Star Trek Picard : Critique 3.06 Bounty
STAR TREK PICARD
Date de diffusion : 24/03/202
Plateforme de diffusion : Paramount+ / Prime Video
Épisode : 3.06 Bounty
Réalisateur : Dan Liu
Scénaristes : Christopher Monfette
Interprètes : Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Jeri Ryan, Amanda Plummer, Gates McFadden, Michael Dorn, LeVar Burton, Marina Sirtis, Brent Spiner, Michelle Hurd, Orla Brady, Ed Speleers et Todd Stashwick
LA CRITIQUE FM
Alors qu’on a dépassé la moitié de la saison, il est temps de terminer d’introduire les derniers personnages issus de La nouvelle Génération. C’est donc au tour de Geordi La Forge d’apparaitre et comme les autres personnages, les quelques dizaines d’années, qui séparent Star Trek Nemesis de Star Trek Picard, ont modifié de manière substantielle la nature du personnage.
On découvre donc un Geordi assez craintif alors que la sureté de ses deux filles est plus importante que d’aider notre bon amiral à sauver Starfleet et la Fédération d’un énième complot. Son attitude est assez humainement logique, même si ces problématiques devraient avoir été au cœur de la formation d’un haut officier militaire.
Dans les bandes annonces, on pensait obtenir Lore pour la participation à la saison de Brent Spinner. On a bien plus que ça, un gloubigoulga des différentes personnalités des incarnations de l’androïde. C’est l’occasion pour Brent Spinner de ne pas avoir à se rajeunir artificiellement et certainement dans les prochains épisodes de cabotiner un max...
Quant au premier cliffhanger de l’épisode, qui voit l’introduction de Deanna, que dire à part que c’est assez tiré par les cheveux. Pas tant du fait que Vadic ait penser à enlever notre Bétazoïde préférée. Mais la capture de Deanna est trop en ligne avec la capture de Riker. Le hasard fait bien les choses...
Sur la partie Daystrom, j’ai trouvé l’intrigue assez artificielle avec une base, soit disant secrète et ultra protégée, pas crédible pour un sous. Visuellement, alors qu’elle est sensée être gigantesque, on ne se promène que dans un petit couloir. Bref, rien n’est fait pour qu’on puisse y croire. Le retour de Moriarti est sympathique, mais ne sert pas à grand chose.
Enfin, on ne sait plus trop quoi penser du cas Jack Crusher. S’il n’a rien de particulier à part des problèmes psychologiques, pourquoi le Dominion cherche spécifiquement à le capturer ?
Et bon sang ! Pourquoi conserver le corps humain de Picard dans cette base militaire ? Starfleet fait-elle dans la momie ? Mystère...
LA CRITIQUE TB
Au menu de Picard cette semaine, nous avons un de ces épisodes qui, à première vue, pourrait être considéré comme meilleur que le précédent, essentiellement car il use et abuse du fan-service pour masquer sa paresse d’écriture. Mais une fois rentré dans le détail, il conviendra de nuancer très fortement ce niveau « d’amélioration » qui ne concerne bien évidemment que la surface, le vernis, lequel s’écaillera fort rapidement devant une analyse de fond, comme nous allons le voir ensemble.
Cette fois, nous commençons par un plan sur une balise dans l’espace. Sortent de distorsion plusieurs vaisseau de Starfleet — si proches les uns des autres que cela tient du miracle qu’il n’y ait pas de collision entre eux — suivi du Shriek qui nous vaudra une scène où Vadic pestera fortement de ne pas retrouver l’USS Titan mais ce leurre à la place. On s’interrogera toutefois au comment le Shriek vient faire son enquête au milieu de 3 vaisseaux de la Fédération sans même être inquiété. Sûrement un pass VIP...
Amanda Plummer, toujours affublée d’un personnage ridicule vraiment très méchant et vraiment sans nuances, nous sortira, dans un surjeu et un cabotinage indigne de son père dans ST VI TUC, une diatribe fort indigeste sur la vengeance, la paix, et l’unité. Bon, n’oublions pas qu’il y a du monde dans sa tête — au moins un Changeling sourd et aveugle en plus d’elle —, ça pourra expliquer qu’elle fasse des discours cryptiques et poseurs à ses subalternes, sur lesquels nous ne savons d’ailleurs rien, hormis qu’ils sont ill-defined, unshappen à ses yeux. C’est sans doute la dernière insulte à la mode chez les métamorphes, qui soulève toutefois une question : sont-ils le nouvel équivalent des Jem’hadar ou une forme abâtardie de Changeling ? Mystery box et boule de script...
Elle finira ce discours en faisant abattre un subordonné qui aura eu le malheur de faire une observation factuelle et pertinente, avant de terminer son speech auquel il ne manquera que le rire démoniaque de Maléfique pour être aussi caricatural et cliché qu’il ne tente de l’être. Pas d’erreur possible, c’est bien du Kurtzman.
Après ce pré-générique digne des standards lamentables de cette saison (et des précédentes), nous basculerons vers l’infirmerie du Titan où Beverly continuera de nous prouver qu’en plus d’être une mère irresponsable, elle est définitivement devenue la honte de la profession médicale.
En effet, elle expliquera que suite au neuro-scan qu’elle vient de faire passer à Jack, elle a découvert qu’il avait hérité de son père le tristement célèbre irumodic syndorme, et se souviendra de ses cauchemars et de son ami imaginaire de quand il était petit. Pardon, mais depuis quand un docteur du niveau de Beverly Crusher, qui a sauvé des mondes entiers et toujours fait preuve d’un professionnalisme et d’une éthique hors du commun, a pu regarder son fils grandir affublé de cauchemars intenses et parlant tout seul sans jamais, au grand jamais, vérifier qu’il n’avait pas le syndrome de son père, qu’elle connaît très bien et sait être héréditaire ?! Beverly remporte donc simultanément le titre de pire mère et de pire docteur de la Fédération, on peut l’applaudir.
Picard va donc retrouver son fils — toujours dans le même holo-bar, histoire de continuer à recycler le décors — très occupé à se bourrer la gueule et à faire dans l’auto-apitoiement. D’accord, Jack, c’est une mauvaise nouvelle, mais ton espérance de vie demeure conséquente (plusieurs dizaines d’années) et cela te confère des aptitudes hors-norme — comme d’identifier les métamorphes à vue, ce qui tombe quand-même vachement bien — donc peut-être qu’un peu plus de stoïcisme et un peu moins de bourbon seraient envisageables ? Sauf que ce serait se comporter en adulte du 24ème siècle et non en ado égocentré de notre époque, donc non.
Après cette entame fort stimulante, Picard ira accueillir Worf et Musiker au téléporteur, et le Klingon commencera par vanner Picard en qualifiant le vin qu’il lui envoie chaque année d’hydromel rance. Worf a certes appris à méditer comme un Jedi, mais pour la politesse c’est pire qu’il y a trente ans. D’ailleurs, Raffi mettra immédiatement sur le tapis qu’il est devenu un adepte de la méditation, provoquant un « seriously ? » de Riker qui fera office de procuration pour le spectateur, vu combien cette pratique, chez un Klingon, est on en peut plus lore unfriendly. Ceci étant fait, ils se dirigeront en salle de briefing — un objectif progrès compte tenu des standards kurtzmaniens — où l’on récapitulera sommairement la guerre du Dominion, le virus, le sérum, et la paix finale. Shaw, toujours là pour parler à la place des auteurs, en profitera pour dire que visiblement, cela a créé des zélotes désireux de finir le travail commencé à l’époque.
Merci bien, Shaw, mais permets nous un instant de curiosité et n’hésite surtout pas à nous dire comment ces fameux zélotes sont venus du Quadrant Gamma sans trou de ver, parce que nous, ça fait déjà trois épisodes qu’on apprécierait une justification. Et puis peut-être évoquer le nombre de ces derniers, qui sait ? Car sauf erreur, des zélotes forment toujours une minorité au sein d’une population donnée, or ils ont déjà réussi davantage qu’au plus fort de la guerre du Dominion, puisque Starfleet a été compromis — ergo infiltré en masse et à chaque niveau de son infrastructure — et des métamorphes sont à bord de quasiment tous les vaisseaux de la Fédération que l’on croise ! Comme ils ne se reproduisent pas et sont à des décades du moindre renfort, on est en droit de s’interroger sur leur nombre qui dépasse de loin ce que l’on avait vu dans DS9, sans même parler de leur comportement qui n’a plus rien à voir. Mais tout cela, personne ne l’évoquera, dans la bonne tradition idiocratique de Secret Hideout où le spectateur est généralement plus intelligent que les protagonistes. Reprenons donc notre aventure avec ces grands héros dont le Q.I est si bas.
Worf révélera alors que le vol du portal device n’était qu’une diversion pour masquer la cible véritable du vol. Une déduction quelque peu parachutée — il aura lu le script, sans doute — qui poussera le groupe à décider d’aller à la station Daystrom pour en consulter les archives. Il nous apprendra aussi que l’intérieur de la station est défendu par une I.A létale. C’est donc devenu la norme dans Starfleet de tirer pour tuer, merci pour cette information infamante. Worf-Gon-Jin précisera également à Riker qu’il est devenu pacifiste lorsque ce dernier remarquera que si l’opération se passe mal, il faudra sortir à la manière Klingon. Excellente précision de notre Klingon national qui, rappelons-le, a tué par dizaine depuis le début de la saison. On achève donc définitivement la transformation de Worf en Elnor bis, c’est aussi incohérent que dénué d’imagination.
Débarquant sur la station, Worf utilisera sa carte d’identification pour déjouer l’I.A, mais dans le même temps, le Titan sera repéré alors qu’il s’était caché derrière une lune, systèmes à l’arrêt. Shaw se demandera bien pour la forme comment diable ils ont pu être détecté aussi vite alors qu’ils n’ont déclenché aucune alarme. Nous aussi, voix des auteurs, on aimerait bien le savoir...
Désormais seuls tandis que le Titan se carapate vers Athan prime — une idée subite de Jean-Luc lorsque La Forge a statué qu’il faudrait être invisible pour revenir, on comprend donc instantanément ce qu’ils vont y chercher — le trio Worf, Riker et Musiker se lancera dans la visite de la station, qui se résumera à une succession de couloirs mal éclairés (pour changer) et une salle où se trouvera leur objectif. Est-il possible de faire plus cheap encore ? Pardon, j’oubliais que la série est low cost avec ses malheureux 100 millions de dollars pour réaliser cette saison, elle n’a donc pas les moyens de proposer des décors dignes de ce nom ni même de louer des projecteurs.
Sur le chemin, Worf expliquera à Riker que cet endroit recèle les projets les plus infâmes de la Section 31, qu’il définira comme une « critical division of Starfleet Intelligence », et nous allons devoir prendre un instant pour apprécier pleinement tout ce que cette phrase d’apparence si anodine implique.
D’une part, nous sommes en présence d’un retcon complet qui a au moins le mérite de répondre aux critiques incendiaires concernant le traitement de la Section 31 depuis son massacre dans Discovery. Cela implique par corollaire que cet univers est désormais « officiellement » une réalité alternative sans aucun lien direct avec le Star Trek roddenberro-bermanien, car jamais la Section 31 n’y a été reconnue officiellement par Starfleet. Bien au contraire, elle œuvrait dans une absolue clandestinité et n’était aucunement rattaché à Starfleet Intelligence, dont l’immense majorité des agents ignorait jusqu’à son existence. En revanche, nous avons une preuve supplémentaire (s’il en était besoin) que les auteurs du FakeTrek n’ont décidément rien compris aux institutions trekkiennes et au fonctionnement de la Section 31. Pardon ? On me susurre dans l’oreillette que ça a toujours été plus ou moins acquis depuis 2017 ? Ce n’est pas faux.
Le groupe poursuit son périple dans les couloirs de cet endroit qu’il conviendra de rebaptiser « musée du fan-service », attendu que tous les 3 mètres, nos héros tomberont sur un objet, un fichier ou une référence bien appuyée à l’attention du fan. Ils passeront ainsi devant la "genesis device", la dépouille de Kirk et une Tribble mutante carnivore. Il est à noter que conformément aux standards kurtzmaniens, ce fan-service est gratuit et sans justification — que ferait la dépouille de Kirk ici ? Quelle valeur stratégique pour la section 31 ? Et comment Starfleet Command peut-il accepter que l’on vole le cadavre d’un illustre capitaine ? —, contrairement à celui des séries historiques qui s’en servait toujours pour en faire de la consolidation internaliste. Quand Scotty revenait dans TNG 06x04 Relics, cela véhiculait une thématique de l’obsolescence d’un professionnel d’exception dépassé par une époque et une technologie qu’il ne comprenait plus. Lorsque Sisko revisitait l’incident des tribules dans DS9 05x06 Trials And Tribble-ations, c’était pour nous amener des effets de décalages — comme dans le turbolift ou lorsque Sisko se faisait admonester par Kirk — et un éclairage factuel sur l’évolution des Klingons , lequel sera ensuite développée dans le superbe diptyque ENT 04x15 Affliction et ENT 04x16 Divergence.
Ici, ce sera juste pour nous amener une vanne de Riker envers Worf, ce qui est autrement plus pauvre. D’ailleurs, Riker rajoutera que Worf avait l’habitude de répliquer à ce genre de piques. Ah bon ? Quand ça ? Worf a toujours été d’une discipline de fer envers lui-même et ses subordonnés, il ne s’est jamais permis ce genre de remarque hors de propos en plein milieu d’une opération et certainement pas à l’attention de son officier supérieur. Définitivement une timeline alternative, sans aucun doute.
L’I.A qui les suit par caméra depuis leur arrivée — et qui les a donc vu user d’un faux identifiant sans réagir — leur enverra un corbeau holographique, toujours dans la logique du fan-service ad nauseam, la seule question étant de savoir si l’on sera capable d’identifier toutes les références. Cette mise en scène façon Lower Decks est aussi racoleuse que prétentieuse — on entendrait presque les auteurs nous dire comment ils sont des cracks en culture trekkie —, et Riker se sentira obligé de nous flécher qu’il y a « something familiar about that crow ». Secret Hideout, toujours plus de fan-service pour toujours moins de subtilité.
C’est alors que commenceront à retentir des notes dans les hauts parleurs, et Riker de les identifier au fur et à mesure — car le voici désormais doté d’une oreille parfaite par la magie du script —, mais avant de pouvoir identifier la musique, l’hologramme Moriarty débarquera comme mécanisme de défense. Sérieusement, les auteurs pourraient-ils seulement essayer de tenir plus de trente secondes sans recourir au fan-service ou au micro-univers ?
Pendant ce temps, le Titan arrivera à destination sur Athan prime qui, nous l’apprendrons alors, est la demeure du Musée de la Flotte. Non, décidément, 30 secondes, c’est trop long pour eux, car ô surprise, ce n’est ni plus ni moins que Geordi La Forge qui est le conservateur dudit musée. Nouvelles séances de retrouvailles, de câlin avec Beverly, bref, on a déjà eu la même avec Worf il n’y a pas dix minutes.
Évidemment, Geordi se montrera d’entrée désagréable à l’encontre de Picard, mais on commence à avoir l’habitude (lui aussi, d’ailleurs). Car Geordi est désormais parent, et il refusera catégoriquement d’aider Jean-Luc car son devoir est de mettre ses filles à l’abri (l’une d’elle étant interprétée par la propre fille de l’acteur). Consternant de bout en bout. Par où commencer ? Par ses filles qui sont toutes les deux des officiers de Starfleet, et ont par conséquent le devoir de défendre la Fédération ? Par le fait que si la menace métamorphe n’est pas contrée rapidement, il n’y aura guère que dans le quadrant Delta qu’ils seront en sécurité ? Ou comme le lui rappellera opportunément sa fille, qu’il est bien gentil de jouer au papa poule mais qu’elles sont majeures et vaccinées, donc à même de choisir quels risques prendre, tout en lui rappelant que lui, ça ne l’a jamais gêné de risquer sa peau dans sa folle jeunesse ? Enfin, ça ne fera qu’un personnage de plus qui est devenu une triste parodie de lui-même, on n’est plus à ça prêt...
Mais comme si la scène n’était pas suffisamment consternante, la famille La Forge expliquera ceci :
« Picard : Look, if you could juste clone our ship’s transponder signal, we could make Starfleet believe we’ve absconded somewhere else.
Geordi : And lure them away from Daystrom Station. First of all, even i was willing, i can’t clone transponders without randomized Starfleet security codes. And second... Tell him, Allandra.
Allandra : Well, despite my father’s many objections, every ship in this fleet is now fully integrated, which means they talk to each other. So, you can drop transponders signals all you want, but the Titan is a beacon.
It’s only a matter of time before it alert the other ships. »
Et Picard d’en déduire que c’est ainsi que l’USS Titan fut détecté en 3 minutes alors qu’il était caché, systèmes éteints.
Donc, ce que le script, pardon, Allandra essaie de nous faire avaler, c’est que toute la flotte de Starfleet est désormais en train d’émettre un signal propre à chaque vaisseau, en permanence ? Mais quel commandement central serait assez stupide pour mettre en place un moyen d’identifier et de traquer (sans que ce soit possible de le débrancher, en plus !) tous ses vaisseaux ?! Il suffit à n’importe quel ennemi d’intercepter le signal pour le retourner à son avantage, mais visiblement, l’idiocratie n’y a vu aucun problème !!! Et enfin, comment se fait-il que Shaw, capitaine en activité au début de la série, ne sois pas au courant de cette nouvelle norme de construction à même de mettre son vaisseau en péril et en danger ses hommes en donnant leur position inopinément ? Même pour qui est habitué aux standards de stupidité kurtzmaniens, ceci est une perle, une pépite, que dis-je… un joyau brut !
Retournons donc sur la station Daystrom, même le plus indigeste des fan-service sera préférable à ça. Coincés par l’invincible Moriarty, le trio de choc se mettra à couvert pendant que les notes de musique reprendront de plus belle. Riker, qui même au milieu des tirs de phaseurs, a décidément l’oreille de Mozart, finira par identifier l’air que tentait bien mal de siffler Data à leur première rencontre dans le pilote de TNG. Nous aurons même droit à un flashback avec les images d’Épinal assorties, histoire de nous remettre un peu de fan-service des fois qu’on en aurait pas eu assez.
Le trio arrive au cœur de la station où le corps d’un Data âgé est entreposé, avec les commentaires de Riker pour nous expliquer ce qu’il vient de se passer, au cas où l’on n’aurait toujours pas compris l’évidence. Data est donc la fameuse I.A qui garde l’endroit ! Il convient alors de féliciter sardoniquement Data d’avoir mis en place une contre-mesure que seule une personne pouvait employer ! Car s’il s’était s’agit de Picard, de Troi, de Crusher ou même de son meilleur ami Geordi La Forge, ils auraient tous finis troués par la pétoire holographique de Moriarty. Fantastique réalité alternative, même Data est devenu stupide.
De retour sur le Titan où Geordi continue de faire sa sucrée, Jack décidera de poser son séant sur le fauteuil de capitaine, lui valant une injonction de Seven de s’abstenir qu’il ignorera souverainement. Il a pas bien l’instinct de survie, Jack, mais on ne peut pas lui reprocher de manquer de culot.
Seven fera alors défiler sur l’écran de la passerelle les différents vaisseaux du musée. Nous verrons ainsi passer l’USS Defiant, le New Jersey, l’USS Enterprise de Kirk, l’USS Voyager, et enfin le HMS Bounty. Une véritable choucroute de fan-service, avec un Jack qui rétorquera qu’il est fan de vaisseaux pour justifier qu’une personne qui méprise Starfleet puisse subitement devenir incollable sur une partie de son histoire. Néanmoins, au milieu de cet océan glucosé, un moment de grâce viendra s’y nicher, puisque Seven évoquera, de façon assez contenue et authentique, son histoire et son lien profond à l’USS Voyager. Très certainement le meilleur moment de l’épisode, de surcroît magnifié par une Jeri Ryan parfaite de justesse. Ce répit bienvenue sera hélas de courte durée.
Bien évidemment, il n’est pas anodin de nous sortir le Bounty de ST IV TVH, puisque ce dernier disposait naturellement, comme tout Bird of Prey, d’un dispositif de camouflage. Après avoir entendu tantôt que le Titan devrait devenir invisible pour retourner à la station, le suspense est à son comble...
Une fois fait ce que tout protagoniste du FakeTrek doit faire, c’est-à-dire parler de lui, de son nombril et de ses traumas pendant un quart d‘heure avant de prendre la moindre décision, Geordi, moyennant un bon coup de pied au cul de sa fille... continuera bien tranquillement d’être indigne des standards de son époque en refusant son aide à Picard, lequel enterinera ce refus sans même lui dire qu’il fait honte à son uniforme. Mais Jack et les filles La Forge, jeunes, impétueux, et n’écoutant pas une autorité qui se déshonore, iront voler le "cloaking device" pour que le Titan ait une chance en retournant à Daystrom. L’alternative étant une mission suicide, difficile de ne pas être d’accord avec eux, même si par corollaire cela rend « les vieux » encore plus à coté de leurs pompes.
Du côté de Daystrom, justement, un enregistrement d’Altan Soong expliquera que son ultime golem est ici, somme des connaissances et des personnalités de Data, Lal, B-4 et Lore. Worf en déduira qu’il est le "manifest in the flesh" et le trio entreprendra d’accéder aux fichiers qu’il contient. Donc ce Data 2.0 était à la fois le système de sécurité et la base de données de la station. C’est le nouveau truc de la section 31, de mettre systématiquement tous ses œufs dans le même panier ? Sans surprise, aussitôt qu’ils commenceront à accéder aux registres contenus, une alarme retentira et la sécurité sera mobilisée pour les arrêter. Ils appelleront l’USS Titan à la rescousse, en vain.
A son bord, Picard et Geordi seront interrompu par le vaisseau passant en mode furtif, et ils comprendront simultanément que leurs enfants sont responsables de ce qui se passe. Geordi ira donc empêcher sa fille et Jack de faire sauter le vaisseau vu que lui, sait comment brancher le dispositif correctement. Il est comme ça Geordi, il aime se faire désirer, donc il commence par pester une demi-heure avant de changer d’avis parce que sa fille a besoin de lui. Quand c’était la galaxie ou la Fédération, OSEF, mais pour faire le beau devant son enfant, là, il se réveille. So 24ème siècle...
Riker décide d’embarquer Data vu qu’ils n’ont rien d’autre à faire en attendant les secours, et le Titan arrive enfin, invisible et indétectable. On en déduira que la station Daystrom et le musée d’Athan prime sont à une grosse rue de distance l’un de l’autre, vu la temporalité de l’opération. Comme d’habitude, l’univers de poche, etc... Seven précise qu’il faudra rompre le camouflage pour pouvoir téléporter l’équipe. On a pourtant vu le contraire à maintes reprises dans TNG ou DS9, mais admettons que ce dispositif datant de Mathusalem soit défaillant. Voyant sur les écrans de surveillance qu’un détachement de sécurité est en chemin, Riker est subitement pris de l’envie irrépressible — il aura entendu l’appel du script, plus meurtrier que celui des sirènes — d’aller les retarder, seul. Fermer la porte et saboter les commandes, non ? On a pourtant déjà établi que celui qui allait seul dans une coursive était toujours attaqué par un métamorphe, mais rien n’y fait, Riker est victime d’un syndrome redshirt, et finit touché par un inhibiteur de téléportation permettant de le capturer. Comme quoi, on sait toujours ne pas tuer chez Starfleet ou les métamorphes, c’est juste que c’est réservé aux VIPs.
Tout le monde sauf lui est donc extrait, et le Titan fiche le camp loin de la station.
Passé les retrouvailles, Jack va voir son père et se lance dans un laïus — Star Trek Brice de Nice : « viens on parle de moi » — où il établit qu’il tient son courage, sa loyauté et sa sagesse de son père. Donc maintenant, dans Star Trek, tout est inné, rien ne s’apprend. L’éducation, la société qui vous entoure, le milieu culturel qui sera le vôtre, ça n’a aucune influence sur votre devenir et le développement de qualités humaines, seule votre génétique importe et seule une lignée providentielle fera de vous un être exceptionnel. Soit le "syndrome Kelvin". Et l’impression subite d’être à un séminaire d’eugénisme aristocratique du 14ème siècle — et encore, même eux connaissaient le concept de brebis galeuse — , mais plus du tout de me trouver face une humanité plus vieille et évoluée de 350 ans.
On embraye sur la deuxième dose de pathos familiale avec Geordi qui fait son mea culpa face à sa fille. Riker est prisonnier et on est à 2 jours d’une attaque massive sur la Fédération, mais la priorité, avant même de rebrancher Data, c’est ce déballage obscène de névroses familiales. Toujours plus inspirant, vraiment...
Une fois ce sirop de glucose avalé, Data + bifluoré est remis en ligne. Après une nouvelle séquence émotion — véritablement incessantes dans cet épisode, il ne se passe pas 5 minutes sans qu’on en ai une — , il finit par révéler ce qui fut volé à la station : la dépouille de Jean-Luc Picard. Pourquoi ? Réponse dans l’épisode 9 si on a de la chance, chacun pourra aller de sa théorie en attendant.
Riker lui, est très occupé à se faire tabasser par un officier de sécurité. Si ce dernier révélera rapidement être un métamorphe (plus spécifiquement Vadic) en abattant froidement ses collègues, reste la grande question : la torture est désormais légale dans cette magnifique utopie ? Car les 2 gardes humains n’avaient pas l’air d’être gênés pour un sou de voir un homme menotté se faire taper dessus par un porteur d’uniforme. Honteux et gratuit, car Vadic révélera sa grande carte maîtresse pour faire craquer Riker : elle a kidnappé Deanna. Donc sachant la situation et les dangers encourus, Riker n’a même pas eu l’idée pourtant élémentaire — surtout dans un épisode ou tout est une histoire de famille — de dire à sa femme d’aller se mettre au vert sur Betazed. Vous savez, la planète remplie de télépathes où la mère de Deanna est l’une des personnes les plus influentes de sa société ? Un authentique cauchemar pour toute tentative d’intrusion des métamorphes, a fortiori un kidnapping.
Sur ce cliffhanger aussi cliché qu’idiot, l’épisode se termine, enfin.
Si l’on regarde cet épisode en retirant le soap/pathos familial et le fan-service, celui-ci dure moins d’un quart d‘heure. Tout ici est présent pour nous la faire durer au sentiment, à nous enfourner les madeleines de Proust jusqu’à s’étouffer avec et à observer des héros qui n’ont vraiment rien de bien inspirant. De la lâcheté et l’égoïsme de Geordi à la pulsion de mort de Riker, tout ici fait fabriqué, artificiel, et terriblement commercial.
Les amateurs de SF n’auront une nouvelle fois rien à se mettre sous la dent, et ceux qui aiment Star Trek pour son worldbuilding en seront encore pour leurs frais. Pour ce qui est d’avoir un enjeu moral, peut-être aurait-on pu en caser un s’il n’y avait pas ce remplissage indigeste de retrouvailles et de traumas familiaux. Et bien évidemment, pour celui qui voudrait entrevoir des comportements et des réflexions issues d’une humanité plus évoluée que la nôtre, mieux vaut faire comme Jack et se noyer dans le bourbon. La semaine dernière on avait du Star Trek Alias, cette semaine c’est du Star Trek Dynasty.
Le fil rouge avance à une vitesse microscopique, le plan des métamorphes est toujours un mystère, on nous a fourgué l’alibi de l’irumodic syndrome pour ne pas avoir à développer ce qui arrive vraiment à Jack — car on se doute bien que cette condition n’explique pas comment il a pu tuer quatre métamorphes sans sueur —, bref, on vient de boucler le sixième épisode de la saison, et jusqu’ici, on a tout juste réussi à réunir l’équipe. À ce train-là, on se doute que la résolution de saison se fera comme d’habitude chez Kurtzman, c’est-à-dire en laissant la majorité des questions sans réponses et avec un climax aux forceps.
La fin du quatrième épisode de la saison nous avait laissé entrevoir un fugace progrès, mais c’était pour que les deux suivants ne retombent que mieux dans toutes les pires habitudes de la production. Si l’on rajoute à ce bilan déjà salé l’éclairage toujours aussi sombre et les environnements qui se comptent sur les doigts de la main, il ne reste guère que les acteurs, tous très bons, pour faire passer la pilule. Mais il vaut mieux aimer les incontinentes et obscènes réunions de familles pour cela, car malgré tout le talent du cast, ce ne sont pas eux qui écrivent les dialogues.
Un épisode qui ne tient donc que par son fan-service, mais comme il n’y a encore une fois rien de trekkien ici, c’est bien davantage un défaut qu’une qualité. Nous faire le festival des retrouvailles alors qu’on légitime la torture et le repli sur sa cellule familiale au détriment du bien commun, cela donnera à ce fan-service un goût bien amer, presque aussi rance que celui du Château Picard.
BANDE ANNONCE