Le Miroir aux alouettes : La critique
LE MIROIR AUX ALOUETTES
Date de sortie : 05/02/2025 Titre original : Obchod na Korze Durée du film : 2 h 07 Réalisateurs : Jan Kadar, Elmar Klos Scénaristes : Jan Kadar, Elmar Klos, Ladislav Grosman Interprètes : Jozef Kroner, Ida Kaminska, Frantisek Zvarik, Hana Slivkova, Helen Zvarikova, Martin Hollý, Adám Matejka, Mikulas Ladizinsky
LA CRITIQUE
Le Miroir aux alouettes est un véritable chef-d’œuvre du cinéma tchèque qui ressort dans une somptueuse version restaurée.
Le scénario des co-réalisateurs Jan Kadar et Elmar Klos, et de Ladislav Grosman se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. L’histoire se passe dans un petit village slovène où un menuisier reçoit, grâce à son beau-frère faisant partie de la milice locale, la mandature d’une boutique tenue par une veuve âgée qui est juive.
Le film de Jan Kadar et d’Elmar Klos est remarquable et montre parfaitement comment le personnage principal, sympathique et possédant une certaine naïveté, va se rapprocher de la femme dont il s’est approprié l’affaire. Il va alors découvrir progressivement la manière dont les Juifs locaux vont être traités avant que leur déplacement dans des camps ne soit finalement acté.
Le long métrage tourne autour de deux personnages sortant de l’ordinaire. Tout d’abord celui du menuisier, homme simple espérant changer de statut grâce à cette boutique dont il s’occupe. Il est remarquablement interprété par Jozef Kroner qui livre un portrait d’homme sympathique découvrant progressivement l’envers du décor du cadeau empoisonné qu’on lui a fait.
Il y a ensuite la gérante âgée d’une boutique autour de laquelle tourne sa vie. Cette dernière, généreuse et n’entendant pas très bien va s’attacher à l’homme qu’elle prend pour son commis et qui va l’aider dans ses affaires. Elle est merveilleusement interprétée par Ida Kaminska qui offre le tableau marquant d’une femme généreuse ne comprenant pas ce qui se passe autour d’elle.
Les deux comédiens ont remporté un prix d’interprétation au Festival de Cannes qui est amplement mérité. En effet, ces derniers sont exceptionnels et proposent un duo sortant de l’ordinaire qui va droit au cœur. Alors qu’il s’agit du premier film tchèque à avoir emporté l’Oscar du Meilleur film étranger en 1966.
Deux séquences oniriques mettant en scène le duo de comédiens sont extraordinaires. La mise en scène est d’une inventivité folle et les acteurs sont parfaitement compréhensibles et touchants, même si ces passages sont muets. Elles restent longtemps en mémoire et possèdent une grande poésie intrinsèque.
Le décor de la petite ville où se déroule l’intrigue a un véritable cachet et un certain impact visuel. Elle est très bien captée par la magnifique photographie de Vladimír Novotný. La période du récit se situe en plein cœur de la guerre et le spectateur peut découvrir l’impact de celle-ci sur la vie quotidienne de chacun. Tandis que l’application des lois d’« aryanisation » montre comment, progressivement, une partie de la population est délestée de ses biens avant d’être expropriée et exportée dans des camps.
L’œuvre transmet très bien l’ambiance de l’époque. Ainsi, si certains se réjouissent de leur nouvelle fortune, d’autres préfèrent ne pas intervenir de peur de se retrouver dans la visée de la milice locale qui ne fait pas de cadeaux à ceux nommés juifs blancs, qui sont des Slovènes non Juifs aidant ces derniers. Tandis que le personnage principal, opportuniste et lâche, se retrouve partagé entre ces deux états.
Le Miroir aux alouettes est un film magistral et une remarquable réflexion sur l’humanité. Avec son histoire particulièrement touchante, son duo de comédiens éblouissants et sa réalisation d’une grande finesse, le long métrage est un chef-d’œuvre qui mérite sans aucune hésitation sa ressortie en salle.
Magnifique et impactant.
SYNOPSIS
1942. Dans un village slovaque, Tono, menuisier sans histoire, loin des idées fascistes, accepte de son beau-frère, chef de la milice locale, la gérance d’une mercerie, appartenant à une dame Juive, Madame Lautmannová. Âgée et presque sourde, elle ignore tout des nouvelles lois raciales : elle le prend pour un assistant. Une complicité inattendue naît bientôt entre ces deux êtres que tout oppose…
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Vladimír Novotný Montage : Diana Heringova, Jaromír Janácek Musique : Zdenek Liska Costumes : Marie Rosenfelderova Décors : Karel Skvor Producteurs : Milos Broz, Jaromír Lukás pour Filmové studio Barrandov Distributeur : Malavida Films, Malavida Films
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