La Femme de Tchaïkovski : La critique
LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI
Date de sortie : 15/02/2023
Titre original : Zhena Chaikovskogo
Durée du film : 2 h 23
Réalisateur : Kirill Serebrennikov
Scénariste : Kirill Serebrennikov
Interprètes : Alyona Mikhailova, Odin Lund Biron, Miron Fedorov
LA CRITIQUE
Si le monde entier connaît les œuvres musicales splendides du grand compositeur russe Tchaïkovski, peu de personnes savent quelle a été sa vie privée et qu’il était marié. C’est donc devant un étrange biopic que l’on se trouve avec ce La femme de Tchaïkovski permettant de voir l’artiste d’une autre manière.
Le scénario de Kirill Serebrennikov tourne autour d’une jeune femme musicienne qui s’éprend éperdument du compositeur. Cette dernière va réussir à attirer son attention et à l’épouser. C’est alors que son chemin de croix va commencer à une période où les femmes avaient bien peu de droits et ne pouvaient pas faire grand-chose.
Le film de Kirill Serebrennikov est éblouissant. Sa mise en scène est non seulement extrêmement recherchée, mais absolument magnifique. On retrouve ce qui fait la singularité de ses œuvres précédentes. Mais il a encore amélioré la qualité de sa réalisation et offre des séquences et des plans absolument somptueux. Face à un de ses longs métrages, sa patte est tellement puissante, qu’il est impossible de ne pas le reconnaître dans les premières minutes de visionnage.
Ainsi, certaines séquences montrant le passage du temps sont carrément à couper le souffle. Alors que plus le temps passe, plus ce dernier réussit à montrer avec une grande subtilité, et d’une manière visuelle prodigieuse, la dégradation progressive d’une femme voyant sa vie s’éroder.
L’interprétation d’Alyona Mikhailova est époustouflante. Elle incarne une femme d’une grande complexité et doit non seulement retranscrire l’évolution de sa psyché de plus en plus dégradée, que la façon dont elle ressent ce qui lui arrive. C’est un portrait de femme entière et subtil qui est présenté et qui montre un personnage à la fois aussi bien parfois déplaisant qu’attachant.
Car celle-ci doit non seulement subir le poids de la société dans lequel elle vit, mais aussi sa nature de femme qui la prive de nombreux droits et surtout sa condition d’épouse dont le mari ne veut plus. Alors qu’envers et contre tous, elle continue de s’accrocher à son rêve de couple heureux.
On éprouve une véritable fascination pour cette femme n’ayant pas froid aux yeux sombrant progressivement dans une déchéance induite par ce qu’elle subit aussi bien par son mari que par les personnes de son entourage.
Odin Lund Biron est très bon en compositeur très ambigu. Il montre fort bien à l’écran l’homme compliqué qu’il est, au désir autocentré et à la passion de la musique. Le reste du casting est tout aussi convaincant et donne corps à ces individus semblants issus du passé.
Un très beau travail a aussi été porté sur les décors par Vlad Ogay, sur les accessoires, ainsi que sur les costumes. Ce qui amplifie l’impression de se retrouver projeté au XVIIIe siècle et d’y découvrir aussi bien des cercles éclairés, où le français est la langue de l’élite, que dans des milieux plus miséreux.
L’œuvre ne laisse vraiment pas indifférent. Toutefois, malgré l’effroi de la situation décrite, une certaine poésie se glisse dans le récit. À l’image d’une œuvre atypique, l’une des plus belles, et plus poignantes, séquence du récit est à la fois particulièrement délicate, et complètement glaçante.
Il est aussi très plaisant de voir que l’œuvre ne prend jamais parti, ne force pas les sentiments des spectateurs et offre le portrait d’une femme forte, pleine de rêves et de désirs, qui se retrouve broyée par la vie.
La femme de Tchaïkovski est un excellent film permettant de mettre en valeur une épouse que le temps a oublié et de montrer par ses yeux une époque révolue et un compositeur adulé. Avec une histoire écrite très finement, une réalisation étourdissante et une actrice principale merveilleuse, on ne ressort pas indemne d’une œuvre d’une grande puissance qui a toujours aujourd’hui une certaine résonance avec la condition de la femme.
Grandiose et envoûtant.
SYNOPSIS
Russie, 19ème siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et apprentie pianiste, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte n’est pas réciproque et la jeune femme est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Vladislav Opelyants
Montage : Yuriy Karikh
Musique : Daniil Orlov
Décors : Vlad Ogay
Producteur : Ilya Stewart pour Bord Cadre Films, Hype Film, Charades, Logical Pictures
Distributeur : Bac Films
LIENS
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