Japan Expo 2012 : Tetsuya Saruwatari - Rencontre musclée
Invité par Tonkam, le mangaka Tetsuya Saruwatari a honoré le festival de sa présence. L’auteur de Tough et Freefight était présent pour une conférence le vendredi, un débat sur l’historique et le développement des Mixed Martial Arts et un Masterclass où 20 dessinateurs chanceux ont pu avoir un cours particulier avec le maître.
Né en 1958, Saruwatari s’intéresse au dessin dès son plus jeune âge. A l’âge de 22 ans, il devient assistant et apprend le métier de mangaka sur le tas à une époque où peu de manuels existaient. Après quelques séries courtes, il connaît un premier succès en 1987 avec les 12 tomes de Riki Oh, manga de combats ultra violent en milieu carcéral avec un héros surpuissant. Riki Oh aura droit à une courte série d’O.A.V (deux épisodes) et à une adaptation live par un studio de Hong Kong, The Story of Ricky, très prisé par les amateurs de nanars.
En 1991, il signe une série de polar urbain, The Hard en 17 tomes. La série sera adapté en une seule O.A.V distribuée en France par Kazé. Passé relativement inaperçu, ce dessin animé passera tout de même à la postérité chez les animefans pour avoir été détourné par le studio Gotohwan. C’est en 1993 que Saruwatari, grand fan de sports de combats, entame le manga qui sera son plus succès : Tough, Dur à cuire. Tough raconte l’histoire de Kiitchi, héritier d’un art martial secret, le Nadashinkageryu, transmis de père en fils. Le manga se veut plus réaliste qu’à l’accoutumée. Loin des effluves de sang que l’on pouvait voir dans Hokuto no ken ou des mises à mort surréalistes de Riki Oh, les techniques et adversaires de Kiitchi pratiquent des arts martiaux existants (Judo, Muay Thaï). Même si le Nadashinkageryu est une école inventée, elle tire son origine du Kenjutsu dont elle peut être considérée comme un courant dérivé dans la veine de ce que l’on peut voir dans les écoles de sabre.
Avec Tough 2 : Free Fight, Saruwatari fait murir son héros. Désormais jeune adulte, Kiitchi participe à des combats clandestins contre des adversaires de plus en plus forts. Dans Tough il avait eu beaucoup de mal à encaisser la mort de Garcia qui avait vieilli prématurément alors que dans Free Fight la mort de Jet est acceptée plus facilement par le protagoniste. Saruwatari n’envisage cependant pas de faire passer son héros à un nouvel âge. Il serait quand même intéressant si Kiichi devenait un maître avec des disciples.
Bien qu’il dessine des mangas sur les sports de combat, il n’en a lui même jamais pratiqué. En revanche il a des amis qui le font. Et pas n’importe lesquels, puisque ce sont des stars du catch nippon. Grâce à ces amis, il connaît beaucoup d’anecdotes sur l’envers du milieu et d’histoires inconnues du grand public. « La plupart des clés et prises que je dessine dans le manga, je les dois à leur collaboration. J’invite souvent ces professionnels pratiquants à venir chez moi prendre la pose pour des photos qui me servent ensuite de modèle. Les prises les plus difficiles sont en revanches irréalisables physiquement comme on a pu s’en rendre compte. » Interrogé plusieurs fois ce week-end pour savoir s’il préférait les combats de MMA de Pride ou de l’UFC, il a répondu qu’en tant que Japonais, c’est bien entendu Pride qui prime (même s’il aime regarder les match d’UFC quand la saison est terminée).
Le personnage préféré de l’auteur est Seiko, le père de Kiichi. « C’est un personnage que j’aime beaucoup. Je suis moi même père et en ce sens je me sens plus proche de lui. Le fait qu’il soit complètement opposé à ce que fait son fils me permet également de déstresser et d’aborder une autre face du combat. J’aime aussi beaucoup Kiryu dont j’ai prévu de faire un spin off. Concernant le grand père de Kiichi, je ferai peut être un jour une histoire racontant sa jeunesse. Ce qui est sûr , c’est qu’il a toujours été petit. »
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