vivre correctement tous ensemble et ne pas créer des zones de non-lieu numérique.
Horrible et pertinent.
SYNOPSIS
Sur deux continents, quatre femmes sont victimes de cyberviolences extrêmes : Marion Séclin, comédienne et youtubeuse française, Laura Boldrini, présidente du parlement italien, Kiah Morris, représentante démocrate américaine, ainsi que Laurence Gratton, jeune enseignante québécoise. Abandonnées par les forces de l’ordre, la classe politique et les géants du web qui engrangent des milliards avec la haine, elles décident de se battre et de ne plus se taire.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Louis-Vincent Blaquière, Fabien Coté, Steeve Desrosiers, Richard Hamel, Jean-François Perreault
Montage : Jean-François Lord ; Éric Ruel
Musique : Antoine Rochette
Producteurs : Guylaine Maroist, Éric Ruel pour Les Productions de la ruelle
Distributeur : La Ruelle Films
LIENS
GALERIE PHOTOS
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