Au Boulot ! : La critique
AU BOULOT !
Date de sortie : 06/11/2024
Titre original : Au Boulot !
Durée du film : 1 h 24
Réalisateurs : Gilles Perret, François Ruffin
Scénaristes : François Ruffin, Gilles Perret
Interprètes : François Ruffin, Sarah Saldmann
LA CRITIQUE
Au boulot ! est un très bon documentaire permettant de montrer le travail usant et répétitif d’un certain nombre de personnes.
Suite à sa rencontre sur les plateaux télévisés avec l’avocate et chroniqueuse Sarah Saldmann en 2023, le député François Ruffin l’a invité à faire le tour de France pour s’essayer à plusieurs métiers. Il a demandé au co-réalisateur de ses deux précédents long métrage, Gilles Perret, de venir filmer la rencontre entre des travailleurs et une femme qui se répand très rudement sur leurs conditions de vie sans les connaître.
Le spectateur va ainsi être embarqué dans plusieurs villes différentes et va approcher au mieux le métier des personnes qui y travaillent grâce à cette nouvelle recrue qui va vite découvrir que le travail manuel est fatigant et roboratif.
Ainsi, jour après jour, Sarah Saldmann va s’essayer à de nouveaux boulots dans lesquels elle va montrer peu d’épanouissement, et de compétences. Cela lui permet d’ailleurs de s’exprimer sur les travailleurs qu’elle a côtoyés et sur cette vie qu’elle découvre et qui est bien loin de celle qu’elle imaginait.
L’œuvre de Gilles Perret et de François Ruffin est d’ailleurs parfois très drôle. Le décalage entre Sarah Saldmann et ses idées préconçues bien arrêtées et la vie réelle est vraiment très grand. D’autant que cette dernière sort parfois des réflexions qui sont tellement incroyables que l’on se demande si elle n’en rajoute pas ou si le texte n’a pas été écrit spécifiquement pour être encore plus édifiant.
La chroniqueuse est d’ailleurs régulièrement reconnue par ceux avec qui elle travaille le temps d’une journée. Ce qui leur permet de lui poser des questions sur ce qu’elle dit lors de ses émissions. Cette dernière revoit d’ailleurs régulièrement les termes qu’elle emploie au fil du récit, ne les trouvant plus du tout appropriés après cette immersion dans la vie et dans le travail de Français normaux.
Le film ne s’exprime d’ailleurs pas que sur le travail, mais revient aussi sur les Français bénéficiaires du RSA et d’allocations qu’elle traite de fainéants sur les plateaux télévisés.
La deuxième partie du film est donc consacrée à lui faire rencontrer des personnes cabossées par la vie qui ont perdu leur travail suite à des blessures ou à des maladies et qui essayent de s’en sortir et de retrouver une estime de soit, alors que certains sont confrontés à une dépression liée à leur condition qui ne les aide pas à aller de l’avant.
Évidemment, les documentaristes ont cherché les lieux divers où ils ont posé leur caméra et les personnes à qui ils font rencontrer Sarah Saldmann. Toutefois, le choix des métiers tels que aide-soignant, préparateur de poissons fumés, serveur, fermier, réparateur, femme de ménage ou livreur sont représentatifs d’un grand nombre de postes occupés par les Français.
De plus, l’œuvre donne l’occasion de rencontrer des personnes attachantes qui sont parfois sorties de grandes galères où vivent précairement malgré leur emploi. Ce qui donne l’opportunité de faire un passage en revue de la réalité d’une partie de la France sur laquelle les personnes invitées sur les plateaux télévisés s’expriment abondamment sans jamais connaître la réalité du terrain.
Cette dichotomie entre les discours que les gens peuvent découvrir toute la journée sur des chaînes d’information en continu et ce que vivent vraiment les personnes est non seulement très grand, mais il inscrit aussi faussement dans l’imaginaire de nombreuses personnes que les personnes ne veulent plus travailler et que ceux qui bénéficient d’aides sociales sont des glandeurs qui profitent du système. Certes, il y en a, mais ils sont extrêmement minoritaires par rapport à la quasi-totalité des personnes qui sont concernées.
Le final est très drôle et s’il est construit artificiellement, il réchauffe néanmoins le cœur en rendant hommage à ces travailleurs de l’ombre permettant à chacun d’avoir une condition de vie bien supérieure à celle que l’on pourrait avoir si toutes les personnes qui faisaient ces boulots indispensables, mais peu reconnus, notamment financièrement, n’existaient pas.
D’autant que l’œuvre est particulièrement drôle et truculente et que l’on reste parfois figé devant les énormités que sort une chroniqueuse se remettant bien peu en question et voyant clairement la vie d’une manière différente de la presque totalité des Français.
Au boulot ! est un très bon documentaire rendu extrêmement pertinent par la confrontation entre une personne issue de la haute bourgeoisie aux idées bien arrêtées et des travailleurs représentatifs des Français normaux qu’elle rencontre. Avec son choix des situations, ses rencontres attachantes et ses échanges passionnants, l’œuvre met parfaitement en images un certain nombre d’éléments qui sont clivants dans une société n’écoutant pratiquement toujours que des discours venant d’un seul côté.
Passionnant et incroyable.
SYNOPSIS
« C’est quoi ce pays d’assistés ? De feignasses ? » Sur le plateau des Grandes Gueules, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte : « Le Smic, c’est déjà pas mal. » D’où l’invitation du député François Ruffin : « Je vous demande d’essayer de vivre, madame Saldmann, pendant trois mois, avec 1 300 €. - Admettons, mais une semaine, ça sera déjà pas mal. » Alors : peut-on réinsérer les riches ? Une comédie documentaire, avec des rires et des larmes, qui met à l’honneur ceux qui tiennent le pays debout.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Gilles Perret
Montage : Cécile Dubois, Yoann Veyrat
Musique : Léon Rousseau
Producteur : Clothilde Dozier pour Les 400 Clous
Distributeur : Jour2fête
LIENS
GALERIE PHOTOS
@ Les 400 Clous
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