AZF au cœur du chaos : La review
AZF : Au Cœur du Chaos est un excellent documentaire de National Geographic revenant sur les terribles événements s’étant produit à l’époque.
Le 21 septembre 2001, une terrible explosion retentissait à Toulouse. Cette dernière a eu lieu en plein cœur de l’usine AZF qui était implantée dans la région depuis 80 ans.
Si ce drame avait créé l’effroi il y a deux décennies, il faut avouer qu’en 20 ans on en n’a plus vraiment reparlé. Il a donc fallu qu’une chaîne étrangère se penche sur cet accident pour pouvoir reconstituer le cheminement de la catastrophe et d’essayer de comprendre ce qu’il s’est passé.
Le documentaire de Simon Kessler est extrêmement factuel, ne prend jamais de parti-pris et ne fait pas d’extrapolation. Tous les éléments importants sont racontés, et la dimension humaine et émotionnelle est parfaitement intégrée au film.
Ce dernier repose sur des images d’archives spectaculaires de l’époque permettant de se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe. Certains éléments ont été reconstitués avec un grand soin à l’aide de décors travaillés et d’acteurs convaincants. Mais ce sont les témoignages de certains témoins clé qui apportent un véritable plus au récit.
En effet, certains pompiers, dont le Colonel Christian Pizzocaro, commandant des Opérations de Secours lors de la catastrophe et le Lieutenant-colonel Christophe Ghiani, Chef de groupe sur l’opération AZF, reviennent sur la manière dont ils ont pris en charge la catastrophe, et notamment les centaines de blessés qui ont été liés. Car le drame, en plus de dégâts physiques particulièrement impressionnant transformant les yeux en scène de guerre, a aussi touché de très nombreuses personnes dont malheureusement 31 sont décédés.
La dramaturgie du documentaire décrit les événements de manière chronologique, s’arrêtant sur tous les temps forts porteurs de rebondissements. Le spectateur est plongé en plein chaos, et suit cette journée comme s’il y avait participé directement. Les témoins reviennent sur certains incidents et aident à comprendre la manière dont ils se sont passés.
Si les images et les interviews sont plus que parlantes, il n’en reste pas moins qu’il y a encore des zones d’ombre sur cet accident. Car la théorie actuelle retenue n’est pas entièrement satisfaisante et aucun élément de preuve ne permet d’affirmer avec certitude que la raison de cette explosion gigantesque est bien celle avancée.
Le film est particulièrement prenant et touchant et montre la manière donc ce tragique président a pu impacter notre société. En effet, par la suite, la sécurité de tels sites a été énormément renforcée, les pompiers ont fait évoluer leur manière de procéder, et surtout des lois ont été promulguées afin d’éviter que de tels sites porteurs de danger soit implanté aux abords des villes. Même si dans le cas de l’usine, cette dernière était éloignée des maisons et que c’est au fil des décennies que la cité s’est étendue et rapprochée du site jusqu’à ce que l’usine se trouve à sa bordure.
AZF : Au Cœur du Chaos est un excellent documentaire permettant de retracer la journée du 21 septembre 2001 heures par heures. Avec un beau mélange entre les images d’archives, les reconstitutions et les témoignages, l’œuvre est très puissante et va droit au cœur.
Impressionnant et instructif.
RENCONTRE AVEC LES TÉMOINS
Les témoins que nous avons pu rencontrer et avec qui nous avons échangé des propos passionnants étaient le Lieutenant-colonel Christophe Ghiani, le Colonel Pizzoccaro et le producteur Thierry Marro.
Nous avons eu la chance de manger à proximité du Lieutenant-colonel Christophe Ghiani, Chef de groupe sur l’opération AZF, qui est revenu sur la manière dont il a géré la catastrophe, étant arrivé parmi les premiers pompiers. Il s’est aussi exprimé sur la façon dont cela a eu un impact sur le reste de sa vie. En effet, aucun des scénarios prévus sur lesquels s’entraînent régulièrement les pompiers locaux n’ont permis d’imaginer une catastrophe de cette amplitude. Les secours ont été dépassés par cette situation hors norme. D’autant qu’après l’explosion, ils ne savaient pas d’où cette dernière étaient venue et qu’il leur a fallu un certain temps avant d’identifier que l’usine AZF était au centre du drame. En effet, lors de la déflagration, les communications ont été coupées et l’accès aux téléphones portables était plus que limité au début du XXIe siècle.
C’est grâce à la précaution du Colonel Pizzoccaro qu’il existait trois centres téléphoniques. Ainsi, la coordination de secours a pu basculer sur ceux qui étaient encore actifs afin de rétablir les communications.
Passé la sidération et le choc devant l’ampleur de la catastrophe, les sapeurs-pompiers ont réagi extrêmement vite pour sauver un maximum de personnes et établir un poste médical avancé (PMA) à proximité afin de prendre en charge les blessés.
En effet, ceux-ci ont d’abord été évacués vers l’hôpital le plus proche. Toutefois, il s’est vite avéré qu’il avait été extrêmement impacté par le souffle de l’explosion et ne pouvait pas prendre en charge les personnes qui arrivaient. D’autant que lors des premières heures, un vrai risque chimique planait sur la ville et qu’il fallait avoir la certitude de mettre les personnes à l’abri dans des lieux que l’on pouvait entièrement fermer. Ce qui n’était pas possible dans un très grand nombre de bâtiments où les vitres avaient été entièrement soufflées, voire même qui s’étaient en partie effondrés.
Le Lieutenant-colonel Christophe Ghiani nous a indiqué que cet événement est toujours dans sa mémoire et que c’est par la suite que lui et d’autres collègues en se remémorant ces événements se demandèrent ce qu’ils auraient pu faire de mieux. Alors qu’évidemment, sur le moment, seul comptait la sécurité des personnes et leur mise à l’abri. Ce qui n’était pas toujours facile, alors que l’étendue des dégâts commençait à être de plus en plus visible.
À l’époque, il était d’ailleurs arrivé par l’arrière du site, un endroit beaucoup moins touché par l’explosion. Ce n’est donc que 28 heures plus tard, lorsqu’il est sorti de l’autre côté, qu’il s’est rendu compte de l’impact de l’onde de choc, qui a été dirigé vers la ville et a laissé dans son sillage de nombreux dégâts.
Il a fallu par la suite plusieurs mois pour sécuriser complètement le site et notamment éliminer l’acide des installations. Un exercice délicat et difficile qui a mis à rude épreuve les équipements des pompiers et qu’ils ont pu prendre en charge grâce a leur préparation pour le risque chimique.
L’événement a eu aussi, par la suite, un impact sur la formation des sapeurs-pompiers, de nouvelles consignes et une sécurisation accrue ayant pu être mise en place.
Notre rencontre avec le producteur Thierry Marro a permis de comprendre comment le projet s’est monté. En effet, un énorme travail a été fait en amont pour retrouver des images d’archives, et surtout identifier des personnes clé qui ont fini par accepter de témoigner dans le cadre d’un documentaire factuel et passionnant revenant sur le drame. De plus, la production de National Geographic est un gage de qualité, ces derniers étant très présents dans l’accompagnement et la vérification que la qualité du film était bien à la hauteur de l’ambition du projet.
Nous avons aussi pu discuter avec le Colonel Christian Pizzocaro, commandant des Opérations de Secours lors de la catastrophe, SDIS 31, actuellement retraité, qui est un homme exceptionnel et un orateur hors pair. Ce dernier est revenu sur le déroulement des événements et la manière dont il a géré le déploiement de ses hommes, l’installation du PMA et la gestion de la catastrophe. En effet, passé la stupeur des premiers moments, la compréhension que les scenarii travaillés ne fonctionnant pas, il a fallu aller contre le chaos installé, accepter de déroger aux règles établies et s’organiser de manière à retrouver une certaine forme de stabilité, gage d’évacuation des blessés et de sécurisation du site.
Il est revenu aussi sur l’impact psychologique des événements. En effet, celui-ci a été beaucoup plus important sur les pompiers âgés de plus de 45 ans, pour qui ce drame s’est trouvé être l’élément faisant ressortir tous les points forts de leur carrière. Une prise en charge a été proposée, à un moment où on ne tenait pas forcément compte des besoins psychologiques des personnes impactées par des drames aussi terribles.
Les modalités de prise en charge ont aussi évolué, aidant ceux se questionnant sur le fait de ne pas avoir respecté les règles. Ainsi, pour des circonstances exceptionnelles, il est maintenant possible de s’adapter réellement aux besoins et de déroger aux règles que l’on connaît et aux manières de procéder qui sont travaillées par les pompiers lors de leur entraînement. Une adaptabilité permettant une prise en charge rapide et une adaptation importante à des événements inédits.
Je tiens à adresser un grand merci aux personnes qui ont partagé leur expérience et ont répondu aux questions posées avec passion et précision.
Et un autre grand merci à Disney, aux équipes qui se sont assurés de nous offrir le meilleur moyen pour rencontrer des témoins et découvrir un documentaire marquant sur un événement dramatique qui a eu un impact considérable sur la sécurité des usines en ville. Et dont, curieusement, on n’a pratiquement plus parlé depuis que le drame est arrivé le 21 septembre 2001.
SYNOPSIS
Le 21 septembre 2001 à 10h17, une gigantesque explosion retentit dans l’usine chimique AZF en plein cœur de Toulouse. Elle entraîne la mort de 31 personnes, fait plusieurs milliers de blessés et provoque des dégâts matériels considérables. Vingt ans après ce drame, des témoins de premier plan se remémorent cette journée infernale dans les moindres détails. À travers des témoignages inédits, des animations 3D et des images d’archives saisissantes, plongez dans les coulisses de l’une des pires catastrophes de l’histoire de l’industrie française.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 44 minutes
Titre original : AZF au cœur du chaos
Date de diffusion : 21/09/2021
Réalisateur : Simon Kessler
Scénariste : Simon Kessler
Producteur : Thierry Marro, Pauline Dauvin, Kevin Deysson pour Memento Distribution
Diffuseur : National Geographic
LIENS
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