The Time Machine : Breakfast Club (1985)
Les années 70/80 ont été cinématographiquement parlant un terrain d’expérimentation pour renouveler de nombreux genres. Science-fiction, Aventure, Fantastique, Comédie... La Comédie pour adolescents est un genre qui, lui, a littéralement explosé dans les années 80. John Hugues en fut l’un des pionniers et Breakfast Club constitue l’un de ses films les plus emblématiques.
SYNOPSIS
Samedi 24 mars 1984, Lycée Shermer, dans la banlieue de Chicago, Illinois. Il est 7h du matin et cinq élèves viennent passer leur journée en retenue dans la bibliothèque sous la surveillance peu impliquée du Principal Vernon. Ces cinq adolescents sont tous là pour des raisons diverses mais tous sont chargés de rédiger la même dissertation Qui pensez-vous être ?. Bien qu’ils ne soient pas complètement étrangers les uns aux autres, chacun d’eux évolue au sein de son propre cercle d’amis. Cette journée sera pour eux l’occasion d’apprendre à se connaître et de voir au delà de ce que chacun pense connaître des autres. C’est ainsi que Brian "le génie", Andy "l’athlète", Claire "la princesse", Bender "le délinquant" et Allison "la détraquée" réaliseront que personne ne vit sans soucis, que grandir est quelque chose de pénible et qu’il est plus facile d’affronter la vie ensembles que tout seul.
COMMENTAIRE
Tous ceux qui sont passés par là vous le diront : l’adolescence, ça craint. On commence à développer sa raison et sa sensibilité, mais aux yeux des adultes on est toujours considéré comme des enfants. Les protagonistes de Breakfast Club en sont pleinement conscients mais chacun s’imagine que l’herbe est plus verte chez son voisin. Ce samedi est l’occasion pour eux d’’apprendre à connaître l’autre. Pour ces cinq jeunes gens, ils sont juste "un génie", "un athlète", "une princesse", "un délinquant" et "une détraquée" et cette expérience les amènera à les considérer comme des personnes à part entière. Le seul a encore les considérer comme tel à la fin du film est le Principal Vernon qui est présenté comme un fonctionnaire peu impliqué dans son travail. Vernon est un pauvre type mais le film montre aussi que ce sont les années passées à occuper ce poste et voir sempiternellement des élèves se moquer de lui qu’à la longue, il a fini par perdre la flamme. Vernon n’est pas un personnage détestable, il est surtout usé par les années à voir les mêmes profils d’élèves sans vraiment prendre le temps de les connaître et finit par avoir l’impression qu’ils sont de plus en plus insolents alors que c’est lui qui change.
La manière avec laquelle ces jeunes font connaissance est bien amenée. Ils ne se connaissent pas et mettent des murs entre eux, puis la glace commence à fondre et ils se mettent à sympathiser, se blesser avant de se réconcilier, deux pas en avant, un pas en arrière. Le catalyseur est bien souvent Bender qui, dans un premier temps, réussi à se mettre la majorité des autres élèves contre lui. La vie familiale de Bender est chaotique au possible et pour s’en échapper, il cherche à attirer l’attention sur lui en faisant des bêtises. Allison aussi cherche à attirer les regards en adoptant un comportement excentrique pour compenser le fait que ses parents l’ignorent totalement. Les autres ne sont pas en reste : Andy subit l’influence néfaste de son père qui souhaite vivre par procuration ses exploits sportifs et qui l’a conduit à accomplir des actes qui le dégoûtent au point qu’il souhaite arrêter un sport qu’il aime et pour lequel il est doué. Les parents de Claire se déchirent et se servent d’elle pour rester ensemble quant à Brian, sa mère place en lui une pression de réussite énorme qui lui pèse terriblement et qui a fini par le conduire à apporter une arme à l’école suite à un mauvais résultat (le film sous-entend qu’il avait songé à se suicider, bien qu’il s’agissait en réalité d’un pistolet d’alarme). Ces jeunes gens finissent par rejeter le monde des adultes et souhaitent devenir de meilleures personnes que ceux qui sont sensés leur servir de modèle.
Le film se termine sur une note douce-amère. D’abord Allison se rapproche d’Andy et change de look. Cet indice marque la volonté du personnage de se rapprocher des autres mais marque aussi l’abandon de ce qui faisait d’elle un individu unique avec ses propres codes. Bender et Claire se mettent ensemble mais leur différence de caractère et de milieu en font un couple qui risque de ne pas fonctionner sur la durée. Brian, lui ne crée pas de relation amoureuse avec qui que soit et fait la dissertation pour tout le monde, donnant l’impression au spectateur qui s’identifiait particulièrement avec lui d’être lésé. Et il y a surtout cette question qui restera sans réponse : Quand viendra le lundi et que chacun aura retrouvé son cercle d’amis respectifs, feront-ils mine de s’ignorer ou pourront-ils s’adresser la parole en public au risque de susciter l’incompréhension de leur entourage ?
On pourra reprocher au film le caractère monochrome du casting. Malgré la mixité sociale des personnages, le seul noir que l’on verra dans le film est le café de Vernon. Cependant, leurs problèmes sont assez universels pour que le spectateur de tout horizon parvienne à s’identifier aux personnages. D’ailleurs si on essayait d’imaginer un remake actualisé, la présence de minorités prendrait le risque de transformer les personnages en caricatures de ce qu’ils sont. Signalons tout de même que le casting tente d’éviter le côté Dawson : Anthony Michael Hall et Molly Ringwald avaient tous les deux 16 ans au moment du tournage (le reste du casting était en revanche au début de la vingtaine).
Le décor du lycée Shermer servira encore de cadre pour d’autres films de John Hugues, comme un ticket pour deux et surtout La folle journée de Ferris Bueller, film assez proche dans l’esprit de Breakfast Club qui oscille entre la comédie burlesque et le drame doux-amer. Film culte aux États-Unis, il est nettement plus confidentiel en France (il est rarement programmé à la télévision), Breakfast Club est une comédie intelligente qui sonne juste. Par la suite, le nom de John Hughes restera associé à des comédies comme producteur ou scénariste (entre autres Maman, j’ai raté l’avion, Bébé part en vadrouille et Flubber) avant de s’éteindre prématurément victime d’une crise cardiaque en 2009.
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 37
Titre original : The Breakfast Club
Date de sortie : 11 septembre 1985 (France)
Réalisateur : John Hugues
Scénariste : John Hugues
Interprètes : Emilio Estevez, Molly Ringwald, Anthony Michael Hall
Image : Thomas Del Ruth, Keith Forsey
Montage : Dede Allen
Distribution : Universal Pictures
BANDE ANNONCE
Mr Vernon, nous acceptons d’avoir sacrifié tout un samedi en retenue puisque vous pensez que nous avons fait quelque chose de mal. Mais nous trouvons absurde le sujet de dissertation que vous nous avez donné, "Qui pensez vous être ?" Vous nous voyez comme vous voulez bien nous voir. Nous, nous vous avons trouvé une définition très simple, chacun de nous est à la fois un surdoué, et un athlète, et une détraquée et une fille à papa, et un délinquant. Ça vous va ?
Signé : Breakfast Club.
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