Star Trek Picard : Critique 3.08 Surrender
STAR TREK PICARD
Date de diffusion : 7/04/202
Plateforme de diffusion : Paramount+ / Prime Video
Épisode : 3.08 Surrender
Réalisateur : Deborah Kampmeier
Scénaristes : Matt Okumura
Interprètes : Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Jeri Ryan, Amanda Plummer, Gates McFadden, Michael Dorn, LeVar Burton, Marina Sirtis, Brent Spiner, Michelle Hurd, Orla Brady, Ed Speleers et Todd Stashwick
LA CRITIQUE FM
Tout ça pour ça...
Ce n’était pas difficile de comprendre que la finalité première de cette troisième saison de Star trek Picard, c’était cette réunion familiale autour de la table du cast de la Nouvelle Génération. Mais, pour arriver à ce moment censé faire exploser la nostalgie des fans, était il vraiment besoin de passer par un épisode au bord du total pathétique.
Première considération esthétique. Depuis le début de cette saison, la production respecte la sobriété énergétique et éclaire ses plateaux à la bougie. Alors quand Vadic ordonne d’éteindre les lumières, c’est un peu comme quand Coluche faisait son sketch sur la lessive qui lave plus blanc que blanc. La production de Star Trek fait désormais plus sombre que sombre...
Sur le personnage de Vadic, quel gâchis... Avoir une super actrice capable d’exprimer une palette de nuances pour ses personnages et lui faire jouer cette caricature de méchante d’opérette... Ce n’est pas une mauvaise idée d’utiliser Deanna Troi pour comprendre la nature de Jack, mais faire disparaitre Vadic au huitième épisode, alors que son rôle semblait être primordial en ce domaine, c’est aberrant. D’autant plus, que la crainte de Vadic, envers les vrais commanditaires de l’intrigue, avait beaucoup de potentiel de développement pour ce personnage.
Suspension d’incrédulité à son maximum : Worf arrive, dont on ne sait où, comme par hasard au bon moment. Jack débarque sur le pont principal, Jean Luc et Beverly rejoignent Geordi, le tout sans problème alors que le vaisseau est toujours sous contrôle de Vadic. Et que dire de la résolution qui expulse Vadic dans l’espace. Pour que le plan de Jack marche, il fallait que le reste de l’équipage soit évacué, ce qui était loin d’être évident. Et sur la solution technique, je n’ai pas la connaissance encyclopédique d’Yves ou Thomas sur les vaisseaux, mais cela me semble bien du n’importe quoi.
A nouveau, on se demande à quoi sert la présence de Seven et surtout Raffi. La première râle un peu sur la passerelle, l’autre est transparente et a juste le droit de faire un petit combat en fin d’épisode.
Riker et Troi en prison... Pendant un moment, je me suis demandé si je ne regardais pas un épisode d’Amour, Gloire et Téléportation. Ca blablate un max sur leurs problèmes de couple avec des dialogues dignes d’un soap de la mi-journée. Ce qui est le cas également de la fameuse réunion TNG. Que de banalités autour de la table pour ce moment qui aurait dû devenir culte...
Seul moment qui trouve grâce à mes yeux cette semaine, c’est la résolution du dilemme Data/Lore. Pas tant sur la façon dont cela se passe mais sur l’interprétation de Brent Spinner qui est impeccable.
Il ne reste que deux épisodes. Maintenant que la Nouvelle Génération est enfin réunie, j’espère que cela va enfin déboucher sur quelque chose de vraiment intéressant. L’espoir fait vivre...
LA CRITIQUE TB
Il n’est pas rare, lorsque l’on a rien à raconter, de faire ce qui s’appelle du remplissage. Et l’épisode du jour est une référence du genre, un écrin de la catégorie, tant il dilue à l’extrême absolument tout ce qu’il s’y passe (c’est-à-dire quasiment rien) en noyant le spectateur sous deux choses : l’autosatisfaction du cast originel et un véritable récital de cabotinage par Amanda Plummer. Hormis cela, le fil rouge trouvera le moyen de faire encore du surplace durant ces 50 minutes qui en paraissent aisément le double, et le reste ne sera que péripéties, clichés, et aussi une petite dose de plagiat. Au moins, la profanation absolue de l’épisode précédent accuse cette semaine la même dilution, c’est toujours ça de gagné. Cela étant, le spectateur averti, soucieux que l’histoire se décide enfin à avancer, pourra être légitimement tenté de lire un résumé de la vacuité sidérante de l’épisode, et d’embrayer directement sur le suivant. Car bien plus qu’un sentiment de trahison (pourtant bien présent), ce qui domine cette semaine, c’est un ennui d’une puissance rare, auquel vient parfois se mêler un sentiment de fascination horrifiée. Comme l’aurait dit ce grand philosophe français, Brice de Nice, cet épisode est comme le "h" de Hawaï : il ne sert à rien.
Nous commençons sur une Vadic se grillant une cigarette et décidant de plonger le vaisseau dans le noir, ce qui aura toutefois le mérite d’être raccord avec l’éclairage depuis le début de la saison. Évidemment, on sera sidéré qu’en plus d’une incurie tactique digne de l’armée de Kaamelot, personne sur la passerelle n’ait bloqué les commandes avant que Vadic ne mette la main dessus. Pendant qu’elle s’écoutera commenter de façon aussi imagée que bouffie de prétention ses propres actions, nous verrons les couloirs s’éteindre (sauf les éclairages horizontaux à hauteur de regard, ce qui est plus aveuglant qu’autre chose) et l’équipage être traqué et abattu dans ces éternelles coursives, toujours aussi cheap, où se sera déroulé une bonne moitié de cette saison.
Picard constatera, depuis le réduit pourvu d’un terminal où il se terre avec Jack, Sidney et Beverly, que Vadic prend le contrôle de tout le vaisseau. Et utiliser les codes de commandement dont tout officier supérieur dispose, peut-être ? Eh bien nous apprendrons plus tard qu’ils sont désormais efficaces uniquement depuis la passerelle, car Vadic a bloqué tous les autres terminaux. Ce qui, en revanche, ne répondra pas à l’évidente question : pourquoi ne pas les avoir utilisé à la seconde où l’ennemi est arrivé sur la passerelle pour, au hasard, l’empêcher de prendre les commandes ? Ce ne sera que la première incongruité d’une remarquable série, le but étant de faire durer 50 minutes une péripétie qui aurait dû être réglée en 5. Notons au passage Geordi qui pense enfin à déconnecter Lore du vaisseau, ce qui ne fait jamais qu’un épisode de retard.
Jack utilise alors son super-pouvoir de corps astral/lecture des pensées/possession pour faire un état des lieux, pour finalement redire ce que Picard et Vadic ont déjà dit — des fois que nous ayons du mal à suivre et que l’épisode ne se répète pas assez — à savoir que l’USS Titan est contrôlé par l’ennemi, avant que cette dernière ne parle par l’intercom pour exiger que Jack ne se rende. Faute de quoi, elle fera joujou avec le vaisseau et les vies à son bord. Même un antagoniste de chez Disney est moins caricatural, et le surjeu/cabotinage absolu d’Amanda Plummer rendra encore plus indigeste sa performance du jour, d’une lourdeur exemplaire.
Pendant ce temps, sur le Shriek, Deanna panse les plaies de son mari. Ils sont sympas, quand-même, sur ce vaisseau : on te torture mais on te met en cellule avec ta femme. Nous aurons bien évidemment droit à un échange pur fan-service/soap/pathos, où ils évoqueront l’épiphanie de Riker — toujours blâmé comme s’il avait déserté le domicile conjugal alors qu’il est parti sauver la Fédération —, lui de réaliser combien sa femme lui a manqué, elle d’évoquer ses compétences comme cuisinier et amant, avant de s’interroger sur le fait d’avoir donné le compromised code à Vadic. Quel fantastique sens des priorités : on parle de pizza avant d’évoquer le code donné sous la torture ! On ne sait d’ailleurs toujours pas quelle différence ce code a pu faire dans l’abordage, vu à quel point les membres du Titan se sont battus comme des pieds (sauf Jack), avec une incurie tactique totale, et en utilisant de l’armement pour moins de six ans.
Revenons sur Vadic, ou plutôt la passerelle, ou Shaw se surpassera une nouvelle fois dans l’art d’être aussi désagréable qu’hors de propos :
« Seven : Don’t give me that look. I won’t apologize.
Shaw : You should have blown the turbolift.
Seven : But i didn’t. And i’d make the same decision again. I draw the line at trading lives
Shaw : You are a Starfleet officer. You don’t have the luxury to only make choices that feel honky-dory. Everything has consequences.
Seven : Consequences like saving your life ?
Shaw : Commander Hansen...
Seven : My name is Seven of Nine.
Shaw : Consequences that haven’t happened yet. Not just to you or me, but to the entire ship. »
D’une, vu comment les assaillants se relèvent après avoir été perforés par des tirs de phaseurs, on doute que cela les aurait tué de faire exploser le turbolift. De deux, cela n’aurait rien changé à la prise de la passerelle puisqu’une escouade entière est arrivée simultanément par un second accès. De trois, Shaw est le capitaine du vaisseau, s’il voulait que Seven détruise le turbolift, c’était à lui d’en donner l’ordre avant de partir, et certainement pas à un officier subalterne de prendre l’initiative de tuer son supérieur. De quatre, il n’avait qu’à bloquer le turbolift à l’aide de ses codes de capitaine lorsqu’il est arrivé en bas. Et pour finir, quand on n’est pas foutu de s’assurer que l’adversaire sur lequel on vient de tirer est bien neutralisé, on évite de la ramener. Comme d’habitude, Shaw est ici la voix stupide et inconséquente des auteurs qui veulent, dans leur prétention qui n’a d’égale que leur ignorance, faire la leçon sur ce qu’un Starfleet Officer est censé être. S’ils avaient une once d’humilité et de remise en question, Shaw serait muet, et définitivement.
Vadic, dans une tirade encore une fois trois fois plus longue que nécessaire, dira à Jack de venir sur la passerelle sans quoi elle tuera une otage toutes les dix minutes. Un chantage qui serait sûrement plus probant si tout le monde à bord n’était pas au courant que Jack est nécessaire pour accomplir le plan prévu pour Frontier Day, vu que là, c’est menacer quelques vies pour obtenir le moyen d’en détruire des milliards. Jack voudra pourtant foncer sans réfléchir, mais Picard le raisonnera, ce qui poussera son fils à nous sortir une tirade pseudo-intimiste pour (enfin !) dire qu’il a développé un super pouvoir depuis déjà plusieurs jours. Beverly se décidera donc (enfin !) à scanner au tricordeur la tête de son fils, uniquement pour trouver… son activité cérébrale normale ! Cet homme enchaîne les rêves éveillés, lit dans la tête des gens, est en conflit avec une entité planquée derrière une porte rouge dans son esprit, peut posséder les gens et entendre ce qu’ils pensent, mais son activité cérébrale est normale ?! Il serait donc logique d’en déduire que c’est uniquement lors de ses phases "yeux rouges" qu’il y aurait quelque chose de visible, mais sa mère n’y pensera pas et ne procédera plus au moindre examen par la suite. Faudrait tout de même pas que le médecin de bord serve à quelque chose.
Picard verra toutefois l’occasion d’utiliser son override codex — oui, le fameux qui doit désormais être utilisé de la passerelle pour pouvoir fonctionner — et le donnera à Jack pour qu’il l’utilise via un des otages. Il réussira, mais non sans être repéré par Vadic qui l’empêchera de valider le code en bloquant le bras du "possédé". Et valider par commande vocale, comme on pouvait le faire il y a 30 ans ? Ou basculer dans un second corps pour finir le travail ? Car on sait que Vadic va tuer quelqu’un en cas d’échec, donc il serait logique de tenter le tout pour le tout, mais non, car cet épisode dont l’enjeu tient sur un timbre serait immédiatement résolu, et il faut encore tirer 40 minutes. Notre antagoniste, au surjeu digne de La folle de Chaillot, se lancera dans une nouvelle tirade de sadisme mafieux puéril, pour choisir quel otage exécuter. Après avoir fait gagner trois minutes à l’épisode et cabotiner au-delà du supportable, elle désintégrera l’officier Vulcain. Il est pour le moins symbolique de tuer l’incarnation vivante de la logique dans une série et un épisode qui s’en foutent allégrement. Au moins le Vulcain n’a pas souffert, contrairement à nous autres, pauvres humains dotés d’un lobe frontal.
Retournons sur le Shriek en compagnie du couple Riker/Troi, qui meublera cet épisode plus vide que l’espace d’une séance de psychologie de comptoir entrecoupée de confessions pathos. Soit un biscuit au sucre sur son canapé de glucose. Ils en profiteront pour s’avouer mutuellement qu’ils détestent Nepenthe et voudraient tous deux en partir. On pourra toujours apprécier cette lantern, très certainement en réponse aux nombreuses critiques formulées en saison 1, sur l’incohérence évidente de retrouver deux officiers émérites coupés de toute civilisation. Ce que l’on appréciera moins, c’est entendre Deanna parler de hipsters au 24ème siècle comme si ce terme figurait toujours dans le vocabulaire courant. Et pour ce qui est de leur fille, autochtone de la planète ? OSEF, ils la mentionnent à peine, ce qui compte ici c’est de penser à sa gueule et parler de son nombril. Entre ça et le déballage sans la moindre pudeur de leur ressenti mutuel, on se sent encore une fois bien loin de Star Trek, et bien plus proche de Dallas.
Un geôlier viendra (Q soit loué !) mettre un terme à cette scène lourde et inutile, avant d’être empalé puis désintégré par un Worf arrivé par un portail du script. Magnifique enchaînement (et si pacifiste) où, plutôt que de désintégrer immédiatement et à distance, on préfère tuer au corps à corps avant d’utiliser son phaseur comme un Dyson. Vers l’infini du ridicule... et au-delà. S’ensuivra une nouvelle séance de retrouvailles, que Riker finira par qualifier à raison de torture — superbe rupture parfaitement involontaire du 4ème mur — vu comment le speech de Worf fera regretter le kloug d’avant son arrivée.
Jack est en plein désarroi, arguant qu’il n’a plus le choix et doit se rendre pour sauver les autres otages. Car nous apprenons de la bouche de Sidney que, malgré le codex en possession de Picard, les systèmes sont toujours bloqués, et que le code de Vadic demanderait des semaines à être craqué. Voici donc l’explication des auteurs au fait que le contrôle du vaisseau est impossible à récupérer. Dans "override codex", il y a pourtant "override", non ? Donc peu importe le terminal utilisé, celui-ci devrait immédiatement devenir le PC d’urgence une fois le code rentré. Alors que, jusqu’ici, il était suggéré que Vadic avait coupé le courant, rendant les autres terminaux inutilisables, maintenant on nous dit que c’est le facteur temps qui pose problème. Quel impérial sens de la cohérence et de l’informatique, on en reste coi. La boulette : il manquait « le piratage pour les nuls » dans la brouette de la semaine dernière, ceci explique cela...
Bref, cette sous-péripétie a évidemment pour but d’obliger le groupe à utiliser Data pour reprendre le contrôle du vaisseau, et ils partiront retrouver Geordi. Bon, encore une incohérence de compétition, mais comment ont-ils traversé un vaisseau dans le noir, aux systèmes bloqués (donc pas de turbolift ni même la possibilité de franchir un sas intermédiaire) et infesté de patrouilles ennemies, sans rencontrer le moindre problème ? Sans doute le portail de script utilisé par Worf, cette technologie est décidément épatante... Geordi les accueille en les braquant de son phaseur et en posant une question-test à Picard : que lui a-t-il offert pour son anniversaire il y a six ans ? Il s’agissait, ô surprise, d’un Château Picard que Geordi n’avait guère trouvé à son goût. Par-delà ce running gag qui établit de façon récurrente que Jean-Luc produit une infâme vinasse et n’est de surcroît pas capable de l’admettre, on est en droit de trouver cette question-test particulièrement faible pour s’assurer d’une identité. Il est en effet probable que le premier Changeling venu tenterait cette réponse compte tenu de l’obsession de Picard à offrir son picrate rance à tout le monde, tout le temps. Mais Geordi sera convaincu par la susceptibilité immédiate de Picard sur le sujet, ce qui a au moins le mérite d’être un tell un peu plus fiable, plagiant, euh, évoquant la mémorable façon dont Wolverine avait convaincu Cyclop de ne pas être Mystic dans X-Men.
Pour expliquer le plan à Geordi, Jack emploiera cette phrase : « We need your robot friend to talk to the ship, access its system and override Vadic’s bridge command. ». Donc voilà, plus de doute possible, les auteurs ne savent pas lire, ou du moins se relire, car pourquoi diable Data serait plus idoine qu’un code spécifiquement prévu à cet effet pour faire cet override ? Passons, il fallait bien trouver un prétexte, aussi frelaté soit-il, pour tirer 30 minutes de plus. Geordi est assez peu enthousiaste, car cela implique que Data efface son frère pour y parvenir, ce qui, selon lui, violerait ses ethicals subroutines lui interdisant de prendre une vie. Mais quand sa fille lui rétorquera qu’ils sont à court d’options, Geordi dira juste que ça va prendre du temps. Et pour le coup, Sidney a bien raison de bousculer son chouineur de père. Parce que Data n’a pas été conçu selon la Première Loi de la Robotique d’Asimov, mais avec un libre arbitre semblable à celui de son frère, qui n’a jamais eu trop de problèmes pour prendre des vies. Data non plus, d’ailleurs, peuvent en témoigner les Borgs de First Contact, l’équipage du Scimitar dans Nemesis ou encore Fajo dans TNG 03x22 The Most Toys (sauver par une téléportation mais l’intention de Data était sans ambiguïté). De plus, on sait depuis longtemps que les ethicals subroutines sont reprogrammables (comme dans VOY 06x01 Equinox, Part II) et si cette opération est plus difficile sur un cerveau positronique, elle n’a rien d’impossible (TNG 06x01 Descent Part II). Donc non seulement Data peut prendre une vie car sa programmation ne l’en empêche pas — ce qui est la moindre des choses pour un officier de Starfleet, sujet à la discipline militaire —, mais en plus ce serait un faux problème. Geordi et le « h » de Hawaï sont manifestement cousins, comme Beverly.
Jack dira qu’il connaît le moyen pour gagner du temps — une allégorie de l’épisode, quand on y pense — et partira pour la passerelle. Mais n’allons pas trop vite et rendons-nous dans le cerveau de Data pour assister au duel entre les deux frères.
Un décor impayable, vu qu’il s’agit d’une grande salle vide, sur fond blanc. Toujours plus cheap, tel une spirale sans fond de la nullité faite décor, c’est vertigineux. Pourtant, que voilà une belle occasion manquée de revisiter certains lieux clés de la vie de Data sur fond de duel mental, mais ça demanderait un minimum de talent et de budget pour être mis en scène, donc n’en parlons plus. Au lieu de cela, les frères vont avoir un échange convenu et sans saveur, où Lore dira que ses souvenirs sont plus puissants car ils évoquent la conquête et le pouvoir. Allons donc, encore ce simplisme usé jusqu’à la corde ? Car sauver des vies et des mondes, dédier son existence à un idéal transcendant, et avoir accumulé savoir et connaissance sont évidemment plus faibles que de se vivre comme un égotique total, obnubilé par sa personne et ayant échoué dans chacun de ses plans ? Encore cette médiocrité morale érigée en principe théorique, à l’image des auteurs, qui se prennent pour des têtes, alors qu’ils rappellent sans cesse leur ignorance et leur incompréhension de tout ce qui dépasse leur vision médiocre et mesquine. La vérité, c’est que Data devrait écraser son frère au même titre qu’un vampire se désagrège devant la lumière du soleil. Mais cela serait logique, tout comme cela empêcherait de tirer dix minutes grâce à un affrontement cousu de fil blanc. Et pas de ça chez Kurztman, on a des standards à respecter !
Worf et compagnie retrouve Raffi sur le Shriek — on imagine que c’est une journée portes-ouvertes vu comment l’endroit est une passoire —, plus précisément où est stocké le cadavre de Picard, retrouvé off screen comme à peu près tous les éléments scénaristiques d’importance. Musiker révélera que la partie convoitée par les métamorphes était son lobe pariétal, infecté par l’irumodic syndrome. Alors qu’ils rechercheront dans la base de données le pourquoi de l’opération, l’alarme retentira, nous privant une nouvelle fois d’avoir la moindre réponse à cet enjeu qu’on trimballe depuis l’épisode 03x05. Tout miser sur la mystery box est déjà une narration des plus pauvres, mais botter systématiquement en touche à chaque fois que l’on pourrait enfin avoir des éléments à analyser, c’est le plus pathétique cache-misère qu’un scénariste puisse employer.
Vadic, qui comprendra alors que Riker et Troi se sont échappés, le prendra très mal et voudra tuer quelqu’un en représailles. Mais c’est alors que le turbolift sera annoncé comme actif et amenant quelqu’un sur la passerelle. Ah tiens ? Et comment ? Depuis le début de l’épisode, on nous répète que Vadic contrôle tous les systèmes, mais on peut emprunter le turbolift et venir faire un coucou sur la passerelle ? Pas une minute qui tienne debout aujourd’hui, c’est proprement fascinant ! Jack sortira de l’ascenseur et brandira un détonateur thermal, euh, un "unknown device" qui y ressemble beaucoup, à tel point que si Disney décidait d’attaquer pour plagiat, la défense serait ardue.
Lore est, à en juger par la représentation de la matrice sur l’écran de Geordi, en train d’écraser son frère. Ce dernier en profite (et ne servant toujours à rien) pour dire qu’il est impossible d’aider Data et qu’il doit gagner cette bataille seul. Pourtant, dans sa tête, tout semble indiquer qu’il se dirige vers la défaite, Lore continuant de se pavaner et Data d’admettre qu’il est impuissant, offrant ses souvenirs à son frère en gage de soumission. Mais comme d’habitude, le montage alterné reprendra au bout de 30 secondes et nous retournerons à Jack qui fait une menace au suicide, exigeant de Vadic qu’elle relâche les otages. Elle acceptera, et tous partirons sauf Seven qui restera sans que ça ne gêne personne. Vadic nous fera un énième speech à rallonge pour finir par demander à Jack s’il n’est pas curieux de savoir ce qu’il y a derrière la porte rouge. Comment sait-elle ce qu’il se passe dans sa tête avec une telle précision ? Nous ne le saurons jamais, en revanche il devient difficile de ne pas deviner ce qui se trouve derrière cette fichue porte. Entre le fan service permanent et le manque d’imagination des auteurs, qui veut parier sur un Pah-wraith ? On sera fixé la semaine prochaine, vu que cet épisode ne fera pas avancer cela non plus.
Lore continue son implacable réécriture du code de Data, lequel continuera d’offrir ses souvenirs à Lore, qui commencera tout de même à se demander pourquoi, mais pas au point d’arrêter de les prendre. Quelle supériorité mentale manifeste, on comprend pourquoi Data n’avait aucune chance... Bien entendu, c’était le plus évident cheval de Troie de l’histoire de l’audiovisuel, ce qui permet, après avoir tiré en longueur et fait croire à la mort de Data (encore !) de le voir triompher de son frère, dont la seule caractéristique véritablement supérieure, en dehors de l’arrogance, est la stupidité. Adieu, Lore, comme tant d’autres avant toi, tu n’auras été ressuscité que pour crever comme un abruti. Star trek Graveyard est décidément un des nombreux surnoms péjoratifs mérité par cette série.
Data s’emploie immédiatement à reprendre le contrôle du vaisseau. Les lumières reviennent et les systèmes sont récupérés à grande vitesse. Data, qui n’a désormais plus aucune singularité de personnalité — afin que Brent Spiner soit dans un confort total pour le jouer, sans la moindre contrainte —, fait une annonce pour intimer aux occupants indésirables de foutre le camp sans se retourner. Et les téléporter en cellule ? Non, car d’une part cela serait bien trop civilisé, et d’autre part, Raffi n’aurait pas l’occasion de jouer à la ninja en découpant les fuyards en morceaux. Fuyards qui, très opportunément, ont oublié qu’ils sont armés de phaseurs et foncent au corps à corps pour se faire tailler en fines tranches. Une séquence aussi ridicule que non-trekkienne, merci à Secret Hideout pour être fidèle à ses standards. Jack activera sur la passerelle son schmillblick, qui était en fait un champ de force portable englobant désormais Seven — qui n’aura, elle aussi, définitivement servie à rien et aurait mieux fait de partir — et lui-même. C’est alors qu’un grand moment de Kurtzmania aura lieu : Picard ordonne de dépressuriser la passerelle ! Par Q, ils l’ont fait ! Starfleet est désormais assez stupide pour construire un vaisseau décapotable sur l’endroit le plus critique du vaisseau (avec le warp core) ! Un virus ennemi et hop, tout le senior staff dans l’espace ! Et c’est sans parler de l’aspect moral abject qui est, littéralement, de passer par le sas des ennemis que l’on pourrait faire prisonniers ! Immonde et bête à manger du foin, il convient d’applaudir cette séquence d’anthologie kurtzmanienne, au panthéon du genre.
Vadic, expulsée par la dépressurisation, dérivera en congelant pour aller se fracasser tel le T-1000 sur son propre vaisseau. Car maintenant, un Changeling meurt dans l’espace. Retcon et révisionnisme à nouveau. On se souviendra, contrairement à cette writing room de pitoyables amateurs, que dans DS9 07x14 Chimera, Odo rencontre son semblable (Laas) dans l’espace, y ayant pris la forme d’une créature à même d’y survivre et de s’y mouvoir. Pour nous étouffer sous le fan-service inutile et putassier, ils sont imbattables, mais pour se souvenir de cette donnée sur l’espèce qu’ils mettent en scène — et qui les priverait de plagier Terminator après avoir plagié Star Wars —, il n’y a plus personne. Et même en supposant que — c’est-à-dire en faisant le travail des auteurs à leur place vu qu’ils n’ont jamais pris ni le temps ni le soin d’évoquer cette option —, suite aux expériences qu’elle a subi, Vadic soit désormais incapable d’adopter cette forme (bonjour "l’évolution" de l’espèce), le fait qu’elle n’essaie même pas de s’agripper via quelque tentacule et de se réfugier dans un conduit resterait aberrant. Donc n’ergotons pas, c’est bel et bien lamentable.
Mais histoire de rajouter quelques morts bien gratuites, Shaw, dès son commandement récupéré, ordonnera à Seven de détruire le Shriek, corps et biens. Le vaisseau est à l’arrêt, boucliers baissés, son commandant vient d’être tué et la moitié de son équipage est sur le Titan en train de se faire massacrer et désintégrer méthodiquement dans les coursives (ils les aiment leurs coursives). Par contre, demander sa reddition, ils n’essayent même pas ! Et n’oublions qu’en plus d’être infâme moralement, c’est tactiquement stupide, tant le Shriek regorgeait de technologies, mais aussi de données capitales (ne serait-ce que la raison pour laquelle ils voulaient l’irumodic syndrome) et de preuves pour exposer la conspiration. Du grand Secret Hideout, où la morale est systématiquement aussi absente que l’intelligence.
Worf nettoie les couloirs avec son phaseur-Dyson, car tuer en masse, façon "nettoyage ethnique", ça fait beaucoup de cadavres à désintégrer. S’ensuivent cinq minutes, montre en main, de retrouvailles, puisque le cast originel est désormais totalement réuni. Cette séquence fera sans doute plaisir (et même suffira) à certains, mais beaucoup n’y verront qu’un nouveau et très appuyé usage de fan-service pour masquer la vacuité et la médiocrité de l’ensemble. Et en filigrane, voir tous ces anciens ténors de Star Trek s’auto-congratuler de se retrouver et dire combien cela fait trop longtemps, alors qu’en parallèle, ils ont tous contribué à trahir leurs personnages jusque dans leurs fondamentaux, cela laisse un très sale goût. Mais finissons-en et buvons ce Château Picard jusqu’à la lie.
Réunis autour de la table de briefing, ils récapitulent qu’ils ne savent pour ainsi dire toujours rien — nous ne sommes qu’à 80% de la saison, après tout, rien ne presse... — hormis que Jack est lié à ce qui est prévu pour le Frontier Day, d’ici quelques heures (no shit, Sherlock !). Deanna rajoutera qu’il y a les ténèbres en lui, ou plutôt autour de lui, et surtout une voix qui n’est pas la sienne. En tant que conseillère pourvue d’aptitudes empathiques (voire télépathiques), elle décidera alors d’aider Jack en ouvrant mentalement la porte rouge avec lui. Et évidement, le cliffhanger d’épisode se fera sur la poignée de porte, avec Jack posant sa main dessus. Donc pour avoir enfin un élément tangible de réponse, revenez la semaine prochaine. Allons, ne feignons pas la surprise, un épisode aussi creux et inutile se devait d’avoir un final à la hauteur du reste...
Cet épisode est l’une des plus pathétiques excuses pour dérouler du métrage que l’on puisse trouver dans le FakeTrek, et pourtant la compétition n’est pas en reste. Diluant sur 50 minutes un sous-enjeu de pure péripétie (récupérer le contrôle du vaisseau, ni plus ni moins), se prenant les pieds dans le tapis à pratiquement toutes les scènes sur sa propre cohérence, et masquant son indigence derrière le capital nostalgie des grandes retrouvailles des anciens (orgasme garanti… ou pas), étirées en longueur de façon nauséeuse et malaisante. Les décors se résument encore une fois aux coursives, la passerelle et la salle de briefing (sans oublier le cagibi de Data). Les dialogues sont prétentieux et poseurs, l’antagoniste insupportable de cabotinage et de surjeu (un pont ou plutôt un Golden Gate trop loin pour Amanda Plummer), l’éclairage toujours aussi sombre (voir pire puisque le vaisseau est plongé dans le noir), et la densité de mauvais clichés au beau fixe.
Sur l’aspect SF, nous n’avons rien hormis ce duel mental qui aura au moins le mérite de nous débarrasser de Lore, et moralement, cet épisode continue d’être une glorification de la violence esthétisée et du meurtre en premier recours. Quant à ce fil rouge, tellement étiré, déjà très insuffisant pour alimenter une saison entière, il est ici mis en pause pour les besoins des auteurs, vu qu’ils n’ont rien, mais alors rien d’autre dans leur besace. Il n’y a même pas assez de matériau narratif pour faire un film de deux heures, alors une saison de dix épisodes de 45 minutes, n’en parlons pas. L’ennui éprouvé devant cette histoire qui avance aussi vite qu’une boucle temporelle est renforcé par une réalisation misérable, cheap au possible, dont même les acteurs n’arrivent plus à dissimuler la vacuité. Amanda Plummer nous offre un chant du cygne qui casse les oreilles, et l’on aura du mal à trancher si l’on plus heureux de son départ ou de la mort de son personnage si caricatural. Et même le talentueux Edward Speleers commence à agacer très fortement, contraint qu’il est de devoir jouer toujours la même chose depuis quatre épisodes. Ce n’est pas le cast d’origine qui rattrapera quoi que ce soit aujourd’hui, vu qu’ils ne font majoritairement que se jouer eux-mêmes, en particulier Brent Spiner qui ne joue plus Data, mais un cosplay de Data.
Il n’est même pas utile de juger cet épisode à l’aune des standards trekkiens, vu que même les plus potaches épisodes de TNG racontaient cent fois plus, et bien mieux. En revanche, à l’aune du niveau de croisière kurtzmanien, nous tenons ici une pépite. C’est juste formidable à quel point rien ne tient debout, comment tout se contredit constamment, à quel point personne ne sert à rien hormis les VIP destinés à être mis en valeur (Jack, Data et à la limite Worf), comment l’épisode est encore plus pauvre en décors que les précédents (même le bar ou le District 6 nous manquent aujourd’hui, c’est dire !), et où même les acteurs ne peuvent plus donner le moindre change, compte tenu de l’écriture de dialogues et de personnages si convenus et revus. Il serait presque tentant de rajouter cette semaine une "note Secret Hideout" (qui serait pour le coup de 5/5), car un épisode aussi parfaitement creux et insipide, le tout assaisonné d’une incohérence et une bêtise meurtrière constante, cela mériterait d’être salué.
BANDE ANNONCE