L’Étrange Festival 2023 : Le bilan

Date : 22 / 09 / 2023 à 08h30
Sources :

Unification


Cette 29ème édition de L’Étrange festival s’est avérée être vraiment réussie. Le public s’est pressé nombreux à chacune des projections et un certain nombre de séances ont affiché complètes.

Le spectateur avait la possibilité d’aller voir 79 longs métrages pour un nombre total de séances de 119, certains d’entre eux étant diffusés deux fois.

En ce qui concerne les courts métrages en compétition, ils étaient 55 à se partager 7 séances qui ont chacune été rediffusées une seconde fois. Lors de chacune d’entre elles, le public pouvait voter pour son film préféré.

Ce sont donc des amateurs investis qui ont été voir des films parfois sous-titrés en anglais ou diffusés en version originale anglaise sans sous-titres. Cela n’a toutefois pas arrêté un certain nombre de personnes qui ont assisté à chacune des sessions afin de se faire un choix sur l’ensemble des œuvres projetées.

On a ainsi eu droit à du thriller, du fantastique, de l’horreur, du déjanté, de l’expérimental, du documentaire ou encore des œuvres étranges, bizarres et curieuses. Tous les choix de réalisation étaient proposés. On a pu découvrir de la couleur ou du noir et blanc, de l’animation, des images de synthèse ou des œuvres composites.

Il faut saluer le choix des programmeurs qui ont réussi à équilibrer chacune des sessions pour leur donner une durée d’environ 1h30 et les faire tourner autour d’une thématique commune qui pouvait être parfois surprenante.

L’un des grands avantages des courts métrages est que l’on a toujours la possibilité d’avoir des œuvres qui nous parlent plus que d’autres. Étant une grande fan d’animation, j’ai beaucoup apprécié les nombreux films qui ont été projetés et qui étaient mélangés avec des courts métrages parfois un peu plus classiques.

Il faut aussi saluer la part grandissant des réalisatrices parmi les œuvres sélectionnées qui provenaient d’un grand nombre de pays, ce qui offre la possibilité de s’immerger dans des univers créatifs très différents et parfois mâtinés d’un folklore local.

Vous pouvez retrouver ci-dessous une vidéo compilant les présentations des réalisateurs qui étaient parfois présents à certaines séances. On peut ainsi découvrir Lydia Rui pour Virile, Jeanne Frenkel & Cosme Castro pour Intelligence (Prix du public cette année) et Charlotte Grondin & Guillaume Pin pour Norma Place.

Présentation des courts métrages en compétition :


Une rétrospective de Bert I. Gordon était prévue. Elle a malheureusement eu lieu quelques mois après le décès du réalisateur qui est connu pour sa propension au gigantisme. Ce sont 6 longs métrages qui ont été proposés et qui permettaient de découvrir soit des animaux géants comme dans Soudain les monstres !, soit des humains immenses. Avec des anomalies de qualité dans sa filmographie monstrueuse, comme la surprenante histoire de famille vraiment compliquée de Picture Mommy Dead, un récit de hantise bien particulier avec Tourmenté, dont les effets spéciaux restent toujours saisissants, ou le très bon Le détraqué qui est un thriller tendu montrant la traque d’un terroriste poseur de bombes par une police qui est aussi à la recherche d’un violeur, seule personne ayant vu son visage.

Un focus a aussi été fait sur le cinéma indien d’horreur avec un certain nombre d’œuvres des 7 frères Ramsay qui ont réalisé des films ayant eu un grand succès en Inde lors de leurs sorties dans les années 90. L’énergie et la bonne volonté de cette fratrie sortant de l’ordinaire ne masque toutefois pas des créatures à la conception grossière, telle celle de Tahkhana, et des dialogues pas toujours d’un haut niveau. Néanmoins, il était souvent fun de les découvrir sur grand écran.

L’Étrange Festival, c’est aussi la possibilité de découvrir des documentaires que l’on ne peut voir, malheureusement, nulle part ailleurs et des pépites qui sont toutes aussi difficiles à visionner. Et dans ce domaine, le spectateur a été vraiment gâté.

À la vue d’un programme aussi dense, il est évident que l’on devait faire des choix. Toutefois, je n’ai absolument pas regretté d’avoir découvert l’histoire incroyable du Scala !!! Or, the incredibly strange rise and fall of..., un cinéma anglais incroyable, parfaitement mis à l’honneur dans un superbe documentaire de Ali Catterall & Jane Giles. Ce qui m’a donné, évidemment, une grande envie de découvrir l’œuvre la plus projetée au cours de l’existence de ce cinéma, Thundercrack ! dont les quelques secondes intégrées dans le documentaire lui a valu au Royaume Unis une interdiction au moins de 18 ans.

Vous pouvez d’ailleurs en découvrir les présentations dans les vidéos ci-dessous.

Présentation de Scala !!! Or, the incredibly strange rise and fall of... par sa réalisatrice Jane Giles :


C’est une véritable expérience que je vous encourage à faire si vous en avez la possibilité de voir un jour cet invraisemblable Thundercrack !. Soyez toutefois averti que cet étonnant porno trash et déjanté ose tout. Son écriture est incroyable et ses répliques formidables. D’ailleurs, ces dernières font énormément rire, et cela est bien voulu. Il faut aussi souligner la prestation de l’actrice principale qui crève littéralement l’écran. Les scènes de sexe, très nombreuses, sont parfois presque anecdotiques au vu des histoires personnelles insensées des divers protagonistes qui sont racontées aux spectateurs. Vous ne verrez plus jamais les gaines et les concombres de la même manière !

Présentation de Thundercrack ! par la réalisatrice Jane Giles :


On pouvait aussi découvrir des œuvres en avant-première et des films en mondovision qui sont très récents et ne rentraient pas dans le cadre de la compétition. Si une œuvre expérimentale, The End ne m’a pas du tout convaincue (vous pouvez trouver ci-dessous la vidéo de la présentation du film par son réalisateur et son équipe.), il n’en est pas de même pour Comme un lundi tournant autour d’une boucle temporelle faisant revivre une semaine horrible à des employés de bureau japonais et qui sortira le 1er mai 2024 en salle.

Présentation de The End par ses réalisateurs Aurélien Héraud et Olivier Héraud :


Parmi eux, le très attendu film Magadheera de S. S. Rajamouli, récemment auréolé d’un Oscar pour la chanson de son dernier film, l’incroyable [RRR-https://www.unificationfrance.com/article71878.html], a déchaîné un grand enthousiaste. Certes, le long métrage, réalisé en 2008, n’est pas entièrement à la hauteur de ce que l’on peut voir aujourd’hui du réalisateur, mais toute la folie et le brio de celui-ci brillent déjà au milieu de cette histoire d’amour fantastique et compliquée qui a réjoui tous ceux qui ont assisté aux projections.

Douze longs métrages étaient en compétition. L’histoire d’amour tourmentée de Embryo Lava Butterfly, se déroulant dans un temps non linéaire, ne m’a pas franchement emballé, tout comme le trop sobre compte noir Moon Garden. On pouvait néanmoins compter sur le cinéma asiatique pour offrir des œuvres extrêmement différentes, mais toutes réussies. Ainsi, au niveau coréen, on pouvait découvrir les kopino, enfants de coréens et de philippins, grâce à un film parfois musclé tournant autour d’un jeune boxeur essayant de retrouver son père pour sauver sa mère dans The Childe. C’est du côté du film catastrophe que Concrete Utopia entraîne le spectateur en montrant la lutte que se livrent les habitants du dernier immeuble pas détruit par un immense tremblement de terre contre ceux qui n’ont plus d’abri où aller. Tandis que Don’t Buy The Seller se concentre sur une jeune femme essayant de retrouver un homme qui l’a arnaqué sur un achat en ligne sans savoir qu’il est un tueur en série. Alors que du côté hongkongais, avec Mad Fate, on se plonge dans l’étrange quête d’un voyant pour éviter qu’un jeune homme ne devienne un tueur.

On retrouve encore de l’horreur avec une œuvre minimaliste australienne qui est extrêmement efficace, You’ll Never Find Me. Nicolas Cage se lâche à nouveau dans un étrange huis clos à deux virant au road movie cauchemardesque avec Sympathy for the Devil. Alors que du côté austro-Suisse, c’est une œuvre très singulière et envoûtante qui est proposée avec l’étonnant The Theory Of Everything (renommé Universal Theory) qui sortira en salle le j3 anvier 2024 et qui a remporté le Grand Prix Nouveau Genre Canal+ et le Prix du public du festival cette année. Les pays nordiques, la Finlande cette fois-ci, font toujours des propositions singulières. Hit Big ne déroge pas à la règle, alors que l’on découvre un enlèvement burlesque qui tourne mal. Tandis que le film indien de Anurag Kashyap propose un polar extrêmement noir, Kennedy, tandis que l’on découvre un ancien policier devenu tueur à gages dans une société indienne extrêmement corrompue.

Présentation de Universal Theory par l’actrice Olivia Ross :


L’Étrange Festival a aussi des programmes communs avec le Festival de Deauville qui se déroule presque en même temps. Et régulièrement, il sélectionne un des gagnants de son palmarès, avant même que celui-ci ne remporte un prix. Ce qui montre la qualité de la programmation. Cette année, c’est le très bon The Sweet East, contant la traversée des États-Unis d’une jeune fille un peu paumée qui y a remporté deux prix.

En dehors de séances spéciales, de festivals où ils sont en compétition et de double programme, il est très difficile de voir des courts métrages. C’est pour ça qu’il était extrêmement appréciable de visionner les deux que Bertrand Mandico avait fait autour de la captation de sa pièce de théâtre qu’il avait créé en 2020 et qui, à cause du Covid, n’a jamais vue le jour. Ses courts métrages sont formidables et accompagnent très bien l’univers que le réalisateur a développé par la suite dans son long métrage Conann qui sortira en salle le 29 novembre 2023.

Vous pouvez retrouver ci-dessous la présentation de ses films par le réalisateur Bertrand Mandico et par deux de ses acteurs principaux :


Parmi les pépites improbables, on pouvait aussi découvrir un film japonais issu du fond Gaumont, La fille de la météo, qui raconte une lutte de pouvoir autour de deux présentatrices de météo, avec une battle finale entre les deux femmes s’achevant sur du grand n’importe quoi jubilatoire. Il était aussi possible de voir un film de vengeance japonais jusqu’au-boutisme présentant la revanche d’une victime qui ne supporte plus d’être à nouveau harcelée par ses violeurs. Freeze me n’est pas vraiment réaliste, mais permet de s’immerger d’une manière vivace dans la psyché d’une jeune femme et de comprendre intimement ses souffrances.

Le cinéma coréen a de nouveau explosé ces dernières années après avoir été sur le devant de la scène au début des années 2000. Et c’est tant mieux au vu de la qualité des propositions que ces derniers font. Avec On The Line, c’est le milieu du fishing qui est présenté d’une manière glaçante. Alors qu’il était très agréable de retrouver le personnage principal de The Roundup : No Way Out qui se lance dans de nouvelles aventures policières hautes en couleur après avoir déjà attiré un public nombreux l’année précédente pour le deuxième opus. On risque de le revoir bientôt, une série de huit films tournant autour du personnage étant prévue.

Parmi les œuvres vraiment étranges, on pouvait aussi découvrir le dernier film Hongkongais de Scud, Bodyshop qui avait pour principale qualité de montrer toute une série de jeunes hommes nus, le scénario étant aux abonnés absents. Reste une séquence surréaliste de course-poursuite de 2 hommes nus dans les rues de Barcelone en pleine nuit qui marque durablement les esprits.

Et bien entendu, il n’y a pas d’Étrange Festival sans une œuvre d’Adilkhan Yerzhanov, le réalisateur casaque extrêmement prolixe qui avec Goliath offre un film noir et âpre, passionnant à découvrir, alors qu’un homme se retrouve à être la cible d’une bande de criminels qui fait régner la loi dans la région.

Depuis plusieurs années, les festivals se trouvent aux prises avec les grosses plates-formes de VOD et les chaînes privées qui préemptent des films ne pouvant plus être visibles sur grand écran, y compris en compétition. Partenaire historique de L’Étrange Festival depuis sa deuxième édition, Canal+ offre depuis maintenant trois ans des séances gratuites mettant à l’honneur des œuvres de genres qui seront diffusées par la suite sur la chaîne. Cela a permis d’assister à un film de monstres Carnifex, qui accompagnera un programme sur Canal+ en fin de mois avec notamment l’ours de Crazy Bear et un requin pas net. On pouvait aussi découvrir une policière enfermée dans un commissariat isolé devant lutter contre les criminels bien décidés à y rentrer dans Jericho Ridge. Il est extrêmement appréciable que chacun des longs métrages soit accompagné d’un court, ce qui donne l’occasion de découvrir des petites pépites dans ce domaine.

Parmi les avant-premières attendues, La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer permettait une immersion glaçante dans la vie de famille du responsable du camp de concentration d’Auschwitz. Alors que Vermines de Sébastien Vanicek qui sort en salle le 27 décembre 2023, projeté en présence de l’équipe du film, a remporté un vif succès avec cette histoire horrible d’araignées de plus en plus grandes.

Vous pouvez retrouver ci-dessous la présentation de son film par son réalisateur Sébastien Vanicek et par l’équipe du film :


On pouvait aussi découvrir le très bon et caustique Vincent doit mourir de Stéphan Castang qui sort en salle le 15 novembre 2023, ainsi que le dernier long métrage attendu de Quarzz, Pandémonium qui est un film à sketchs horrifique. Alors que le très singulier Club Zero de Jessica Hausner aborde d’une étrange façon l’emprise et la nutrition. Vous pouvez d’ailleurs retrouver prochainement un article complet de ce film qui sort en salle le 27 septembre 2023.

Les amateurs de vieux films ont été ravis par la projection de quelques petites œuvres érotiques datant parfois du siècle précédent, dont un film d’animation incroyable. Ils précédaient l’œuvre remarquable d’Audrey Gordon, Un mois chez les filles, qui permet de se plonger dans le milieu de la prostitution de l’époque en proposant un faux documentaire basé sur un véritable roman, sur de fausses reconstitutions d’époque et sur des archives véritables toutes plus impressionnante les unes que les autres. Une œuvre vraiment passionnante, aux images recherchées et à l’actrice principale envoûtante. Après des passages en festivals, il faudra guetter attentivement les programmes de France 5 pour pouvoir le découvrir sur une chaîne publique.

Vous pouvez retrouver ci-dessous la présentation de son film par sa réalisatrice Audrey Gordon et une partie de l’équipe du film :


Quant à la soirée de clôture, avec The Wandering Earth 2 de Frant Gwo, elle a tenu toutes ses promesses avec ce blockbuster Chinois particulièrement impressionnant qui a explosé l’écran pendant pratiquement trois heures. Vivement d’ailleurs le troisième volet !

Le festival a donc permis de découvrir des œuvres récentes et d’autres plus anciennes, des documentaires, des pépites, des films de nationalités extrêmement différentes qui ont permis une immersion dans des mondes aussi bien horrifiques que fantastiques, policiers que psychologiques. Le public ne s’y est donc pas trompé en venant très nombreux assister aux multiples séances de ces 13 journées qui ont permis de se plonger dans l’un des festivals les plus étranges de l’hexagone, ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement sympathique et jouissif.

Vous pouvez découvrir la soirée de clôture et le palmarès ICI. Vous pouvez aussi parcourir le portfolio du festival ci-dessous.

Et bien sûr, à l’année prochaine pour une trentième édition qui sera sans aucun doute dantesque !

GALERIE PHOTOS

L'Etrange Festival 2023


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