Nosferatu : Le monstre a droit à un second remake
Nosferatu, l’histoire d’un vampire prédateur de Transylvanie, reste l’un des récits de vampires les plus emblématiques de l’histoire du cinéma. Le film muet de 1922 réalisé par F. W. Murnau a redéfini l’esthétique de l’horreur, avec la silhouette ombragée du vampire titulaire qui demeure l’une des images les plus iconiques du cinéma. Comme toutes les grandes histoires, celle-ci a engendré de nombreux remakes. Jusqu’à cette année, la version la plus célèbre était celle de Werner Herzog en 1972, avec Klaus Kinski dans le rôle de Nosferatu. Mais aujourd’hui, l’un des réalisateurs les plus singuliers de notre époque, Robert Eggers, nous propose sa propre vision, avec Bill Skarsgård incarnant le comte Orlok, ramenant ce monstre des ténèbres sous les projecteurs.
Si de nombreux fans d’horreur et cinéphiles attendent avec impatience la version d’Eggers, beaucoup ignorent qu’il ne s’agit pas du seul remake de Nosferatu sorti en 2024 ! En octobre dernier, David Lee Fisher a présenté son Nosferatu, un projet auquel il collabore depuis 2014 avec le légendaire acteur contorsionniste Doug Jones (Le Labyrinthe de Pan, La Forme de l’eau). Après dix ans de développement, Nosferatu : A Symphony of Horror est finalement sorti le 18 octobre aux USA.
Le film de Fisher est en grande partie un remake plan par plan en noir et blanc du film original de 1922, avec quelques scènes supplémentaires et étendues. Comme son prédécesseur, le remake de 2024 raconte l’histoire de Thomas Hutter (Emrhys Cooper), un agent immobilier envoyé en Transylvanie pour rencontrer un nouveau client, le comte Orlok (Jones). Alors qu’Orlok s’installe dans la ville fictive de Wisborg et achète une maison juste en face de celle de Hutter, il devient obsédé par Ellen (Sarah Carter), l’épouse de ce dernier. Orlok apporte avec lui une série de morts mystérieuses dans cette ville allemande.
Bien que le nouveau film inclue des dialogues ajoutés, il conserve les éléments scéniques et les arrière-plans de l’original. Les scènes avec les acteurs ont été en grande partie filmées sur fond vert, offrant un remix moderne d’un classique du cinéma muet.
L’un des aspects les plus réussis de ce Nosferatu est la performance de Doug Jones dans le rôle du sinistre comte Orlok. Connu pour sa capacité à donner vie à des personnages monstrueux, Jones a perfectionné son art au cours d’une carrière de plusieurs décennies. Ce n’est pas sa première fois dans la peau d’un vampire. Jones a joué “L’Ancien” dans The Strain et le baron Afanas dans What We Do in the Shadows, des rôles principalement humoristiques. Cependant, le comte Orlok marque sa première interprétation d’un vampire sombre et effrayant. Fidèle à lui-même, Jones combine avec brio le jeu physique et les effets pratiques sous un maquillage lourd. Il incarne aussi avec beaucoup de grace, le rôle de Saru dans Star Trek : Discovery.
Dans une interview accordée à Collider en octobre, Jones a exprimé son enthousiasme : "C’était un rêve pour moi d’incarner ce rôle, de proposer une reprise de l’original."
Le projet passionné ne s’arrête pas à Jones. Le réalisateur David Lee Fisher, qui avait déjà refait un autre classique de l’ère du cinéma muet, Le Cabinet du docteur Caligari en 2005, est un fervent admirateur du Nosferatu original. Financé en partie grâce à une campagne Kickstarter, ce projet à petit budget reflète la dévotion de Fisher. "C’était une manière de se rapprocher vraiment de l’œuvre originale – autant que possible – tout en apportant une sensibilité moderne," a-t-il confié il y a près de dix ans à Stuff Monsters Like. Chaque scène de ce film transpire la passion et l’admiration pour le classique.
Malgré son hommage respectueux et fidèle à un classique, le film de Fisher laisse une impression mitigée. Les dialogues ajoutés, bien qu’intentionnés pour enrichir l’histoire, enlèvent une des forces majeures du film original : laisser le silence et l’ambiguïté susciter la peur. Les dialogues et l’utilisation du fond vert à petit budget peuvent sembler déconcertants à certains moments.
Si la performance de Doug Jones brille, le reste des acteurs est moins convaincant. Leur tentative d’imiter le style mélodramatique du cinéma muet ne fonctionne pas toujours. Emrhys Cooper, dans le rôle de Thomas Hutter, peine à susciter de l’empathie ou de la sympathie.
Bien que l’hommage de Fisher à F. W. Murnau fonctionne comme un hommage moderne, il échoue à offrir une perspective vraiment fraîche. À en juger par les premières images du Nosferatu de Robert Eggers, ce dernier semble mieux résonner auprès du public. Pour les fans curieux d’explorer un autre remake, la version de Fisher vaut peut-être le détour, mais elle ne rivalise pas avec d’autres itérations de cette histoire d’horreur emblématique.
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