[Évènement] Altération : Le lancement
Altération est un court métrage d’anticipation extrêmement bien réalisé et permettant une parfaite immersion disponible à partir du 27 juin 2017 sur l’appli ARTE 360° et en version interactive pour Samsung GearVR et Oculus Rift.
Un jeune homme se prête à une expérience sur le sommeil et se retrouve associé à une étrange Intelligence Artificielle qui va se nourrir de ses souvenirs afin de devenir plus humaine.
Ce point de départ, revenant régulièrement dans le milieu de la science-fiction littéraire, permet de proposer un univers intérieur vraiment bien fait.
De plus, le court métrage, entièrement filmé en 360 degrés, offre nombre de paysages extérieurs fort bien trouvés, alors que les moments marquants de la vie du personnage principal ressurgissent dans sa psyché endormie.
La réalité virtuelle permet de se retrouver projeté dans un environnement complet. Ainsi, c’est toute la narration qui est à revoir dans un cours métrage, car le spectateur n’a plus besoin d’avoir ses yeux rivés sur l’écran où se déroule l’intrigue, mais peut vagabonder autour et découvrir ce qui se passe hors champs.
Les acteurs sont bien choisis et le spectateur réussi à s’attacher au protagoniste principal se trouvant au cœur de l’histoire, Bill Skarsgård, et que dans un étrange dédoublement, on incarne soi-même.
C’est un peu comme si on assistait au tournage et qu’on promenait ses yeux alentours. Mais dans le cadre d’un film en réalité virtuelle, l’environnement entier des personnages a été recréé. Ainsi la chambre du "héros" peut être complètement visitée, tout comme le laboratoire et les lieux de ses souvenirs.
Les effets spéciaux sont vraiment bien faits, et la grande richesse du court métrage est d’offrir des séquences magnifiquement travaillées, montrant progressivement cette altération qui envahit l’esprit du protagoniste principal.
Le passage en pleine immersion dans une piscine est d’une très grande beauté crépusculaire, alors que les modifications de la chambre sont visuellement fort belles.
Le film se permet aussi d’être interactif avec le regard du spectateur, attirant parfois explicitement par une variante du scénario ce dernier sur la séquence à suivre, ou permettant au public de faire retrouver à la scène un semblant de normalité quand nos propres yeux balaient cette dernière de façon prolongée.
Vous pouvez découvrir ce court métrage au premier Paris Virtual Film Festival se déroulant au Forum des Images du 30 juin au 2 juillet 2017.
Le film est une production ARTE qui renforce sa ligne VR en proposant un court métrage original et bien réalisé. Vous pouvez le retrouver et le télécharger ICI.
Le film de 18 minutes est en anglais, mais on peut en choisir les sous-titres français qui restent toujours au niveau de nos yeux, vers le bas de l’écran que l’on regarde, même si on tourne le dos à l’action.
Altération est un court métrage très réussi et visuellement formidable permettant une belle immersion dans un monde mental en pleine déliquescence. Le format permet de revoir le film plusieurs fois et d’en apprécier sa grande richesse, quelle que soit la façon dont on le découvre, parfois même en ne se fixant jamais sur les personnages qui nous font vivre l’histoire.
La réalité virtuelle est une autre façon de vivre le cinéma, qui dans notre environnement de plus en plus technique a, à mon avis, de beaux jours devant elle. Elle permet de voir un film de façon différente et d’en être encore plus touché. De plus, la multiplicité des programmes et des offres qui apparaissent permettent aussi bien de visiter des lieux célèbres sans bouger de chez soi ou de la salle dans laquelle on s’est rendu pour voir les films, que de s’immerger complètement dans des courts métrages divers, voire même des jeux vidéo.
L’offre d’ARTE va beaucoup s’étoffer d’ici la fin de l’année, permettant au public de trouver ce qui l’intéresse et de vivre les images autrement.
À l’issue de la projection, j’ai eu la chance rencontrer le réalisateur Jérôme Blanquet et le producteur Antoine Cayrol dont vous pouvez retrouver les échanges ci-dessous.
RENCONTRE AVEC JÉRÔME BLANQUET ET ANTOINE CAYROL
Comment avez-vous raconté votre histoire ?
Jérôme Blanquet : Je me suis posé la question dès l’écriture et j’ai bien réfléchi à comment raconter une histoire avec ce dispositif de réalité virtuelle.
Antoine Cayrol : Jérôme a eu des échanges avec pleins de gens différents, cinéma, technique…
Quelles étaient les contraintes que vous avez rencontrées ?
Jérôme Blanquet : Elles étaient énormes ! Dans un court métrage classique, il n’y a pas de notion du hors champ, ce qui n’est pas le cas en VR. Il me fallait trouver d’autres solutions. Il y avait des contraintes techniques, narratives.
Ce projet, c’était aller au-delà des contraintes. On avait plusieurs solutions pour filmer, le Multi pass, des caméras pour un tournage à 360 degrés. On avait des décors extérieurs, et il fallait tourner à 360 degrés et en stéréo.
On avait des 3 paires de caméras Flir qui filmaient à 120 degrés. Il fallait tenir compte des zones de stitch entre chaque image des caméras pour les raccords à 360 degrés. Pour cela, il fallait éviter que les personnages ne passent trop près de ces frontières des caméras pour éviter une déformation de l’image.
Antoine Cayrol : Le réalisateur voulait que ses acteurs tournent en une seule prise ses séquences.
Jérôme Blanquet : Cela a des avantages et des inconvénients.
Quel est le surcout par rapport à un court métrage classique ?
Antoine Cayrol : En postproduction, cela coûte environ deux fois plus cher. Nous avons aussi besoin d’images avec des résolutions plus grosses. Au niveau du tournage même, cela ne coûte pas beaucoup plus cher, car on a besoin d’acteurs, de technique, de décors…
Jérôme Blanquet : Comme je tournais en plan séquence, j’avais besoin de bons acteurs. Il y a par exemple une séquence de 4 minutes et ils ne devaient pas se rater à la fin… Il fallait aussi gérer la lumière...
Antoine Cayrol : En réalité virtuelle, toutes les parties de l’acteur jouent, les jambes, les mains, car tout peut se voir à l’écran... Le réalisateur devait tout gérer dans son ensemble. Après on joue sur la profondeur des images. Il s’agit plus d’une mise en scène de théâtre que de cinéma. Le spectateur doit recevoir le point de vue du réalisateur sans l’outil du montage. On doit gérer le cadre du plan.
Quel est le marché de la réalité virtuelle ? Y a-t-il des lieux spécifiques où voir ces films ?
Antoine Cayrol : Il y a deux marchés en parallèle qui sont de plus en plus importants. Il y a des salles qui s’ouvrent dans le monde entier. Ce sont de petites salles de 15-20 places qui font des recettes.
Il y a 15-20 millions de personnes dans le monde qui sont équipés pour voir de la réalité virtuelle. C’est important pour les producteurs, car on a envie de toucher un public.
Représentant d’ARTE : C’est important d’avoir des lieux physiques où le public peut aller. Un producteur et diffuseur physique comme ARTE peut ainsi rendre accessible au public ses programmes.
Il y a plusieurs salles VR sur Paris. Le MK2 Bibliothèque propose des séances à 12 euros pour 20 minutes de film. En fait, le spectateur a un crédit temps qui lui permet de voir ce qu’il veut.
On trouve en VR déjà un film de 40 minutes. Mais est-il besoin de faire un long métrage pour rendre l’expérience intéressante ? Ce qui est intéressant, c’est quel type d’écriture cela permet.
Jérôme Blanquet : Un réalisateur a l’occasion de faire vivre son histoire au spectateur.
Vous avez choisi un univers onirique. Pourquoi ?
Jérôme Blanquet : Lors de ma première expérience de VR, j’ai eu l’impression d’être comme dans un rêve, mais j’avais de la frustration, car on ne peut pas interagir avec son environnement. Je voulais aboutir dans le rêve dans mon histoire et entraîner le spectateur dans ce rêve qu’il vit, mais dans lequel il ne peut pas faire grand-chose comme dans nos vrais songes.
Le film a été écrit et tourné quand ?
Jérôme Blanquet : J’ai commencé à travailler dessus en 2015. Il a fallu 1,5 ans de travail et la production a été lancée en 2016.
Pouvez-vous revenir sur votre histoire ?
Jérôme Blanquet : C’est l’histoire d’un homme qui fait un test dans son sommeil pour un laboratoire et on lui injecte une IA qui doit s’inspirer de sa connaissance pour devenir plus humaine. Mais cela s’emballe… C’est plus un film d’anticipation qui montre un futur possible.
Est-ce que le film sera projeté ailleurs ?
Représentant d’ARTE : Il sera projeté dans le cadre du Paris Virtual Film Festival se déroulant au Forum des Images.
Jérôme Blanquet : C’est une autre façon de raconter une histoire. Il y a une nouvelle éducation à avoir pour s’habituer à cette nouvelle grammaire visuelle et narrative.
Antoine Cayrol : On connaissait Jérôme depuis 10 ans et quand on s’est lancé avec Pierre et Gilles, on connaissait déjà son travail. On pensait que le passage à la RV serait plus simple pour lui que pour d’autres réalisateurs.
Au début, quand on lui a proposé le projet, il nous a dit « je ne sais pas ». Puis il est revenu vers nous après avec des idées sur comment réaliser le film.
Il est aussi musicien et fait des performances et du bidouillage musical, ce qui l’a aidé pour son tournage. C’est aussi le profil d’une nouvelle génération.
SYNOPSIS
Alexandro se porte volontaire pour une expérience sur l’étude des rêves. Il ne se doute pas qu’il va subir l’intrusion d’Elsa, une intelligence artificielle qui va numériser et assimiler son inconscient pour s’humaniser. Une fiction d’anticipation qui fait vivre au spectateur une expérience immersive au pays des songes.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 18 minutes
Titre original : Altération
Date de diffusion : 27/06/2017
Réalisateur : Jérôme Blanquet
Scénariste : Jérôme Blanquet, Yann Apperry
Interprètes : Pom Klementieff, Bill Skarsgård, Amira Casar, Lizzie Brocheré
Photographie : Baptiste Chesnais
Montage : Alice Moine
Musique : Jean-François Blanquet
Costumes : Sandrine Bonheure
Décors : Irene Marinari
Producteur : Antoine Cayrol, Maxime Gallet pour ARTE France
Diffuseur : ARTE
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