Kinotayo 2024 : Le palmarès et le bilan

Date : 15 / 12 / 2024 à 11h00
Sources :

Unification


Kinotayo vient de s’achever sur une très belle édition ayant proposé un programme de films diversifiés qui pour certains, malheureusement, ne sortiront pas en salle.

  • Soleil d’or : Ann de Yu Irie
  • Grand prix : Confetti de Naoya Fujita
  • Prix du jury : Le Pianiste de Ginza de Masanori Tominaga
  • Soleil d’Or exceptionnel remis à Köji Yakusho

Le film de clôture était le magnifique Totto-Chan : La Petite Fille à la fenêtre qui adapte l’autobiographie de Tetsuko Kuroyanagi, l’une des plus grandes stars japonaise du divertissement. Cette dernière y raconte comment la jeune fille atypique qu’elle était a intégré une étonnante école pendant la Seconde Guerre mondiale dans laquelle elle s’est épanouie grâce à des méthodes éducatives sortant de l’ordinaire.

Le très beau film de Shinnosuke Yakuwa raconte son enfance et son amitié avec un garçon atteint de poliomyélite. Cette touche-à-tout ne voyant pas les choses de la même manière que beaucoup de gens avait un père musicien qui n’était pas pro-guerre, une exception à cette époque.

La superbe animation est très belle et accompagne parfaitement les tribulations parfois originales d’une enfant plein d’imagination. De plus, la vie quotidienne des Japonais de l’époque en période de guerre est parfaitement retranscrite, ainsi que la manière dont les restrictions de plus en plus importantes ont impacté durement la population générale.

En compétition, on a pu découvrir le très intéressant Bakin & Hokusai qui revient sur des décennies d’amitié entre l’un des artistes japonais les plus célèbres et un très grand écrivain, malheureusement peu connu chez nous, car peu traduit.

Le film de Fumihiko Sori montre la manière dont celui-ci a créé son œuvre majeure qu’il va mettre 28 ans à écrire. À chacun de ses chapitres, correspondant à un livre, il va narrer son histoire à son meilleur ami Hokusai qui va en faire des esquisses tracées sur le vif.

En alternance avec le récit intime de la rencontre des deux protagonistes principaux, l’œuvre propose aussi un second récit permettant de raconter les histoires créée par Bakin, faisant découvrir qu’à cette époque, au Japon, les œuvres de fantasy, extrêmement similaire à celles que l’on connaît actuellement, existaient déjà sur papier et étaient aussi divertissantes et passionnantes à suivre pour les personnes sachant lire.

L’œuvre revient d’ailleurs sur la dernière partie de sa carrière où il s’est retrouvé aveugle et montre la manière dont il a réussi à achever le livre de sa vie. Une méthode vraiment originale qui est rentrée dans l’histoire de la littérature japonaise.

Avec Ann, on se trouve devant une un long métrage s’appuyant aussi sur la réalité. Yu Irie se focalise sur une jeune fille forcée à la prostitution par sa mère et vivant dans des conditions déplorables. Suite à sa rencontre avec un flic s’occupant d’une association d’aide aux consommateurs de drogue, elle va envisager un avenir meilleur.

L’œuvre est très touchante et bénéficie de très bons acteurs qui entraînent le spectateur dans une histoire parfois incroyable. D’autant que si le COVID a aussi eu un impact important sur la destinée de la jeune fille, le traitement des familles dysfonctionnelles n’est pas vraiment géré au Japon. Car avec ce que subit la jeune fille, il serait impossible, en France, qu’elle continue d’être laissée à elle-même et à subir sa mère violente et toxique.

Toujours est-il que l’œuvre est particulièrement touchante et que malgré son sujet très sombre, elle possède une certaine luminosité et une grande générosité.

La Forêt Interdite était classée comme œuvre horrifique. Toutefois, comme l’a indiqué le réalisateur Yoshimasa Ishibashi, son film est plutôt fantastique et traite du rapport étroit entre la nature et l’humanité.

On découvre ainsi deux personnes qui, suite à un accident de voiture, vont s’aventurer dans une forêt et rencontrer de bien étranges femmes. L’œuvre est fascinante et propose une personnification extrêmement intéressante de la nature que vont découvrir deux personnages opposés n’ayant pas du tout la même perception de la forêt où ils se trouvent.

Le long métrage fait réfléchir sur un certain nombre de choses, tandis qu’un jeu inquiétant s’instaure entre les divers personnages, permettant au fil du récit de comprendre ce qu’il s’y passe réellement et l’impact des actes des humains sur la nature. De plus, la figure du père du personnage principal plane sur l’œuvre et a un fort impact sur l’avenir de son enfant, devenu adulte.

Par sa démarche singulière et l’originalité du traitement du sujet, l’œuvre sort vraiment de l’ordinaire.

Le Pianiste de Ginza s’inspire d’une histoire vraie et montre la manière dont une musique, qu’un parrain local s’est approprié, va avoir des répercussions importantes quand un jeune pianiste va accepter de la jouer pour une autre personne.

L’œuvre de Masanori Tominaga met en scène des passages bénéficiant de très beaux morceaux musicaux et offre un récit riche en rebondissements. Les personnages sont intéressants et des surprises sont proposées régulièrement dans un long métrage original. Une œuvre qui à travers ce mélange de musique et de mafia brosse le portrait d’une époque passée et montre la manière dont un musicien brillant rêvant de jazz, peut être perçu dans des lieux où on ne lui demande, finalement, que de faire de la musique de fond.

Quelques séquences sont d’ailleurs vraiment jubilatoires, notamment celle de l’enregistrement d’une cassette démo que le personnage principal veut utiliser pour rentrer dans une école de musique aux États-Unis.

Un focus a aussi été fait sur le grand artiste Ryuichi Sakamoto qui a bénéficié de la rediffusion de l’enregistrement intime de son dernier concert, Ryuichi Sakamoto | Opus, fait dans des conditions incroyables et mettant l’artiste face à son piano dont chacune des notes est parfaitement captée. Un dernier concert d’une grande qualité permet permettant à l’artiste de jouer sur son piano, à sa manière, les plus grandes œuvres qu’il a composés.

Il était aussi possible, grâce au très bon Tokyo Melody, un film sur Ryuichi Sakamoto de découvrir l’artiste dans sa jeunesse, alors que la réalisatrice Elizabeth Lennard était venue à sa rencontre. Un portrait passionnant, et parfois très drôle, donnant l’occasion de se plonger dans ses compositions et de découvrir l’envers du décor de ses créations.

Cette nouvelle édition de Kinotayo a tenu toutes ses promesses et a proposé des œuvres sympathiques sortant de l’ordinaire. Il faut vivement remercier les organisateurs et tous les bénévoles permettant au festival de continuer d’exister, ainsi que les nombreux réalisateurs qui sont venus à Paris pour présenter leurs œuvres.

Vivement l’année prochaine afin de retrouver ce festival dédié aux œuvres contemporaines du Japon. En attendant, il est possible de voir certains des longs métrages dans des salles en province.


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