Sa Majesté vous fait l’honneur...
NuqneH !
Nouvelle incursion dans cet enfer pour être humains en déficit de santé. Pompiers, brancard, sirène, masque à oxygène, la panoplie du parfait malade m’avait été offerte, 3 mois après Noël…
Arrivée dans cette grande maison froide, inhumaine, encombrée de personnes aux fonctions mystérieuses malgré leur badge, de malades qui baissent le nez comme s’ils avaient été pris en faute, d’appareils inoffensifs qui pourtant paraissent au néophyte autant d’instruments de torture…
Puis arrivée dans le service. Déshabillage complet, des quantités de personnes se bousculent – service des urgences impose, le service normal sera plus désert – pour vous faire toutes sortes de choses, mais sans rien vous expliquer. Ils sont doués pour poser toutes sortes de questions, mais donner des réponses, walou !
Puis, plus tard, transfert dans un service spécialisé. Découverte des infirmièr(e)s dévoué(e)s et aimables, des aides-soignant(e)s de même. Puis du corps médical. Là, on se fait tout petit. On a honte, je ne sais pas de quoi, mais on a honte.
Lors de la "visite", la grande chef de service entre, son sceptre à la main, sa longue traîne d’hermine portée par un aréopage d’internes obséquieux, son médecin principal à ses côtés, fier d’être à cette place, imitant le mépris de sa chef–mentor autant qu’il le peut.
S’obligeant à parler elle-même à l’avorton qui se recroqueville dans son fauteuil en skaï qui lui colle aux fesses nues – non protégées par la chemise d’hôpital qui se dégrafe sans cesse –, elle laisse tomber du haut de son mépris quelques questions dont elle connaît déjà les réponses puisqu’elles se trouvent dans le dossier…
Ô malade, ne t’avise pas de lui poser une question, tu seras fusillé du regard par quinze paire d’yeux, et l’on te fait le signe discret de te taire : « On ne dérange pas sa Majesté ». Sa Sérénissime Altesse accepte pourtant de te répondre, mais soit dans un langage bien compliqué afin de te faire sentir à quel point tu es inférieur, soit comme à un petit enfant, dans le même but.
Et tu restes là, à te demander si tu es condamné, si tu as un sursis de quelques années ou si tu auras le temps de rembourser ton crédit sur trente ans.
Tu obtiendras bien quelques bribes de renseignement par quelque infirmière compatissante, mais ce sera tronqué, peu sûr. Elles ne sont informées que de ce qui leur est indispensable pour faire leur travail. Rien de plus. Et puis, submergées de travail, elles n’ont pas le temps.
Ce sera finalement auprès des autres malades que tu pourras peut-être obtenir quelque renfort, mais en attendant, tu devras faire avec le lit trop haut, trop étroit, la chambre trop chauffée, la nourriture insipide, la salle de bains glissante…
Mon lit à moi est bien plus agréable, j’y fonce !!!
Et comme disait Khaless : « Nul n’en arrivera à bout ! Il s’en sort encore !… »
Qapla’
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