Des gens bien ordinaires : Critique de la série
DES GENS BIEN ORDINAIRES
Date de diffusion : 06/06/2022
Plateforme de diffusion : Canal +
Épisodes : 1.01 à 1.08
Réalisateur : Ovidie
Scénariste : Ovidie
Interprètes : Jérémy Gillet, Sophie-Marie Larrouy, Raïka Hazanavicius, Romane Bohringer, Anne Benoit, Pablo Cobo, Arthur Dupont, Agathe Bonitzer, Mathieu Lescop, Andréa Bescond, Fadily Camara, Eléonore Arnaud, Francis Kuntz, Muriel Combeau, Benoît Delépine, Justin Ferrand, Jacques Develay, Chloé Ouaked, Eva Guionnet
LA CRITIQUE
Des gens bien ordinaires est une formidable série, en huit épisodes d’une quinzaine de minutes, qui est vraiment passionnante à suivre.
C’est la réalisatrice Ovidie qui en signe le scénario et qui s’inspire en partie de sa propre vie, et de sa connaissance du milieu de la pornographie, pour proposer le portrait vivace de celui-ci au début des années 2000.
Toutefois, l’œuvre est bien plus profonde qu’elle le paraît. Et grâce à un ingénieux retournement de situation, elle montre remarquablement ce que subissent les femmes au quotidien.
En effet, on se retrouve dans un monde un peu différent du nôtre. Ainsi, ce sont les femmes qui ont le pouvoir et les hommes qui doivent composer avec cela dans leur vie de tous les jours.
On suit un jeune homme intelligent qui vient de s’inscrire en première année de faculté et qui décide de tourner des films pornographiques, à la fois pour gagner de l’argent, et pour choquer son entourage.
Celui-ci va donc se plonger dans un univers qu’il ne connaît pas du tout, alors qu’il souhaite avant tout devenir réalisateur et parler de sujets plus féministes mettant à égalité les femmes et les hommes.
On va ainsi le découvrir dans son environnement, montrant qu’il est sous la coupe d’une petite-amie autoritaire, qu’il n’a souvent pas son mot à dire dans le milieu pornographique et qu’il n’est généralement vu que comme une belle créature par des femmes qui le croise et le voient plus comme un bout de viande et une poupée sexuelle que comme un être humain.
L’œuvre est souvent très drôle et vraiment caustique. Les situations sont parfaitement étudiées et cette inversion de rôle fait beaucoup réfléchir sur la manière dont on traître les individus en fonction de leur sexe.
Il faut aussi signaler que si la pornographie est au cœur de l’intrigue, la réalisatrice réussit parfaitement à montrer cette industrie sans proposer de plan de nu et de scènes sexuelles explicites. Tout est parfaitement suggéré et cela rend l’écriture, et la mise en scène, encore plus drôle.
Le casting est vraiment formidable. Jérémy Gillet est magnifique dans le rôle-titre. Il crève littéralement l’écran en jeune homme éduqué voulant utiliser le cinéma pour changer les consciences. On s’attache beaucoup à lui, à sa naïveté et à son envie de s’élever au-dessus de sa condition liée à son sexe.
Sophie-Marie Larrouy est excellente actrice du X pas très intelligente, mais au grand cœur. Raïka Hazanavicius est très bonne en meilleure amie du jeune homme voulant aussi changer le monde. Romane Bohringer est impeccable en réalisatrice débordée par des tournages à petit budget. Anne Benoit est superbe en réalisatrice de films X voulant mettre de l’art dans ses œuvres. Arthur Dupont est impressionnant en acteur commençant à être trop âgé pour le milieu. Pablo Cobo est très drôle en jeune comédien voulant profiter de sa carrière éphémère. Fadily Camara est sympathique en assistante devant gérer de nombreuses choses. Andréa Bescond est très juste en productrice jonglant entre ses films. Et Eléonore Arnaud l’est tout autant en actrice prédactrice.
Les lieux de tournage sont diversifiés. On passe ainsi de l’appartement du personnage principal, à la faculté, au site principal de tournage, qui est imposant, pour finir sur un Cannes nocturne différent de ce que l’on voit d’habitude. Il est bien agréable de passer d’un lieu à l’autre, ce qui donne aussi l’impression de ne pas se trouver dans un huis clos.
La série se laisse regarder d’une seule traite et propose des épisodes tous plus passionnants les uns que les autres. Toutefois, avec un sujet aussi bien maîtrisé et des personnages tellement truculents, il ne serait pas du tout déplaisant de pouvoir les retrouver dans une autre saison, même si les épisodes forment en eux-mêmes un arc à part entière.
Des gens bien ordinaires est une série splendide et très drôle qui, tout en parlant d’une manière intéressante du milieu de la pornographie, traite avant tout des relations entre les hommes et les femmes. De plus, à travers le prisme inversé des événements narrés, le personnage principal permet de mettre en évidence des comportements pénibles qui arrivent très fréquemment et de faire réfléchir dessus.
La qualité d’écriture, la réalisation extrêmement soignée et un casting excellent transforme la série en une véritable pépite que l’on peut découvrir sans modération.
Original et captivant.
SYNOPSIS
Romain, 18 ans, est étudiant en sociologie. Avec sa meilleure amie, Isaure, ils forment un duo d’enfants de la France pavillonnaire des années 90 qui rêvent de refaire le monde. Mais tous les deux n’ont pas la même façon d’exprimer leur radicalité. Si Isaure se sent dangereusement attirée par la clandestinité des groupes politiques qu’elle fréquente à la fac, Romain au contraire décide de s’exposer à la lumière des plateaux de tournage porno sur lesquels il imagine que souffle un vent de liberté. En rébellion contre son milieu d’origine, emprisonné dans une relation amoureuse toxique avec une femme qui a une emprise totale sur sa vie, il pense pouvoir trouver dans l’aventure pornographique une voie d’émancipation.
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