Japan Expo 2012 : Rencontre avec Haruhiko Mikimoto.
Pour de nombreux fans de dessins animés de S.F, il est une série qui a beaucoup marqué leur passion. Il s’agit de Robotech. La série, diffusé en France sur la Cinq en 1987 était en fait un montage de trois séries distincte : Super Dimension Fortress Macross, Super Dimension Cavalry Southern Cross et Genesis Climber Mospeada. 2012 marque le 30ème anniversaire de Macross et à cette occasion Japan Expo a fait figurer en invité d’honneur le "character designer" de Macross, Mr Haruhiko Mikimoto. Venu à la rencontre de ses fans pour des séances de dédicaces, Mr Mikimoto était également présent dans le cadre de deux conférences animées par notre ami d’Unification, Yvan West Laurence. Il était pour l’occasion accompagné de Takashi Watanabe, producteur, ancien rédacteur pour le magazine Animage, et travaillant chez l’éditeur Kadokawa.
Haruhiko Mikimoto ne se destinait pas à l’animation. Lorsqu’il était étudiant, l’un de ses camarades de fac n’était autre que Shôji Kawamori qui réaliserait Macross quelques années plus tard. C’est en rendant visite à son ami qui venait d’entrer dans le milieu de l’animation, qu’Haruhiko Mikimoto s’est vu proposer de participer à la création de Macross. C’est donc sous l’influence de cet ami (et de quelques autres) qu’il en est venu à travailler dans l’animation. Le graphisme particulier de Mikimoto n’est pas sans rappeler certaines illustrations de Shojo manga (mangas pour petites filles). L’illustrateur avoue avoir lu beaucoup de ces mangas dans sa jeunesse. Ses influences à ce niveau viennent de Keiko Takemiya et Moto Hagio (deux auteures ayant mélangé le style shojo à la Science fiction). Autre influence notable, celle de Yoshikazu Yasuhiko, le character designer de Gundam. Pour le reste, Haruhiko Mikimoto n’a suivi aucune formation particulière. « Avant de devenir professionnel, je n’avais jamais fait d’illustrations en couleur. Avec tous les outils utilisés maintenant pour travailler sur ordinateur, le presque débutant que j’étais a l’époque serait complètement perdu s’il commençait sa carrière aujourd’hui. »
Concernant son travail sur Macross. Sa participation s’est limitée a quelques personnages : « Je n’étais pas très à l’aise pour dessiner des personnages mûrs alors je me suis chargé des illustrations pour Lynn Minmey et Hikaru Ichijou (Rick Hunter). Lorsque j’ai travaillé ensuite sur l’animé Gundam 0080 : War in the Pocket, j’ai pris du plaisir à dessiner des personnages plus matures. Sous la direction du metteur en scène, j’ai également dessiné d’autres types de personnages variés (notamment des enfants). »
Comme il a été dit plus haut, Yoshikazu Yasuhiko a été influencé par le travail de Haruhiko Mikimoto sur Gundam (ainsi que Space Battleship Yamato). Ce fut donc un réel honneur pour lui de travailler sur cette O.A.V (Original Animation Video, dessins animés sortis directement en vidéo) en 1990.
Les O.A.V, Mikimoto y a grandement contribué dans les années 80. En premier lieu avec Megazone 23. Cette histoire de Science Fiction (dont quelques morceaux furent « comme par hasard » inclus dans Robotech : le film aux Etats Unis) avait la particularité d’avoir un autre personnage féminin chantant. « EVE est un peu l’ancêtre de Hatsune Miku. C’est une idole virtuelle qui n’a pas d’existence physique dans l’univers où se déroule l’histoire. C’est le seul personnage de Megazone que j’ai dessiné. »
Une autre série mythique d’O.A.V sur laquelle a travaillé Mr Mikimoto : Gunbuster du studio Gainax. Pas de chanteuse cette fois ci mais une belle galerie de personnages féminins. « Pour cette série, j’ai en réalité eu assez peu de liberté. J’ai travaillé sous la direction de Hideaki Anno (qui réalisera plus tard Evangelion) qui m’avait donné des instructions très précises jusqu’à la coupe des cheveux des demoiselles. J’ai fait de mon mieux pour répondre à ses attentes. Gunbuster est un animé que j’aime beaucoup, que j’ai eu l’occasion de revoir récemment et qui me plait toujours autant. »
Le dernier épisode de Gunbuster a la particularité d’avoir été « filmé » en noir et blanc et d’avoir un format cinémascope. « Je ne sais plus vraiment pourquoi, mais c’était la volonté du réalisateur de produire un épisode dans ces tons. Il y avait un effet visuel très fort parce qu’à un moment donné on a une lumière rouge symbolisant le retour de Noriko sur terre. C’était très bien fait et très beau. »
La participation de Mikimoto n’a heureusement pas toujours été bridée par le cahier des charges. Le "character designer" avoue s’être particulièrement impliqué dès le début dans la série Orguss. « Le résultat final était un peu différent de ce qu’on avait prévu. Le projet initial de l’animé était de proposer une histoire beaucoup plus sombre et dure. Si on avait gardé cette ligne, je pense que l’histoire aurait été encore plus intéressante qu’elle ne le fut. » A noter que contrairement aux autres titres cités plus haut, Haruhiko Mikimoto a pu travailler sur la suite de la série : Orguss 02.
Bien qu’ayant contribué à de grandes œuvres de l’animation, Mikimoto ne s’est jamais attaqué à la réalisation. Il reste avant tout un designer et un illustrateur. Son style de dessin très détaillé a du mal a passer tel quel à l’animation. C’est donc plus naturellement qu’on a pu le voir se tourner vers le manga papier avec quelques titres dérivés des univers auquel il a contribué. Son premier manga : Macross 7 Trash fut édité chez Glénat il y a une quinzaine d’année. « C’était initialement prévu pour être une simple adaptation en manga de la série Macross 7. On n’a pas pu rester sur cette piste, pour plusieurs raisons, alors nous nous sommes contentés de développer une histoire parallèle. Je n’avais pas pu obtenir la contribution des mecha-designers de la série et comme je ne suis pas à l’aise pour dessiner ça, j’ai voulu me concentrer sur les personnages humains. Ça a du être un peu décevant pour les fans de Macross. »
C’est pour ça que pour le manga Macross The First commencé en 2009 qui est venu ensuite on a voulu redonner plus de place aux Valkyries. La démarche se place dans une initiative plutôt récente de confier au "character designer" original la tâche d’adapter une œuvre animée en manga. L’histoire se veut fidèle au scénario d’origine mais s’accorde quelques variations dans le scénario. L’intention n’est cependant pas de trahir la série, mais plutôt de réintégrer des idées qui avaient été pensées à l’époque mais qui n’avaient pas pu être incorporées dans le résultat final.
Haruhiko Mikimoto a également signé un manga sur l’univers Gundam : École du ciel (en français dans le texte). Publié dans le magazine Gundam Ace, magazine consacré à la franchise qui publie des travaux réalisés par les acteurs de la saga sur le thème du robot géant, École du Ciel est une histoire originale qui trouve sa place en parallèle avec les évènements de la série Z Gundam. Pourquoi une histoire originale alors que Mikimoto aurait pu reprendre la trame de War in the Pocket ? « Le responsable de Gundam Ace ne souhaitait pas que je reprenne les événement de 0080. Ça m’aurait plu personnellement de revenir sur ces personnages. » Monsieur Watanabe prend ensuite le parole. « C’est moi qui était son éditeur à ce moment là, qui lui ai suggéré cette histoire. Je comptais sur son talent irremplaçable à savoir dessiner les jeunes filles en fleur. Et puis je trouvais que c’était une bonne idée d’ajouter une touche de féminité a l’univers très masculin de Gundam. »
Justement, quel est le rôle de Mr Watanabe dans la publication des mangas de Mikimoto ?
« Bien souvent, le dessinateur et l’éditeur travaillent sur l’histoire main dans la main. Bien que le dessinateur soit celui qui décide du résultat final, nous pouvons donner des conseil parfois utiles pour la direction dans laquelle évolue l’histoire. C’est également moi qui suit en contact avec la Sunrise et apporte la garantie que l’histoire restera dans la continuité de la chronologie des évènements établie à travers la saga originale. »
Mais au fait, qu’en est-il d’École du Ciel dont on a pas vu de nouveau tome depuis 2008 en France et dont la parution a considérablement ralenti au Japon ? C’est une question à laquelle Mikimoto a lui même beaucoup de mal à répondre. Il est avant tout illustrateur avant d’être un mangaka. Il travaille lentement et il est très difficile pour lui de passer d’une série à une autre sans s’accorder quelques jours de préparation pour se retrouver dans le bon état d’esprit. De plus son travail sur Macross the first passe en priorité. Il lui est même difficile de dire s’il sera capable d’en dessiner la fin même si le scénario est proche de sa conclusion.
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