The Orville - New Horizons : Critique 3.10 Future Unknown

Date : 09 / 08 / 2022 à 17h00
Sources :

Unification


THE ORVILLE NEW HORIZONS

- Date de diffusion : 04/08/2022
- Plateforme de diffusion : Hulu
- Épisode : 3.10 Future Unknown
- Réalisateur : Seth MacFarlane
- Scénaristes : Seth MacFarlane
- Interprètes : Seth MacFarlane, Adrianne Palicki, Penny Johnson Jerald, Scott Grimes, Peter Macon, J. Lee, Mark Jackson, Chad L. Coleman, Jessica Szohr et Anne Winters

LA CRITIQUE FM

Difficile de se dire après cet épisode qu’on ne reverra pas de sitôt l’équipage du Orville tant ce dernier opus a un goût de finale de série. Après l’épisode spectaculaire de la semaine dernière, il était temps de clore ce qui a été un fil rouge de ces trois saisons, la relation amoureuse de Claire avec Isaac.

C’est aussi l’occasion de revenir à un des fondamentaux de la série qui avait été un peu mis de côté cette saison, l’humour. Les enjeux exposés cette année ne permettaient sans doute pas de maintenir cette spécificité de la série aussi haute que les deux premières saisons. Mais, maintenant que la guerre avec les Kaylons est arrivée à son terme, il n’y avait plus de raisons d’avoir le pied sur la pédale du frein.

De la remise officielle en couple de Bortus et Klyden, aux velléités d’Isaac de frayer avec Kelly, à la rivalité entre Gordon et Bortus pour être le témoin du mariage en passant par le savon mémorable de Claire à LaMarr, c’est un bouquet final totalement réjouissant et très réussi que nous donne Seth MacFarlane, à l’écriture et à la réalisation. Et l’épisode aurait pu en rester là en clôturant de cette belle manière ces trois saisons.

Pour autant, MacFarlane n’en a pas oublié la dimension de fonds de la série, celle qui fait que The Orville est ce qui se rapproche le plus aujourd’hui de feu le Star Trek d’origine. Et quel plus bel hommage que d’expliquer clairement au public les tenants et aboutissants de la Prime Directive si importante dans l’univers créé par Gene Roddenberry.

Et c’est avec la réintroduction de Lysella, un personnage de l’épisode le plus marquant de la première saison, Majority Rules, que MacFarlane explique avec maestria pourquoi il est impératif pour les membres de l’Union de ne pas interférer avec le développement naturel des civilisations extraterrestres. La démonstration est implacable.

Future Unknown... Futur inconnu... Un titre avec un accent de vérité, car c’est avec beaucoup d’émotions qu’on quitte cette série sans savoir si Disney compte ou pas la renouveler. Je n’ai qu’un mot pour caractériser ces trois saisons : Bravo

NOTE ÉPISODE

NOTE SAISON 3

LA CRITIQUE YR

Aussi peu vraisemblables (ou naïfs) qu’aient été les épisodes The Orville 03x08 Midnight Blue et The Orville 03x09 Domino sur les terrains géostratégiques et/ou technologiques, ils ont néanmoins redessiné en in-universe les contours de la Planetary Union — ses alliances et ses rapports de force — pour lui offrir la possibilité de survivre et de prospérer sans trahir son utopie.
Alors après une poussée aigüe d’angélisme disneyien dans le huitième épisode de la saison puis la fièvre stérile d’un spectacle stawarsien dans le neuvième, le dixième et dernier renoue enfin — dans le fond comme dans la forme — avec les Star Trek vibes.
Pas de combats spatiaux vertigineux, pas de périls galactiques écrasants, pas même de tension narrative polarisante. Mais des choix d’existence, des dialogues philosophiques, des tranches de vie, des retrouvailles touchantes, des perspectives et des regards, de belles ambiances (notamment musicales), une puissante mélancolie, et puis ce décalage humoristique (jamais discréditant) qui participait de l’identité de la première saison de The Orville (mais dont la série s’est en partie défait pour ne pas endurer des stigmates de parodie).
Autant dire que The Orville tire sa révérence et salue le public à travers le prisme et l’esprit du chef d’œuvre ST TNG 04x11 Data’s Day, quoique déployé (en partie) autour d’Isaac (et des Kaylons) en lieu et place de Data...

Ne dérogeant pas à la coutume de prolonger des épisodes des deux premières saisons, The Orville 03x10 Future Unknown revisite l’écume de The Orville 01x07 Majority Rule, non seulement l’un des meilleurs opus de la série, mais même de toute la SF, quoique en gémellité étroite avec Black Mirror 03x01 Nosedive.
La société de la planète Sargus 4 — miroir obscur de notre 21ème siècle où les réseaux sociaux seraient devenus les arbitres ultimes de la politique, de la justice mais aussi de l’existence de chacun — est moralement devenue invivable pour sa ressortissante Lysella depuis qu’elle a accidentellement goûté à la vie à bord de l’USS Orville il y a deux ans. Alors depuis, elle appelle désespérément à l’aide sur les fréquences de l’Union dans l’espoir qu’un "vaisseau des étoiles" vienne un jour l’enlever… telle une certaine Sarjenka depuis Drema IV dans ST TNG 02x15 Pen Pals.
Le contact avec l’USS Orville rétabli, elle sollicitera — comme Mirasta Yale à la fin de ST TNG 04x15 First Contact — l’asile sous le statut de réfugiée politique... qui lui sera accordé (avec réticence) par le capitaine Mercer. Puis, erigée en cicérone et en chaperon, avec une empathie aussi absolue que dans The Orville 03x05 A Tale Of Two Topas envers Topa, la XO Kelly Grayson initiera alors par étapes Lysella à toutes les merveilles (conceptuelles et scientifiques) de l’utopie orvillienne/trekkienne, mais aussi... à ses frustrantes et douloureuses responsabilités.
Cet astucieux parti pris scénaristique, reposant sur d’innombrables classiques trekkiens (ST ENT 03x09 North Star, ST IV The Voyage Home, ST TNG 01x26 the Neutral Zone, ST TNG 03x14 A Matter Of Perspective, ST TNG 04x15 First Contact, ST TNG 05x26+04x01 Time’s Arrow…), vise à extérioriser la perspective pour "virginiser" le regard du spectateur sur ce qu’il connaît par cœur, tout en levant un coin du voile sur l’Histoire originelle de l’Union en un temps où les explorateurs étaient davantage des missionnaires que des observateurs… Or recréer le matin du monde (trekkien) n’est-il pas le plus beau cadeau d’adieu qu’une série sur le départ puisse offrir à ses fidèles ?

(...) [Analyse détaillée à venir] (...)

En offrant aux spectateurs une ultime expérience de vie — en "mode farming" — dans cet univers orvillien à l’occasion d’une très large photo de famille (et de mariage), The Orville 03x10 Future Unknown ne se définit pas comme une conclusion mais un épilogue hautement trekkien à la troisième saison, voire à la série The Orville dans son ensemble (selon qu’elle soit ou non renouvelée pour une quatrième saison).
C’est aussi une "Valentine to the fans" comme pouvait l’être ST ENT 04x22 These Are The Voyages, en son temps incompris. Le titre lui-même (futur inconnu) possède une puissante polysémie, tel un point de fusion à l’horizon des possibles où se superposent internalisme et externalisme.
Future Unknown confère enfin à The Orville la topographie d’un ruban de Möbius. En revisitant tous les paradigmes trekkiens fondamentaux "by any other name" (Prime Directive, holodecks, diversité inimaginable et beauté implacable de l’univers, seuils civilisationnels, bonnes intentions dont les apocalypses sont pavées, sociabilités inclusives et unions exogames, relativismes culturels et malentendus humoristiques...) dans les yeux d’une avatar (Lysella) de l’humanité contemporaine, cet ultime épisode explore la liminalité à boucles (comme la gravitation quantique) où se rejoignent indistinctement l’introduction et la péroraison, le prequel et le sequel, l’initiateur et l’initié, le focus et le digest, le vecteur d’appel et la piqûre de rappel.
En somme, une aventure qui prend fin... mais qui continuera éternellement quand même. Avec ou sans les spectateurs.

NOTE ÉPISODE

NOTE ÉPISODE STAR TREK

Si le sous-titre New Horizons peut sembler avoir été une promesse d’ivrogne ou une tromperie sur la marchandise, il gagne à ne pas être entendu dans son sens le plus étroit et littéral. En réalité, il renvoie à la relecture systématique, presque systémique, du matériau existant dans les deux premières saisons de The Orville pour en étendre ou en consolider le lore. Il renvoie aussi à toutes ces nouvelles perspectives sur lesquelles la troisième saison s’est ouverte, parfois avec maladresse ou au prix de raccourcis grossiers, parfois avec l’inspiration transcendante des meilleures SF littéraires.

L’avenir du show est plus incertain que jamais. Mais il ne sera pas possible d’effacer ses trois saisons de 36 épisodes. Pur Star Trek de résistance en exil, occupant un terrain d’authenticité que les productions officielles de CBS/Paramount/Bad Robot/Secret Hideout ont depuis 2009 déserté ou contrefait, The Orville aura offert la preuve par l’exemple qu’il est toujours possible dans le monde désillusionné et décliniste contemporain de dialectiser le progressisme d’un futur meilleur.
Certes la série sera systématiquement restée dans l’ombre de sa glorieuse ainée sauvagement assassinée il y a dix-sept ans, certes elle n’aura apporté aucune idée de SF fondamentalement nouvelle (à deux ou trois exceptions près) que le real Star Trek n’ait déjà traité d’une façon ou d’une autre durant ses quarante années signifiantes (1964-2005). Cependant, elle aura fidèlement entretenu la flamme dans l’âtre pour que "longue vive et prospère", non pas la nostalgie et le fan service (qu’Hollywood cannibalise et exploite industriellement aujourd’hui), mais bien l’idéal et l’esprit trekkien originel.
The Orville aura également réussi quelque chose de rare et de précieux : bâtir un véritable univers, quand bien même miroir ou énantiomorphe de Star Trek, mais néanmoins avec son propre worldbuilding et un atlas fascinant de civilisations, d’espèces, de personnages inoubliables.

Un grand merci et un vibrant kudos à Seth MacFarlane, mais aussi à Brannon Braga qui fut le théoricien presque gramscien de cette expérience de SF et le scénariste ayant souvent assuré le travail le plus ingrat (faire tant bien que mal tenir l’édifice dans le peu d’épisodes impartis), ainsi qu’à tous les autres vétérans méritants du Star Trek bermanien (André Bormanis, David A Goodman, Joe Menosky, Robert Picardo, Tim Russ...).

Les trekkers sont-ils désormais orphelins à nouveau, on the road again, comme en 2005 ?
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à naître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.

NOTE SAISON

NOTE SAISON STAR TREK

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