Alien - Romulus : Et malgré tout, le film peut décevoir, pourquoi ?

Date : 11 / 10 / 2024 à 14h00
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Tous les éléments cités dans cette suite d’articles U-Files peuvent bien entendu être interprétés à différents niveaux. Fede Álvarez est visiblement un amoureux de l’univers, dont il reprend les éléments les plus simples et évidents (les répliques par exemples) comme les plus fines (les références au jeu vidéo Alien : Isolation).
Avec cette accumulation de détails, le temps imparti est grandement cannibalisé par ce "fan service" (qui, une fois de plus, est plus que cela, mais qui peut apparaître seulement comme tel chez certains).

L’un des effets les plus évidents, au visionnage, c’est l’effet de déjà vu, risquant de faire passer le dernier volet comme une pâle copie d’Alien (dont il partage beaucoup de points communs). Pourtant, cela commence bien, en donnant vie à ceux qui travaillent pour Weyland-Yutani et l’établissement du lien particulier qui donnera une importance au duo Rain-Andy.

Ensuite, il faut bien l’avouer, il y a quelques défauts scénaristiques.
En effet, avec certains éléments introduits, et connaissant maintenant parfaitement la saga de films, on ne peut que s’attendre à certains événements, qui, quand ils se réalisent plus tard dans le film, laissent un goût amer. Pour illustrer cela, relevons deux moments importants, entre autres.
Pour commencer, dès que l’on voit un membre féminin de l’équipe être malade, on sait qu’elle est enceinte (un thème important dans la saga, voir Ripley, voir la symbolique de la naissance ou de la résurrection, voir l’ordinateur "Maman", voir la forme du vaisseau des Ingénieurs dans Prometheus...)
Ainsi, en introduisant ce genre de "rebondissement", on sait qu’elle va enfanter d’un hybride alien, et dès l’apparition du pathogène, cela se confirme immédiatement.
Cette succession de scènes évidentes est un important défaut qui se rapproche du second moment que nous décrirons pour l’exemple. L’expérience faite sur le rat, aurait pu nous être moins montrée (et juste suggérée) en s’arrêtant au moins avant la transformation finale après la mort sous la presse. Cela aurait pu nous laisser un tout petit doute sur le devenir de celui qui se piquera avec le nouvel élément d’évolution. Au lieu de cela, on persiste à nous l’expliquer.

Avant de passer à ce qui pèche le plus dans Alien : Romulus, débarrassons-nous de ce qui a (inutilement) fait polémique, l’utilisation de l’image du visage de l’acteur Ian Holm (avec l’autorisation de la famille) avec un savant mélange d’animatronique, de deepfake et d’interprétation par l’acteur Daniel Betts. Jugée mal faite, elle est aussi largement commentée comme non-éthique. Pourtant, cet élément a vraiment une importance dans le scénario du nouveau volet (pour manipuler dans le but de réaliser sa directive, mais aussi pour "changer" Andy avec sa puce).

Toutefois, si tout ceci aurait pu être facilement amélioré, l’un des points les plus néfastes au film est l’accumulation de volets dans la saga. Car, maintenant, avec tout ce qui s’est produit dans les différents films, soit le scénario doit s’attacher à faire quelque chose de différent (et risquer de tomber dans ce que les spectateurs n’aimaient pas dans Prometheus ou Covenant par exemple) ou être condamné à refaire toujours le même film. En cela (et uniquement en cela), la saga Alien n’a pas encore réussi ce que La Planète des Singes a fait, en tombant plutôt dans le syndrome Jurassic Park. La conséquence de ce choix de "refaire de l’Alien" est très préjudiciable, le Xénomorphe ne faisant plus du tout peur, ni par ses capacités de combat (ceux du dernier film sont particulièrement mous et inoffensifs), ni par ses actions dégoutantes (acide, insémination...)
La chose la plus facile, mais visiblement la moins bonne, est de convoquer de nouvelles créatures, plus visqueuses ("avec plus de dents", si l’on continue le parallèle avec la suite de films Jurassic Park) ce qui fut déjà fait, souvent, à partir d’Alien, la résurrection. Dans Alien : Romulus, la nouvelle engeance (elle est surnommée Offspring par les fans) tire plutôt habilement vers les Ingénieurs alors que certains croquis envisageaient plutôt un design vers les xénomorphes. Mais quelle créature pourrait rivaliser avec le dessin initial de Giger qui engendra toute la saga ? Aucun, c’est évident (et qui pourrait rivaliser avec le T-Rex de Jurassic Park ?)

Maintenant, il reste à voir ce que la série Alien : Earth, à venir, donnera, avec une exploitation du temps plus long (mais avec moins de moyens, forcément).

Un dessin préparatoire du concept artist Col Price (Dune 2, Matrix 4) :

La chronologie de la saga Alien :


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