Dune 3 : Pause terminée pour Denis Villeneuve

Date : 23 / 10 / 2024 à 13h00

Par : Christophe Dasse

Sources :

Deadline

Denis Villeneuve affirme que sa pause est terminée, et qu’il retournera derrière la caméra plus vite qu’il ne le pense pour filmer le troisième volet de son immersion au plus profond de l’univers de Dune de Frank Herbert.

"Je suis en plein dans l’écriture," dit le réalisateur en parlant du Messie de Dune, bien qu’il ait pris soin de ne pas l’appeler Dune : Partie Trois. Villeneuve insiste sur le fait que Dune et Dune, deuxième partie sont "pour moi comme une seule entité. C’est un film en deux parties. C’est fini, c’est terminé."

Le réalisateur franco-canadien dit qu’il aurait pu s’arrêter après Dune, deuxième partie, "mais oui, comme Herbert l’a fait avec Le messie de Dune, je pense que ce serait une excellente idée de faire quelque chose de complètement différent. L’histoire se déroule environ 12 ans après là où nous avons laissé les personnages à la fin de la partie deux. Leur voyage, leur histoire est différente cette fois-ci, et c’est pourquoi je dis toujours que même si c’est le même monde, c’est un nouveau film avec de nouvelles circonstances." Ce nouveau film, poursuit-il, "achèvera l’arc de Paul Atréides."

Cela mettra également fin à l’association de Villeneuve avec l’univers de Dune, même si Herbert a écrit quatre autres suites après Le Messie de Dune.

Villeneuve affirme que les acteurs principaux de Le Messie de Dune seront Timothée Chalamet dans le rôle de Paul Atréides, Zendaya dans celui de Chani, la guerrière Fremen qui tente de le guider, ainsi que Florence Pugh et Anya Taylor-Joy.

"Ils doivent revenir. Ils font partie du casting principal. Et il y aura plus de vers. Que puis-je dire ?" dit-il en haussant les épaules.

Lorsqu’on lui demande si le tournage pourrait commencer fin 2025 ou début 2026 comme il l’avait suggéré l’année dernière, il murmure "2026", avant d’avoir l’air perplexe.

"Ces films prennent beaucoup de temps à être réalisés, donc il vaut mieux ne pas dire à haute voix quand je pourrais tourner," dit-il en levant les yeux pour voir sa publiciste de longue date, Bebe Lerner, qui s’est stratégiquement placée dans son champ de vision. "Malheureusement, je suis censé me taire," dit-il en riant.

"Disons," commence-t-il, "qu’après le second film, je pensais prendre une pause, retourner dans les bois et y rester un moment pour me ressourcer. Mais les bois ne me convenaient pas vraiment, et je retournerais derrière la caméra plus vite que je ne le pense. Mais c’est tout ce que je peux dire."

Dune, deuxième partie est l’une de ces rares occasions où une œuvre artistique cinématographique se cache sous un blockbuster. Pour une raison quelconque, bien que ces films soient, évidemment, complètement différents : le succès de Dune, deuxième partie rappelle les réalisations artistiques et au box-office du Parrain 2 de Francis Ford Coppola. Et l’intimité dans sa grandeur épique rappelle Lawrence d’Arabie de David Lean. Ces deux films ont remporté l’Oscar du Meilleur Film.

Villeneuve, qui est au milieu d’une campagne effrénée pour la saison des récompenses pour le film de Warner Bros. Pictures et Legendary Pictures, accueille de telles comparaisons avec plaisir. "Quand on y pense, Dune, deuxième partie ne parle pas vraiment de technologie. Ce n’est donc pas vraiment de la science-fiction. C’est plus un voyage humain. C’est plus un film d’aventure, mais aussi, encore une fois, un voyage humain. Et donc la technologie est plus en arrière-plan," dit-il.

Le point essentiel de Dune est le désir des Fremen de transformer leur terre désolée en une terre fertile, et c’est encore plus pertinent aujourd’hui que lorsque Herbert a écrit ses histoires," affirme Villeneuve de manière convaincante.

Ce qui l’a également intéressé, ce sont les cultures explorées par Herbert "et le choc entre ces cultures, ainsi que le jeu politique entre elles, et le parcours de cet adolescent, Paul Atréides, qui devient un homme en contact avec une nouvelle culture à travers Chani, cette jeune femme. Leur relation est au cœur du film. C’est comme si tout le film était structuré autour de la relation entre Paul et Chani."

Mais, principalement, il remarque à propos du roman : "J’aime l’idée que, à travers les yeux de Paul Atréides, nous découvrons une culture, que nous commençons à tomber amoureux de cette culture… et ce qui m’a ému dans le livre au départ, c’est l’idée qu’un jeune homme puisse consolider son identité dans une autre culture et se retrouver. C’est magnifique."

Il est clair que Villeneuve adore les personnages qui peuplent l’univers de Dune, en particulier, dit-il, voir Paul tomber amoureux de Chani. "Mais malheureusement, la politique du monde le ramènera à ses origines," et c’est là la tragédie de Paul Atréides parce que, en fin de compte, "il devra faire quelque chose de terrible et trahir l’amour de sa vie. C’est donc une histoire très intime qui ouvre toute l’ampleur du film."

"La création de mondes est amusante," dit-il en parlant de son travail avec le décorateur en chef Patrice Vermette, avec qui il a collaboré pour la première fois sur Prisoners il y a 12 ans. "Il s’agit de tenter de créer visuellement sans mots la profondeur des tribus qui vivent dans ces mondes pour que l’on puisse ressentir la racine de leur façon de penser, de leurs comportements, de leurs coutumes culturelles."

"Tout film, grand ou petit, est difficile à réaliser, mais les blockbusters peuvent prendre plusieurs années de "longs voyages, de longues heures," explique Villeneuve. "Et il est essentiel que je trouve des personnes avec qui je pourrai travailler pendant les trois prochaines années ou plus. Je ne suis pas là pour me faire de nouveaux amis, mais la créativité implique de la vulnérabilité. Elle implique de la confiance. Et si je veux diriger, mon cœur doit être absolument ouvert, et je dois être en totale communication avec les êtres humains qui m’entourent." Sa règle numéro 1 est : "Je ne pourrais pas travailler avec quelqu’un qui serait abrasif ou toxique. Quand je fais un casting, bien sûr — le talent d’abord — je cherche les meilleurs acteurs, mais aussi quelqu’un avec qui je serai sûr de pouvoir communiquer."

Il explique : "Il y a toujours un moment avant tous les projets où vous prenez un thé ou un café avec l’acteur ou l’actrice. À ce moment-là, il y a beaucoup de choses que vous pouvez ressentir. Vous savez comment la personne écoute, quel type d’être humain vous avez en face de vous, et c’est le test du café. Ce moment est extrêmement important. C’est plus important que n’importe quelle audition. Encore une fois, je ne me fais pas d’amis, mais je cherche quelqu’un avec qui je pourrai travailler."

C’est la même chose avec les chefs de département et les membres clés de l’équipe. "Vous devez vous assurer que ce sera quelqu’un qui ne sera pas narcissique, mais quelqu’un qui est là par amour du cinéma, avec qui vous pouvez partager la créativité. En notant les milliers de noms dans les crédits de fin de Dune, deuxième partie, je suggère que c’est comme être un général Patten, devoir diriger toutes ces personnes et savoir quand la guerre prendra fin, pour ainsi dire. Vous êtes en difficulté quand il y a plus de personnes dans les crédits de fin que dans votre ville natale," dit-il en souriant. "Ces films sont des monstres." Il ne connaît pas le nombre exact de personnes qui ont travaillé sur le film, mais il estime que c’est entre trois ou quatre mille, voire plus. "C’est pourquoi il faut avoir de grands chefs de département pour répartir les responsabilités. La collaboration est l’une des plus belles choses du cinéma. C’est l’idée que le cinéma soit une forme d’art collective et que travailler avec d’autres êtres humains pour créer de la poésie, c’est ce qui a du sens pour moi.

Entre sa "pause" et les préparatifs pour Le Messie de Dune, Villeneuve garde un œil sur plusieurs autres projets futurs possibles, dont le film Cléopâtre, en développement depuis longtemps, basé sur la biographie à succès de 2010 de Stacy Schiff sur la reine égyptienne.

"C’est un projet très difficile, fantastique, mais très ambitieux, et l’écriture doit être parfaite. C’est un projet à très long terme. C’est une bête à apprivoiser."