Utopiales 2023 : Le mercredi 1er novembre

Date : 02 / 11 / 2023 à 10h00
Sources :

Unification


Cette nouvelle édition des Utopiales 2023, à la thématique Transmission(s), a été, dès son ouverture, en fin de journée, prise d’assaut par un public réjouit de voir que cette année le festival s’étendait sur un peu plus de quatre jours.

Et ce n’est pas l’annonce d’une tempête, qui a raccourci les festivités pour cause de transports locaux fermant plus tôt, qui a refroidi les ardeurs des visiteurs. En effet, le spectacle d’ouverture ayant lieu dans la salle de 1 800 places était complet.

La conférence d’ouverture du président, l’astrophysicien Roland Lehoucq, s’est déroulée, comme il y a quelques années, sur la scène principale se trouvant au cœur des Utopiales. L’espace central était noir de monde et le public occupait tous les endroits disponibles, y compris ceux situés le long des rambardes des étages.

Le succès était donc bien au rendez-vous est la conférence s’est achevée sur un tonnerre d’applaudissements fort bien mérités.

Le bar était, lui aussi, pris d’assaut par une foule d’assoiffés utilisant les très nombreuses tables, bancs et chaises mises à disposition du public pour bavarder et faire des rencontres formidables.

Le bar permet aussi de se sustenter, si on n’a pas eu le temps d’aller à la très bonne boulangerie à côté de l’entrée du festival, ou qu’on n’a pas prévu d’apporter de quoi manger. Il faut signaler que le restaurant du festival a un quota de places pour les personnes qui veulent aller y manger. Ce qui permet de se trouver à côté d’auteurs, des modérateurs ou d’autres personnes invitées venant prendre un repas en ces lieux.

Pour ceux n’ayant pas l’occasion, ou l’envie, t’assister au spectacle, il était aussi possible de passer une soirée cinéma, notamment en compagnie d’une très belle version restaurée d’Interstellar. Néanmoins, à cause de la tempête, le site a dû fermer précocement. Aussi, seul l’extraordinaire court métrage de l’invité d’honneur de l’édition précédente, Rintarō, a pu être projeté en avant-première.

De plus, il y avait la possibilité, en fin de soirée, avant la fermeture avancée, de passer regarder de près les magnifiques expositions qui se nichent au cœur des Utopiales, en l’absence de la foule de l’après-midi empêchant de voir de près certaines œuvres. Un article spécial avec des portfolios associés sera proposé dans les jours à venir.

C’est donc un véritable plaisir que de retrouver ce lieu formidable et de s’immerger directement dans une ambiance que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

Vous pouvez trouver, ci-dessous, un avis détallé sur le court métrage que j’ai visionné en fin d’article.

- SITE OFFICIEL


NEZUMIKOZŌ JIROKICHI

De Rintarō, Japon | France - 2023 - 24’

Alors que la ville d’Edo est plongée dans l’obscurité, un homme sort du grenier d’une maison. C’est le fameux Jirokichi, surnommé Nezumikozo/le Rat, un bandit vertueux qui dérobe les riches pour les distribuer au pauvre peuple. Orin, une marchande, mène une vie difficile avec son jeune enfant. En profitant de la détresse de cette pauvre femme, des yakuzas tentent de dévoiler la véritable identité de Nezumikozo/le Rat.

Avis : D’abord circonspect que l’on invite un réalisateur qui n’a rien fait depuis 10 ans, le grand maître de l’animation japonaise Rintarō s’est rendu compte lors de l’édition précédente de l’engouement immense que son passage a généré et du succès de toutes ses interventions, avec un public vraiment enthousiaste s’étant rendu en masse pour découvrir ses œuvres précédentes.

De plus, il s’est rendu compte que le manga autobiographie qu’il est en train de faire est extrêmement attendu.

C’est donc une très grande chance pour les Utopiales, car il nous offre à nouveau une véritable pépite cette année avec un court métrage exceptionnel, le premier depuis 14 ans, montrant qu’il est toujours l’un des grands maîtres de l’animation mondiale. Il est à noter que c’est le très grand Katsuhiro Otomo (Akira) qui s’occupe des chara-designs.

Il a d’ailleurs envoyé une petite vidéo au festival, ne pouvant être présent cette année. Et il a tenu personnellement à ce que le programmeur cinéma du festival, l’incroyable Frederic Temp, lise aux spectateurs un message personnel expliquant la genèse de son film.

Celui-ci est dédié à l’un des grands cinéastes japonais qui œuvrait pendant le passage du muet au parlant, Sadao Yamanaka. Celui-ci a réalisé 28 films avant de mourir pendant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, seuls trois d’entre eux sont encore visibles. Par contre, les scénarios de ses œuvres perdues sont encore disponibles, ce qui a inspiré l’histoire du film de Rintarō.

On suit donc le réalisateur pendant son tournage, jusqu’au moment où il va visualiser dans sa tête son film terminé. Une œuvre qui tourne autour d’un voleur insaisissable que l’on va suivre dans ses tribulations.

On passe alors du 16/9, aux 4/3 avec des couleurs dérivées de gris et de noir, rendant hommage au noir et blanc du cinéma du début du XXe siècle.

La musique de Toshiyuki Honda est incroyable, mélangeant des instruments traditionnels japonais à d’autres nettement plus modernes et livrant une bande originale que l’on a envie d’écouter en boucle pendant longtemps.

Des intertitres viennent ponctuer le film muet. Ils sont narrés par une doubleuse de grand talent, Mami Koyama, une véritable rakugoka (en dehors de ses qualités de Seiyū), c’est-à-dire une spécialiste d’une variété de spectacles japonais dans lequel un artiste assis va interpréter toute une galerie de protagonistes différents. Son interprétation saisissante permet de capter les personnalités des nombreux personnages que l’on croise au cours du récit.

Quant à l’animation, elle est somptueuse. Elle mélange des passages comiques, du suspense et des courses-poursuites d’anthologie. On en prend donc plein les yeux et il est merveilleux de découvrir sur grand écran toutes les idées foisonnantes de la mise en scène, ce qui offre un film vraiment magique.


© Elene Usdin


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