Jungle Rouge : La critique
JUNGLE ROUGE
Date de sortie : 22/06/2022
Titre original : Red Jungle
Durée du film : 1 h 32
Réalisateur : Juan José Lozano, Zoltan Horvath
Scénaristes : Juan José Lozano, Antoine Germa
Interprètes : Álvaro Bayona, Vera Mercado, Patricia Tamayo, Emilia Ceballos, Julián Díaz, Jean-Pierre Gontard
LA CRITIQUE
C’est avec un beau film d’animation que les 10 dernières années de l’un des membres très importants des Forces armées révolutionnaires de Colombie est racontée dans ce Jungle Rouge très étonnant.
Le scénario du co-réalisateur Juan José Lozano et d’Antoine Germa se base sur les mails du porte-parole, et Numéro 2 des Farc, Raúl Reyes. Ces échanges permettent de retracer plusieurs années de la guérilla qui, en 52 ans, a fait des milliers de morts.
En effet, une armée du peuple se soulève en 1964 et va prendre le maquis dans la jungle. Elle va faire parler d’elle en faisant des incursions armées, en posant des bombes et en enlevant un certain nombre de personnes qu’elle garde parfois pendant des années en captivité dans des conditions inacceptables.
Le film de Juan José Lozano et de Zoltan Horvath présente un homme ne remettant jamais en question la cause pour lequel il se bat et devenant de plus en plus aveugle vis-à-vis des exactions qui sont commises par les siens et la manière dont les Farc se traitent entre eux.
En effet, on voit progressivement se fissurer la belle unité qui unit les combattants et certains passages sont particulièrement bien mis en valeur. D’autant que la manière particulière dont le personnage principal voit le monde apparaît au cours de certaines séquences presque oniriques. Ce qui renforce le décalage entre sa perception et la réalité, avec notamment une population qui ne veut plus de ces combats armés.
Certaines scènes sont d’ailleurs presque glaçantes dans leur cruelle normalité. Notamment la manière dont les otages sont traités, alors que le temps passe inexorablement pendant leur captivité. Le montage d’Ana Acosta et de Damián Plandolit est d’ailleurs très bon et apporte beaucoup à la narration du long métrage.
C’est la technique de la rotoscopie qui a été utilisée. Les images sont filmées avec des acteurs réels. Ces derniers sont alors redessinés, alors que les décors dans lesquels ils se trouvent sont ajoutés. Ce qui apporte une grande vraisemblance aux différents protagonistes et à leurs mouvements.
Sans compter que des parties complètement dessinées viennent ajouter une certaine emphase aux pensées des divers personnages, et parfois même illustrer leurs rêves et cauchemars.
Les comédiens sont d’ailleurs particulièrement convaincants, notamment Álvaro Bayona qui incarne brillamment le personnage principal et qui est plus vrai que nature. Il est formidablement secondé par Vera Mercado qui est impeccable dans le rôle de sa commandante en chef.
La musique de Nascuy Linares est aussi très bonne et apporte beaucoup à la découverte que l’on a de cette histoire finalement terrible d’individus ayant parfois perdu de vue la raison pour laquelle ils se battent et n’hésitant pas à sanctionner durement les différents membres du Farc. D’ailleurs, au début des années 2000, ces derniers ont été de plus en plus nombreux à quitter le mouvement, jusqu’à sa disparition en 2016 et sa renaissance sous la bannière d’une formation politique.
Jungle Rouge est un bon film qui utilise au mieux la technique de l’animation pour raconter une histoire forte. Avec un scénario basé sur des documents réels, une réalisation intéressante et des comédiens très convaincants, cette immersion au cœur d’un mouvement armé est vraiment intéressante à faire.
Surprenant et terrible.
IA
Le film est à mi-chemin entre la fiction et le documentaire. Pour la constitution du scénario, l’équipe s’est appuyée sur dix ans de courriels de Reyes qui était alors en charge des négociations pour la libération d’une centaine d’otages et qui officiait comme responsable des affaires étrangères. Ces correspondances ont été récupérées après sa mort. Après analyse de tous ses documents, Juan Jose Lozano a décidé d’en faire un film au visuel unique. En effet, le film est réalisé en technique mixte, animation et prise de vue. Les acteurs ont tout d’abord été filmés sur fond vert puis les décors, principalement la jungle, ont été ajouté via de l’animation. Les prises de vue réelles ont aussi été traitées de manière à ce que les personnages ne soient pas collés sur les décors, mais intégrés dans l’animation donnant ainsi un visuel atypique.
Au départ, un peu déroutant, le film s’avère très intéressant. Il plonge littéralement les spectateurs dans les pensées de Raul Reyes avec ses rêves et ses contradictions. Quelques envolées lyriques sont présentent, mais dans l’ensemble le long métrage se veut réaliste ? Il essaye de montrer la vie dans la jungle de ses révolutionnaires et leurs espoirs et leurs querelles intestines. Un gros travail documentaire a été réalisé en amont afin d’apporter à la fiction le maximum de crédibilité historique.
Jungle Rouge est un film vraiment pas comme les autres qui nous fait découvrir une facette de l’histoire dans un format inédit.
G
SYNOPSIS
Mars 2008. Dans la jungle colombienne, la plus vieille guérilla communiste au monde vit ses derniers instants. Raul Reyes, numéro 2 des FARC, est tué dans un bombardement par l’armée colombienne et la CIA. Il laisse derrière lui un document inouï : dix ans de correspondance où se croisent tous les acteurs du conflit, témoignage d’une lutte acharnée pour la révolution.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Denis Jutzeler
Montage : Ana Acosta, Damián Plandolit
Musique : Nascuy Linares
Costumes : Ayelén Gabin
Décors : Maxime Hibon, Freddy Porras, Luciano Lepinay, Victor Caron, Bastien Dupriez, Edouard Guise
Producteurs : Anne Deluz, Marc Irmer, Luc Peter pour Dolce Vita Films, Intermezzo Films S.A.
Distributeur : New Story
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