James Bond of The Secret Service : La premiere aventure de 007 jamais tournée...
Alors que les fans du monde entier désespèrent de retrouver l’invincible agent secret dans de nouvelles aventures au Cinéma, de rarissimes documents se rapportant à une tentative d’adaptation inédite initiée par Ian Fleming lui-même ont refait surface à Londres en cet hiver 2010...
En 1958, époque pas si lointaine mais déjà antédiluvienne, l’écrivain britannique Ian Fleming – qui avait rencontré quatre ans plus tôt un succès fulgurant avec la parution de son premier thriller, Casino Royale et la création des aventures de 007 – se dit que son personnage pourrait très bien être adapté au Cinéma par Hollywood.
Doté d’un sens pratique à toute épreuve, l’écrivain décide de s’associer à un jeune réalisateur Irlandais en vogue, Kevin McClory , qui venait alors de remporter un prix au Festival de Cannes avec son premier film, The Boy & the Bridge.
Les deux hommes recrutent ensuite un scénariste Anglais chevronné, Jack Wittingham. Ils fondent la société Xanadu Productions. Et décident de se lancer eux-mêmes dans la pré-production du tout premier film consacré aux aventures de James Bond.
Ian Fleming tente alors d’approcher divers réalisateurs de renom , dont Alexander Korda, et même Alfred Hitchcock – à qui il propose de réaliser Bons Baisers de Russie.
Le réalisateur de La Mort Aux Trousses suggère d’engager Cary Grant, son acteur fétiche, pour interpreter James Bond.
Fleming tique : lui, il aurait préféré Richard Burton et Grant a déjà la cinquantaine, il sera difficile de le faire signer pour une série de films. Mais comment dire non à Alfred Hitchcock ?
C’est finalement le Maître du Suspens lui-même qui ne donnera pas suite. Ian Fleming respire, et ne s’avoue pas battu !
Il propose alors, plutot que d’adapter un de ses romans déjà parus, de rédiger un script inédit, qui sera façonné exactement dans une optique cinématographique, avec moult séquences en Panavision grand large et Technicolor DeLuxe.
Le titre en sera tout simplement James Bond of the Secret Service.
L’intrigue ? C’est l’ère atomique : James Bond sera donc lancé sur les traces de la disparition d’ogives nucléaires, subtilisées par l’organisation S.P.E.C.T.R.E ( finalement préférée à la Mafia, initialement envisagée).
Le script présentera des morceaux d’anthologie, avec poursuites en voitures, bagarres et une gigantesque bataille sous-marine au large de la Floride en point d’orgue.
En définitive, personne ne mord à l’hameçon... Et notre trio désespère d’arriver à monter sa production.
Afin d’essayer de trouver des commanditaires , les trois hommes présentent leurs projet au Festival de Venise de 1959. Histoire de proposer un peu plus qu’un synopsis, ils exposent alors une série de dessins préparatoires – pas encore appellés storyboards, vu que le film n’est même pas encore en pré-production.
Ces dessins sont en fait la toute premiére visualisation cinématographique des futures aventures du héros de Sa Gracieuse Majesté, devançant de plus de trois ans la production du tout premier film officiel finalement produit par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli , James Bond Contre Dr No, en 1962.
Longtemps considérés comme perdus à jamais, ces esquisses ont été récemment découvertes par le journaliste Robert Sellers alors qu’il effectuait des recherches sur ce projet de film mort-né.
Et ce sont dans les papiers et les notes de Jack Wittingham – jalousement conservés par sa fille Sylvan Manson – que ces fameux dessins préparatoires ont finalement été retrouvés.
Croquées par Stephen Grimes, un ancien directeur artistique de John Huston pas moins , ces scènes d’action n’avaient d’autre but que d’attirer l’oeil – et le portefeuille ! - de producteurs assoçiés potentiels...
« C’est fascinant de constater combien le dessinateur a su anticiper tout ce qui ferait ensuite le succès des films de James Bond, constate le journaliste Robert Sellers – auteur du livre The Battle For Bond - tout est déjà présent dans ces scènes de combats sous-marines entre plongeurs de la Navy et hommes du S.P.E.C.T.R.E (l’organisation de malfaiteurs contre laquelle lutte James Bond). Et c’est même à se demander si les créateurs des génériques des futurs films de la série ne s’en sont pas inspiré... »
James Bond of the Secret Service contenait vraiment tous les éléments-clés qui feront le succès de la série de films : des décors enchanteurs , les Bahamas et la Floride , des créatures ravissantes , des méchants haïssables... N’y manquait peut-être que la petite touche de second degrè qu’insuflera avec bonheur Terence Young dans ses premiers films continue Sellers.
« Mon père s’était impliqué à fond dans ce projet de film rapporte Sylvan Manson, la fille du scénariste Jack Wittingham. Lorsqu’il a réalisé que Ian Fleming s’était servi de lui (l’écrivain réutilisera sans vergogne le script du film mort-né pour en tirer l’action de son roman Opération Tonnerre), ça lui a brisé le coeur – au propre comme au figuré...
Témoignage unique de ce qu’auraient donc pu être les toutes premières aventures au grand écran de l’agent 007 , ces planches dessinées dégagent encore aujourd’hui une force et une énergie visuelle peu commune – tout à fait dans la tradition des exploits cinématographiques de James Bond...
Ces planches inédites sont exposées pour la toute première fois au public à Londres, à l’ Apothecary Gallery, jusqu’ en Janvier 2011 .
Apothecary Galery , 33 Greyhound Road W68NH
Métro : Baron’s Court (Picadilly line)
Photos des storyboards propriétés de MEDIA BIS.
Storyboards propriétés de Mrs Sylvan Manson.
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