La belle et la bête : Une série de George R.R. Martin bien différente de Game of Thrones
George R.R. Martin est surtout connu comme l’auteur de la saga de romans épiques Le Trône de fer, qui a été adaptée en la célèbre série télévisée HBO primée aux Emmy Awards, Game of Thrones, ainsi que sa préquel, House of the Dragon. Martin est également coproducteur exécutif des deux séries, et, pour la première, il a aussi participé à l’écriture de plusieurs épisodes, notamment The Pointy End, The Bear, Blackwater, The Maiden Fair et The Lion and the Rose.
Surnommé "le Tolkien américain" par Time Magazine, George R.R. Martin ne s’est pas limité aux livres et séries se déroulant à Westeros. Au début de sa carrière, il travaillait principalement comme scénariste pour la télévision avant de revenir à l’écriture de romans, frustré que plusieurs de ses pilotes pour la télévision ne soient pas produits. Il était également insatisfait des contraintes propres au format télévisé, comme les limitations budgétaires et la durée des épisodes, qui l’obligeaient à réduire les scènes d’action et à omettre certains personnages. Malgré ces frustrations, Martin a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la télévision. Si toutes ses productions ne furent pas des chefs-d’œuvre, elles ont sans aucun doute été enrichies par sa contribution.
L’une des œuvres les plus remarquables de cette période est la série La belle et la bête, diffusée sur CBS du 25 septembre 1987 au 4 août 1990. C’est une autre histoire captivante enracinée dans le fantastique, comme Martin les affectionne, mais qui n’a absolument rien à voir avec Game of Thrones.
Créative, dynamique et regorgeant de séquences d’action chorégraphiées avec soin, La belle et la bête est une série aussi divertissante que poignante. Inspirée du célèbre conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, elle met en scène Linda Hamilton (de la franchise Terminator) dans le rôle de Catherine Chandler, une brillante avocate new-yorkaise spécialisée dans les affaires complexes et humanitaires.
Un jour, Catherine est victime d’une agression violente liée à une erreur d’identité. Elle est sauvée et soignée par Vincent (Ron Perlman), un homme-lion fort mais doux, vivant dans les tunnels secrets sous New York, au sein d’une communauté clandestine. Vincent possède des pouvoirs empathiques qui lui permettent de sentir lorsque Catherine est en danger, une aptitude qui devient essentielle lorsqu’elle quitte son cabinet pour rejoindre le bureau du procureur, un poste encore plus risqué.
Vincent, avec ses crocs, son museau félin, son nez aplati et ses griffes, est loin des canons de beauté conventionnels. Tout ce maquillage, œuvre du légendaire Rick Baker, mettait en valeur les traits uniques de Perlman, choisis avec soin par le spécialiste des effets spéciaux. Dans la série, l’acteur adopte une voix plus séduisante et posée que dans ses autres rôles télévisés.
Contrairement au conte original, le personnage de Vincent ne se transforme pas en un bel homme après avoir gagné l’amour de Catherine. La série met l’accent sur l’acceptation de soi et des autres. La beauté intérieure de Vincent, incarnée par sa gentillesse et son courage, reste le cœur du récit, et Catherine apprend à l’aimer tel qu’il est.
Au fil des épisodes, l’histoire s’éloigne de la relation entre Catherine et Vincent pour explorer le lien entre l’avocate et les membres de la communauté du “Monde d’en Bas”. Par ailleurs, Vincent lance une lutte ingénieuse et solitaire contre les criminels de la ville, dirigés par le machiavélique Paracelsus (interprété par Tony Jay).
Dans Game of Thrones, presque tous les personnages majeurs cherchent à accroître leur pouvoir, guidés par l’ambition, l’égoïsme et l’avidité. Ces traits contribuent à leur charisme, mais aussi à la complexité morale de l’histoire. À l’inverse, Beauty and the Beast valorise davantage le bien que le mal. Les personnages principaux, Vincent et Catherine, aspirent uniquement à aider les autres et à agir selon leur conscience.
Les membres du “Monde d’en Bas” se contentent de leur mode de vie. Martin dépeint les classes populaires avec une noblesse et une qualité mythique qui transcendent la société superficielle du monde “d’en haut”. Ce contraste sert également de commentaire sur l’itinérance à New York, un problème central des années 80, toujours d’actualité.
Malgré une fin abrupte due au départ de Linda Hamilton, qui souhaitait fonder une famille et se consacrer au cinéma, La belle et la bête a été une étape cruciale pour George R.R. Martin. Bien que frustré par les limites télévisuelles, cette expérience lui a permis de se perfectionner, contribuant à sa réussite ultérieure avec Game of Thrones.
Enfin, si La belle et la bête avait continué, Martin n’aurait peut-être jamais ressenti le besoin de se tourner vers la littérature et de créer l’univers du Trône de Fer. Ainsi, ce détour dans le fantastique des années 80 a été, pour les fans, une bénédiction déguisée.
La belle et la bête est actuellement disponible en streaming aux États-Unis sur Paramount+.
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