Galactica : Le point de vue du créateur

Date : 13 / 12 / 2006 à 00h00


Le producteur de Battlestar Galactica, Ronald D. Moore, a participé à la 5ème « Screenwriting Expo » de Los Angeles, au cours de laquelle il a reçu le trophée de scénariste de télévision de l’année. Il a également participé à une session de questions-réponses, dont voici une synthèse (merci à ComingSoon.net).

Ron Moore est arrivé sur la renaissance de Battlestar Galactica par un simple appel téléphonique. Et au départ il n’était pas très chaud. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas revu la série originale, depuis sa première diffusion en fait. Il avait passé un très long moment sur Star Trek, autant dire un grand nombre d’années là-haut dans l’espace et il n’était pas sûr de vouloir continuer à y travailler.

Il a demandé quelques jours de réflexion, qu’il a mis à profit pour revoir le pilote original, qu’il n’avait pas revu depuis 20 ans. Le pilote a de nombreuses faiblesses, mais Moore a été intrigué par son concept de base : la série originale s’ouvre sur l’apocalypse qui s’abat sur les 12 colonies humaines. Elle s’ouvre sur le génocide de l’humanité. Et ensuite la série traite des survivants. Ceux-ci ne contre-attaquent pas, ils se contentent de fuir perpétuellement devant leurs ennemis.


A l’époque où il a revu ce pilote, ce devait être janvier ou février 2002, soit juste quelques mois après les attaques du 11 septembre. Il a réalisé que l’histoire de ce pilote ne pouvait être reprise sans que le public n’établisse de lien mémoriel et/ou émotionnel entre une telle histoire et les évènements du 11 septembre. Il fallait donc que le concept soit traité de la manière la plus honnête possible.

Si l’on [jeu de mots !] essaie de raconter ce qui arrive aux gens dans de telles circonstances et qu’on essaie vraiment d’en faire une histoire sincère sur ce qui se produit lorsqu’un évènement insensé comme celui-là arrive à des gens ordinaires, quand ils n’appartiennent pas à l’équipage de l’Enterprise, quand ils ne forment pas l’élite, et ne sont pas la crème de la crème ; ce qui arrive à ces gens rassemblés sur un vaisseau qui part en morceaux, dont plus personne ne se préoccupe, et qui est géré par un équipage hétéroclite, et que cet assemblage brinquebalant, c’est en gros le meilleur espoir, le dernier, de l’humanité.

Là on tient une série intéressante. Alors, quand il a réalisé la dimension de l’opportunité qu’on lui offrait, il a sauté dessus. Il a repris le point de départ du concept original, tout en le mettant en scène de façon bien plus réelle, au sens de sérieuse et vraisemblable. C’est sa façon de voir en tout cas.


Etablir un parallèle entre notre société et celle qui est au centre de la série est une idée de Ron Moore depuis le début. Il savait que le 11 septembre et ses conséquences influenceraient la série d’manière ou d’une autre, et qu’elle allait devenir le reflet d’évènements que notre société traverse actuellement. Et une fois ce chemin emprunté, Battlestar Galactica ne pourrait pas s’en écarter.

Moore avait l’intention de traiter des évènements se produisant à notre époque, dans notre réalité, mais vus au travers du prisme de la SF. Le show ne pourrait jamais directement faire allusion au monde dans lequel nous vivons. Laura Roslin n’est pas une sorte de George W. Bush. Les Cylons ne sont pas la version spatiale et mécanique d’Al-Qaeda. Mais certaines de leurs caractéristiques sont entrées dans la composition des personnages de la série. L’intérêt de produire Battlestar Galactica réside en partie dans la possibilité de partir de ces éléments faisant référence à des évènements que nous avons tous vécu, pour bâtir des histoires évoluant différemment par rapport à notre réalité, et de voir quel effet émotionnel cela produit sur nous... L’un des éléments fondamentaux de Galactica est le conflit religieux entre les deux civilisations, entre le monothéisme des Cylons et le polythéisme des Coloniaux. Mais qui peut- être sûr de savoir ce qu’est Dieu ? Qu’est-ce qui définit l’humain ?


La série n’a pas de vocation polémique. Moore n’apprécie pas la majorité des tentatives de moralisation produites pour la télévision. Galactica n’a pas vocation à ça, ne cherche pas à donner la réponse correcte en fonction des circonstances. Cette série jongle avec beaucoup d’idées complexes et de concepts sinueux. C’est quoi être libre ? C’est quoi être en sécurité ? Moore n’a pas la prétention de connaître toutes les réponses. Il a des avis, des sentiments, une opinion politique, et il n’est pas naïf au point de croire que tout cela n’influence pas son travail. Mais il est clair qu’il ne voit pas en Galactica un outil de propagande pour ses opinions personnelles.

Beaucoup de gens dressent un parallèle entre la situation de la flotte coloniale et la guerre en Iraq, avec le contexte quasi-insurrectionnel, les attentats suicides etc. Pourtant, la fabrication de l’histoire repose bien moins sur l’existence de sous-entendus politiques en rapport avec la guerre en Iraq que sur ce qui arrive aux protagonistes dans pareilles circonstances et la façon dont ils réagissent. Qui va collaborer ? Qui va contre-attaquer ? Qui va se retrouver piégé au milieu ? Qui va remettre en cause son propre jugement moral ? Qui va devenir un kamikaze ? Qui va gifler quelqu’un à cause de ça ? Tous ces sujets nous sont contemporains, et on ne peut pas les traiter à la légère. Moore brouille un peu les cartes pour que l’allégorie avec le monde actuel ne soit pas trop évidente. Par-dessus tout, il essaie de ne pas transformer Battlestar Galactica en une série à message.

Sébastien


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