L’héritage fossile : La critique

 Date de sortie : 18/09/2024
 Éditeur : Éditions Delcourt
 Scénario : Philippe Valette
 Dessin : Philippe Valette
 ISBN : 978-2413024712
 Nombre de Pages : 288
 Prix : 29,95 euros

Nova et son père, Reiz, un vieil astronaute, cheminent à la surface d’une planète désertique, à la recherche des vestiges de son vaisseau. La jeune fille profite du périple pour rédiger les mémoires de son père : 20 000 ans plus tôt, son équipage a quitté la Terre pour tenter d’établir la toute première colonie humaine sur une exoplanète propice à la vie. Mais au fil des siècles, l’expédition a pris une tournure inattendue.

Reiz, un riche astronaute, entreprend un voyage dans l’espace de 20 000 ans avec 3 autres membres d’équipage. A bord du vaisseau Héritage, ils ont pour objectif de rejoindre la lointaine planète Geminæ avec des embryons humains pour la coloniser, et peut-être sauver l’humanité. Tous les 25 ans, ils sortent de stase pour 5 jours. Mais à leur premier réveil, ils apprennent que tous les voyages vers Geminæ sont annulés, et au second réveil, c’est le silence radio qui les accueille.

D’un point de vue scénaristique, l’auteur nous fait intelligemment naviguer du présent au passé, de la planète au vaisseau. C’est cette histoire, son histoire, que Reiz raconte à Nova, sa fille qui tente de documenter les pérégrinations d’un voyage aussi mouvementé qu’inattendu. Ils y sont arrivés, ils ont atteint leur objectif, on le sait dès la première page, mais il reste à découvrir comment, à quel prix et surtout ce qu’ils vont bien pouvoir faire sur cette planète inhospitalière. La fossilisation est aussi une riche idée qui relance le récit et entraîne encore plus de questions.

Philippe Valette s’interroge sur la pertinence même de l’existence de l’homme dans l’infini de l’univers. C’est surtout une sorte de quête d’immortalité qu’entreprend ce millionnaire philanthrope. Quoi de plus beau que ce sacrifice pour rejoindre une destination inconnue pour tenter de sauver l’humanité. C’est là aussi un concept intéressant que de réveiller toutes les 25 années pour quelques jours et replonger dans le même cycle, et cela, pour tenir les 20 000 ans que dure le voyage. Et pour au final arriver sur une planète qui est aussi désertique, qu’elle est hostile.

L’ambiance du récit n’est pas sans rappeler Minuit dans l’univers, le film Netflix de, et avec George Clooney, pour la relation entre la petite fille et le vieil homme, ainsi que l’isolation. Le choix de dessin est assez étonnant avec des personnages et des décors simplistes (mais sublimes sur la planète). Et quoi de mieux pour sauver l’humanité qu’un équipage éclectique composé de deux hommes et deux femmes de couleur bleue, mauve, jaune et rouge. On y traite donc aussi de l’ambition des hommes qui souhaitent coloniser d’autres mondes après avoir détruit le leur, les choix difficiles qui sont à faire pour survivre.

Finalement, c’est un très beau récit, très humain, très humaniste, sur la condition humaine, sur la survie et le dépassement de soi. C’est proposé dans un très bel écrin de taille carrée originale. On a là un petit chef d’œuvre pour ceux qui sauront le reconnaître, une grande odyssée spatiale aussi. C’est chaudement recommandé, très bien conçu et très prenant.

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