Matria : La critique

 Date de sortie : 03/07/2024
 Titre original : Matria
 Durée du film : 1 h 39
 Réalisateur : Álvaro Gago
 Scénariste : Álvaro Gago
 Interprètes : María Vázquez, Santi Prego, Soraya Luaces, Tatan, Susana Sampedro

Matria est un très bon film espagnol racontant la résilience d’une femme s’épuisant sur des petits boulots pour payer les études de sa fille.

Le scénario du réalisateur Álvaro Gago est l’adaptation en version longue de son premier court-métrage éponyme. Ce dernier était d’ailleurs inspiré de la vie de la femme de ménage de son grand-père qui a énormément inspiré le personnage principal et qui, à l’époque, incarnait le personnage principal de son court métrage. Elle fait d’ailleurs une petite apparition dans son premier long-métrage.

On découvre ainsi une femme passant de boulot en boulot toute la journée pour aider sa famille, sans jamais s’occuper d’elle-même. Elle va alors progressivement prendre conscience de sa vie, ce qui va entraîner des bouleversements dans celle-ci.

Le film d’Álvaro Gago suit au plus près son personnage principal, remarquablement interprété par María Vázquez. La comédienne est une très grande justesse et elle offre un portrait de femme aux répliques caustiques très puissant, à laquelle on s’attache vite. Elle est entourée de comédie à la fois professionnels et non-professionnels, ce qui apporte beaucoup de réalisme à l’histoire qui est contée.

En effet, au-delà même de son personnage, le récit évoque aussi la Galice, une partie côtière espagnole qui après la fermeture d’un certain nombre d’usines se trouve de plus en plus paupérisée.

Natif de la région, le réalisateur sait parfaitement monter à l’écran la réalité de la vie, et de l’entraide, locale, ainsi que le traitement des travailleurs par des entreprises n’hésitant pas à imposer des salaires au plus bas.

L’œuvre est particulièrement passionnante à regarder, alors que l’on suit de près la frénésie du personnage principal entre ses différents boulots et sa vie de famille aussi bien compliquée. D’autant que la très belle photographie de Lucía C. Pan sert au mieux ce personnage principal.

Il est vraiment facile de s’attacher à elle et d’espérer que son existence prenne une meilleure tournure et qu’elle trouve un peu d’apaisement dans son existence. C’est d’ailleurs un formidable hommage à ces femmes de l’ombre, faisant des métiers ingrats, qui sont parfois invisibilisées dans notre société.

L’histoire se déroule vraiment en Galice et c’est le langage local qui est utilisé dans l’œuvre, ce dernier ayant d’ailleurs été interdit sous Franco. Ce qui permet une immersion encore plus forte au cœur de ce récit allant parfois à 100 à l’heure, portée par une actrice faisant ressentir avec acuité tous ses questionnements internes.

Matria est un très beau film tirant son nom de la terre des femmes, comme était anciennement connue la Galice. Avec cette très belle histoire mettant à l’honneur une femme simple voulant juste le meilleur pour les siens, associée à une réalisation d’une belle sobriété et à une comédienne incroyable, n’hésitez pas à vous plonger au cœur de ce récit particulièrement passionnant à suivre.

Puissant et véridique.

Dans un village de pêcheurs galicien, Ramona est ouvrière. Son usine est rachetée et les salaires sont à la baisse. Quand Ramona se rebelle contre cette ultime humiliation, elle est licenciée sur-le-champ. Prête à tout pour garantir l’avenir de sa fille, elle enchaîne alors les petits boulots à un rythme effréné... mais jusqu’à quand ?

 Photographie : Lucía C. Pan
 Montage : Ricardo Saraiva
 Musique : Patricia Cadaveira, Marcel Pascual
 Costumes : Uxía P. Vaello
 Décors : Melania Freire
 Producteur : Mireia Graell Vivancos pour Avalon PC, Matriuska Producciones, Ringo Media
 Distributeur : Les Alchimistes

 SITE OFFICIEL
 ALLOCINÉ
 IMDB

Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.