Semiosis : La critique

Date : 11 / 10 / 2019 à 07h30
Sources :

Unification


Sue Burke

Semiosis

  • Date de parution : 4 septembre 2019
  • Editeur : Albin Michel Imaginaire
  • ISBN : 978-2226438881
  • Prix : 24,90 €
  • Nombre de pages : 448
  • Format : 14 x 20,5 cm

Ils sont cinquante - des femmes, des hommes de tous horizons. Ils ont définitivement quitté la Terre pour, au terme d’un voyage interstellaire de cent soixante ans, s’établir sur une planète extrasolaire, qu’ils ont baptisée Pax. Ils ont laissé derrière eux les guerres, la pollution, l’argent, pour se rapprocher de « la nature ». Tout recommencer. Retrouver un équilibre définitivement perdu sur Terre. Construire une Utopie. Mais avant même de fonder leur colonie, des drames mettent à mal leur idéal. Avarie sur une capsule d’hibernation, accident d’une des navettes au moment de l’atterrissage. Du matériel irremplaçable est détruit. Les morts s’accumulent. La nature est par essence hostile et dangereuse ; celle de Pax, mystérieuse, ne fait pas exception à la règle. Pour survivre, les colons de Pax vont devoir affronter ce qu’ils ne comprennent pas et comprendre ce qu’ils affrontent.

Décryptage

C’est sur Pax, une lointaine planète habitable, qu’une cinquantaine d’hommes et de femmes s’installent, après un voyage de 156 ans, fuyant une Terre mourante et dévastée pour trouver un nouveau foyer à l’Humanité. Même s’il ne s’agissait pas de la destination initiale, très vite réduits à une trentaine, bien décidés à ne pas commettre les mêmes erreurs, ces nouveaux pionniers embrassent une nature inconnue et dangereuse qu’ils souhaitent respecter et non pas dompter, mais la tâche va s’avérer plus complexe qu’il n’y parait. Il leur faudra plusieurs générations et de nombreux échecs pour essayer de la comprendre.

Sue Burke nous entraîne dans l’odyssée humaine et écologique d’un petit groupe d’humains échappant à une Terre les rejetant, à la recherche d’un paradis dans lequel l’humanité pourrait sainement se reconstruire. Cet astucieux roman dans sa conception, nous raconte l’aventure extrême que vivent les 7 premières générations de pionniers/explorateurs d’un monde finalement hostile dans lequel l’homme cherche à s’intégrer en douceur à son environnement et non pas à façonner son environnement à lui. Il tente d’éviter les pièges qui l’ont mené à sa fin une première fois sur Terre, mais la nature humaine est ainsi faite, qu’elle reproduit encore et encore les mêmes erreurs et le nouveau foyer de l’humanité ne sera pas l’eden attendu. Les mensonges et tromperies seront à nouveau le ciment d’une société qui devra se (re)construire de générations en générations.

L’ingéniosité de la construction de ce romain est que pour chaque génération un nouveau chapitre et pour chaque chapitre un nouveau narrateur. Chaque chapitre nous délivre le point de vue à la première personne d’un protagoniste différent, hommes et femmes indifféremment. Et tout au long du roman, à chaque génération, le lecteur constate les évolutions d’une génération à l’autre, ainsi que les nouveaux problèmes qu’ils rencontrent. Avec une petite deviation de cette belle mécanique, on passe de la quatrième génération à la sixième pour revenir à la fin sur la cinquième. Mais les histoires sont différentes à chaque fois, allant même jusqu’à mélanger des genres.

Alors avec un tel découpage, comme des histoires courtes sur un même monde, forcément certaines parties sont moins intéressantes, peut-être parce qu’elles sont moins développées, mais certaines sont poignantes et la globalité est passionnante puisqu’elle forme un tout, l’avenir de l’humanité, et toutes les parties sont finalement étroitement liées entre-elles. Ce découpage, garde des personnages communs, ceux qui étaient principaux dans une histoire deviennent vieux et secondaires dans une autre. L’histoire en trame de fond suit tout le long la tentative d’intégration dans ce nouveau monde. Au delà de l’originalité de cette construction, le roman est extrêmement intéressant, plus faible à certain moment, c’est le soucis avec les histoires courtes on a pas forcément le temps de s’attacher aux personnages ni à toutes les situations mais il faut juger sur la globalité et globalement le roman est une belle expérience humaine et écologique, très riche.

Dans Semiosis, que l’on peut classer dans les « Planet Opera », les humains doivent donc composer avec une nature hostile et totalement nouvelle ou faune et flore sont radicalement différents de ce qu’ils connaissent, comme ce bambou avec lequel ils communiquent et vivent finalement en autarcie. Le roman est passionnant et immersif, véritable fable écologique générationnelle très riche, il nous entraine dans un monde nouveau ou les valeurs comme le respect seront ce qui sauvera l’Humanité. Interference, la suite, est donc attendue avec impatience.

La Sémiologie (Semiosis) est la science qui étudie les systèmes de signes (langage et autres systèmes).


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