1982-2023 Arts génératifs interdits : La visite de l’exposition
C’est devant un événement vraiment singulier et passionnant à découvrir que l’on se retrouve avec cette exposition 1982-2023 Arts génératifs interdits que l’on peut visiter jusqu’au 26 mai 2023 à la Galerie Satellite (7 Rue François de Neufchâteau, 75011 Paris) ouverte du lundi au samedi de 13h à 19h.
En effet, le principe est très surprenant. Car toutes les œuvres présentées ont été créées par des intelligences artificielles qui ont été « guidées » par les artistes. Ces derniers ont détourné les images obtenues et présentent une galerie parfois vraiment étonnante d’images perturbantes générées par les IA.
Mais en dehors de ces tableaux plaisants à découvrir qui ont été travaillés par Olivier Auber, Sigrid Coggins, Kalon Glaz, Juan Le Parc, Harald L. Schlude et Yann Minh, on peut encore plus apprécier leur développement en réalité augmentée.
En effet, l’exposition déborde des cadres proposés. Car en flashant, à partir de l’application Eyejack les différentes les images proposées, on voit un monde entier émerger de chacune d’entre elles. Si on n’a pas l’application, il suffit de scanner l’un des QR code accompagnant les tableaux sur son smartphone pour l’obtenir facilement. Scanner les 49 œuvres visibles de la sorte occupe 300 Mo.
Certaines œuvres jouent avec de l’érotisme plus ou moins voilé, alors que d’autres entraînent le visiteur dans des univers parfois d’une grande richesse.
Un environnement musical et des voix accompagnent certains des tableaux. Ce qui renforce cette plongée au cœur d’un art se voulant de temps en temps perturbant pour mieux interroger la perception de la réalité et la manière dans les intelligences artificielles peuvent aussi interpréter ce qui nous semble aller de source.
Ainsi, la galerie s’étend dans de nombreuses dimensions et on peut facilement se laisser entraîner pendant plus d’une heure dans des mondes et des fantasmes plus ou moins originaux. Et qui ne laissent assurément pas indifférent.
Selon la sensibilité du visiteur, certaines œuvres attireront plus son attention. Toujours est-il que les différents espaces proposés, regroupés par artistes, sont vraiment variés et propices à un voyage imaginaire fantastique. De plus, on a aussi la possibilité de s’immerger au plus près des créations artistiques de Juan Le Parc grâce à de la VR. Un casque est en effet à disposition du visiteur pour découvrir de nombreux tableaux mouvants créés par l’artiste. Il faut d’ailleurs savoir que cette succession de tableaux dure plus d’une demi-heure si on veut tous les visualiser. On ne voit vraiment pas le temps passer en compagnie de cette invitation à s’immerger dans un imaginaire fantastique, côtoyant aussi bien l’étrange que l’érotique, et qui se déploie parfois avec une grande délicatesse devant nos yeux envoûtés.
L’enchantement est bien présent. Sans compter que la technique crée un véritable émerveillement et qu’en scannant chacune des œuvres, on se demande bien ce qu’il se cache au fin fond des images proposées.
Les amateurs pourront aussi retrouver des œuvres d’un artiste bien connu dans le domaine de la création numérique et de la noosphère en la personne de Yann Minh. Ce dernier continue d’explorer imaginaire et sexualité et de jouer, parfois avec malice, avec les perceptions des visiteurs.
Parmi les nouveaux venus, il faut souligner la première exposition de Kalon Glaz qui s’est amusée à détourner les perceptions des intelligences artificielles et à éviter les censures dont elles sont dotés. Car ces dernières n’acceptent pas certains mots clé et qu’il faut parfois jouer avec elles pour qu’elles proposent des œuvres dérangeantes où la sexualité humaine s’imbrique dans une visualisation composite de différents éléments, ce qui offre un rendu parfois monstrueux.
En ce qui concerne l’artiste Sigrid Coggins, dont on peut retrouver les magnifiques tableaux à l’entrée de la galerie, cette dernière s’est amusée avec un mot, vagitus, qui est le cri d’un nouveau-né. Qu’elle n’a pas été sa surprise de voir émerger des pseudos sexe dans les images que lui a retourné l’IA. Elle s’est donc amusée à nourrir à nouveau l’intelligence artificielle avec les œuvres qu’elle avait généré et lui a demandé de les décrire. Elle obtient ainsi pour chacune d’entre elles quatre définitions, parfois très différentes les unes des autres, montrant la manière dont une IA peut traduire une image qu’elle a elle-même créée précédemment. Les petits textes contenant ces réponses sont disposés aux milieux des œuvres, ce qui permet au visiteur de les découvrir à côté des images mentionnées. Sans compter qu’en scannant ses œuvres, ce sont des mini-films qui s’animent et qui sont une véritable invitation à se plonger au cœur d’un imaginaire foisonnant dont les images se succèdent au rythme d’une musique entêtante.
Les œuvres sont toutes à vendre dans des éditions numérotées, allant d’une dizaine d’euros à plus d’une centaine. Ce qui permet à son acquéreur d’y associer aussi l’œuvre augmentée qui s’anime lorsqu’on la scanne et qu’on passe alors dans un monde de réalité augmentée.
Aussi, si vous avez l’occasion de passer dans les environs de la Galerie Satellite, n’hésitez vraiment pas à y faire un tour. Mais gardez bien à l’esprit que si vous voulez obtenir une immersion et une expérience complète, il vous faudra compter au minimum une demi-heure pour apprécier au mieux ces tableaux qui ont encore plus de puissance grâce au développement en 3D augmenté de leur univers visuel.
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