Mixte : Review de la première partie de la saison 1
La première partie de la première saison de Mixte est vraiment très réussie et un véritable coup de cœur.
La créatrice de la série, et scénariste, Marie Roussin, s’est inspirée de ses souvenirs de jeunesse pour raconter l’histoire du premier lycée rendu mixte en France en 1963. Le récit commence donc cette année, au premier jour de la rentrée des classes. On va donc faire connaissance avec le corps enseignant, mais aussi les élèves d’un lieu accueillant pour la première fois des jeunes filles. Car n’êtant pas à proximité d’un lycée de filles leur permettant de poursuivre leurs études supérieures, celles-ci vont intégrer un établissent local, Ce qui évidemment va demander un certain nombre d’ajustements, rien n’ayant vraiment été prévu pour leur présence.
En effet, en 1963, les baby-boomers arrivent en masse dans les lycées et il faut bien les absorber. Un nombre élevé de lycéens qui décide la France à transformer ses écoles en mixtes, sans vraiment avoir préparé la venue de jeunes filles au sein de lieux occupés exclusivement jusqu’alors par des garçons. Sans compter qu’après la fin de la guerre, et le droit de vote, enfin accordé au pays des droits de l’homme en 1944 aux femmes, ces dernières comptent bien suivent elle aussi des études supérieures. Et d’envisager par la suite d’aller à l’université. Ce qui, d’après Marie Roussin, sera l’objet d’une saison 2 si jamais la première rencontre le succès.
Le scénario est merveilleusement écrit. Il est extrêmement documenté sur l’époque et particulièrement crédible. Les thématiques sont traitées avec une grande délicatesse et de nombreux échanges font beaucoup réfléchir sur ce qui est acceptable ou non. D’autant que la modernité du propos est toujours d’une immense actualité et que certaines situations montrent qu’elles sont, malheureusement, toujours à l’ordre du jour malgré les décennies écoulées.
Les personnages sont particulièrement bien décrits. Ils sont suffisamment variés pour être très représentatifs. Et dans leur humanité, avec ses bons et ses mauvais côtés, ils réussissent à tous être plus ou moins fortement attachants.
Ils sont remarquablement interprétés par un casting soigneusement choisi. Du côté des adultes, Pierre Deladonchamps est magnifique en surveillant général plein d’empathie. Maud Wyler est très intrigante dans le rôle de sa femme, infirmière de l’école. Nina Meurisse est très bonne en nouvelle professeur d’anglais.
Chez les jeunes, on trouve Léonie Souchaud excellente en jeune fille essayant de s’extirper de l’ombre de son frère brillant, très bien interprété par Baptiste Masseline. Lula Cotton-Frapier est formidable en jeune femme douée s’investissant dans les études. Anouk Villemi est bien juste en pied-noir venant de quitter l’Algérie. Nathan Parent est sympathique en élève discret devenant ami avec les filles. Et Gaspard Meier-Chaurand est impeccable en enfant de l’Assistance Publique comptant sur l’école pour s’élever de sa condition sociale. Il faut aussi signaler Vassili Schneider très bon en élève harceleur et Antoine Werner intéressant en ancien chef de classe.
La réalisation d’Alexandre Castagnetti et d’Edouard Salier est très bonne. Certaines séquences sont de toute beauté et parfaitement maîtrisées. La mise en scène s’appuie sur une reconstitution extrêmement soignée de l’époque, grâce au travail fait sur les décors, les costumes et les accessoires. On a vraiment l’impression de se retrouver immergé dans les années 60, dans une société pas si lointaine que cela ou les femmes n’avait parfois pas leur mot à dire.
Il faut d’ailleurs intégrer qu’à époque, elles ne pouvaient pas avoir un compte bancaire à leur nom, n’avaient pas la maîtrise de leur sexualité, elles étaient mal vues lorsqu’elles envisageaient de divorcer et n’avaient pas forcément accès ni aux études lorsqu’elles étaient jeunes, ni au travail lorsqu’elles étaient épouses.
Certains de ces sujets sont ailleurs abordés dans la première partie de la série, et il est certain qu’ils seront plus développés par la suite, maintenant que l’on a fait plus ample connaissance avec les différents protagonistes et le milieu dans lequel ils évoluent.
Il faut aussi signaler le remarquable travail fait sur le lieu, une ancienne abbaye transformée, qui sert de décor au lycée. Un endroit central dans l’histoire permettant de vivre à l’unisson des profs et des élèves qui l’arpentent pendant les premiers épisodes présentés.
La première partie de la première saison de Mixte est excellente et permet de se plonger dans un passé pas si lointain dont certaines thématiques sont toujours d’une grande actualité. Avec une histoire merveilleusement ciselée, une très belle mise en scène, des acteurs formidables brossant des portraits d’individus passionnants, cette série est vraiment étonnante et particulièrement captivante à suivre.
Impressionnant et édifiant.
ÉPISODE
Episode : 1.01 à 1.03 Date de première diffusion : 14 juin 2021 (Amazon Prime) Créateur : Marie Roussin Réalisateur : Alexandre Castagnetti, Edouard Salier Scénariste : Marie Roussin, Frédéric Faurt, Vladimir Haulet, Julie-Albertine Simonney, Clémence Madeleine-Perdrillat, Hélène Le Gal, Bertrand Marzec Avec : Pierre Deladonchamps, Nina Meurisse, Maud Wyler, Anne Le Ny, Amira Casar, Léonie Souchaud, Lula Cotton-Frapier, Arthur Legrand, Anouk Villemi, Gaspard Meier-Chaurand, Baptiste Masseline, Nathan Parent, Vassili Schneider, Antoine Werner, Enzo Monchauzou, Adil Mekki
RÉSUMÉ
En septembre 1963, le Lycée Voltaire devient mixte et accueille des filles pour la première fois de son histoire : c’est le début d’une nouvelle ère. Elles sont 11 au total pour une centaine de garçons : une vraie révolution. En situant l’action dans un lycée – le lieu de l’ébullition hormonale par excellence ! - Mixte apporte un éclairage différent sur des thématiques très actuelles. Adultes et adolescents vont se chercher, parfois se trouver et apprendre à vivre ensemble dans le quotidien de ce lycée à l’aube de mai 68.
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