Alien - Romulus : Les apports
Le cycle de la vie :
Au fil des années, les films ont suggéré beaucoup de choses sur les extraterrestres sans que cela ne soit explicitement montré. Dans Alien, par exemple, nous avons la scène du thorax qui éclate, dans laquelle un minuscule alien (surnommé chestbuster) jaillit du torse de Kane. En quelques heures, cependant, la créature a atteint la taille d’un homme et commence à tuer et à traîner les membres de l’équipage. Alien : Romulus inclut sa propre version de la scène du thorax éclatant, en utilisant des effets pratiques sanglants pour rappeler l’horreur viscérale de cette scène originale maintes fois commentée. Mais il comble également un peu les lacunes sur ce qui se passe après la naissance de l’alien. Peu de temps après que Navarro ait été tué par la sortie de la créature de son thorax, Bjorn et Kay découvrent un cocon sur un mur. Nous voyons alors comment la petite créature se transforme en un extraterrestre adulte, créant un sac charnu et dégoûtant pour faire sa croissance. Bjorn essaie de tuer la créature avant qu’elle n’atteigne sa taille adulte, mais son sang acide s’avère mortel pour lui.
Pas d’yeux :
On ne sait pas grand-chose sur la physiologie des extraterrestres dans les films, et bien qu’il y ait eu de nombreux comics et romans développant la franchise, il n’y a pas eu beaucoup d’explications canoniques sur la façon dont les extraterrestres détectent leurs proies. Andy fournit quelques informations sur la façon dont les facehuggers traquent leurs proies dans Romulus : la chaleur et le son. Cela correspond un peu aux jeux vidéo Alien vs. Predator, où vous pouvez jouer le rôle de l’extraterrestre et avoir une idée de la façon dont il voit le monde.
Rendre les humains plus résistants :
Rook révèle qu’en fait, le but ultime des recherches sur les Xénomorphes n’est pas d’en faire des armes, mais bien de trouver à compléter l’ADN humain afin d’en faire des être supérieurs, parfaits, ou tout du moins beaucoup plus résistants.
Une couche de brume :
Dans Alien : Romulus, la ruche extraterrestre de la station contient quelques clins d’œil. Le premier est simplement la forme de la structure elle-même – comme dans Aliens, les créatures semblent avoir utilisé de la « résine sécrétée » pour créer les murs noirs en forme de nervures qui marquent la ruche. Plus intéressant, sur le sol, Andy remarque également une couche de brume bleue qui réagit lorsqu’elle est touchée. La même brume est apparue par exemple dans le vaisseau abandonné dans Alien, où Kane a trouvé l’œuf extraterrestre pour la première fois, et il en a parlé à Dallas et Lambert alors qu’il explorait. On ne sait pas vraiment si la brume a réellement une fonction spécifique dans les films, mais il est suggéré dans les romans que la réaction de la brume pourrait être ressentie par les extraterrestres, ce qui explique pourquoi l’œuf s’ouvre lorsque Kane s’en approche. Nous pouvons voir quelque chose de similaire dans Romulus, car les extraterrestres commencent à venir chercher les survivants peu de temps après qu’ils aient touché la brume.
Purge :
L’ordinateur Maman montre à Rook, le tristement célèbre graphique "PURGE" d’Alien, de quoi raviver l’une des théories qui a fasciné les fans.
En effet, ce même écran est présent dans le film Blade Runner, et ces deux sagas ont de nombreuses similitudes, jusque dans les paroles des Réplicants, des sortes d’ancêtres des Synthétiques.
Exploitation Weyland-Yutani :
Un des meilleurs moments pour les fans, fut la vision de la planète minière et de la politique d’exploitation, voire d’esclavage, de la Compagnie Weyland-Yutani. Un moment fort, qui lance directement le nouvel opus dans une autre vision, plus terre-à-terre. L’espace que cela crée n’est pas que visuel, il étend le monde, le rend plus tangible, et nous sort de sa claustrophobie habituelle.
La Faiblesse face à l’inconnue :
Une bonne idée aussi, fut de rajeunir l’équipage de héros. Notre nouveau groupe n’est visiblement pas de taille, même si certains de leurs membres disposent de capacités reconnues (la pilote par exemple). La maladresse semble leur point commun. Cela permet de prendre le contrepoint des Marines d’Aliens par exemple. D’habitude le rajeunissement n’est pas bon signe, ce raccourci facile permet souvent de capter l’attention d’un jeune public et donc d’aseptiser le matériel source. Mais ce n’est pas vraiment le cas ici. Nous sommes tout de même très loin d’une aventure du Club des Cinq (ou de Star Wars : Skeleton Crew).
Une nouvelle Ripley ?
Pour appuyer le point précédent, Rain n’est pas une version light de Ripley, elle est reliée à son monde (son "frère" Andy) et a un véritable but. Elle n’est pas réellement une "survival girl".
Andy :
Le frère synthétique de Rain est la vraie bonne trouvaille scénaristique d’Alien : Romulus, car, en plus d’être formidablement interprété par David Jonsson (que l’on connaissait de la série Industry entre autres), il est un élément supplémentaire de force et de faiblesse. De par son défaut de conception, il s’apparente d’abord à un frère un peu attardé. Puis évolue, au fil de l’upgrade et des événements qui lui font comprendre le monde des humains. Ses interrogations, que l’on voit se dessiner sur son visage, terriblement expressif (à contrario des autres modèles de synthétiques...), sont autant de moments où le spectateur se range de son côté. Bizarrement, il semble être le seul être doté d’empathie (même sa sœur, qu’il doit privilégier à tout prix, pense l’abandonner, ou, en tout cas, est forcée de s’y résoudre).
Il est le vrai héros du film, et si ce dernier ne voulait lancer une suite à la saga, il aurait très bien pu être le dernier survivant (comme dans Cube).
Tous ces éléments sont des apports très intéressants qui font d’Alien : Romulus, en plus de scènes de suspens efficaces déjà maîtrisées dans les autres volets de la saga, et des "easter eggs" cités, un bon film.
Mais des défauts entachent aussi la réussite du film de Fede Álvarez.
Et cela, nous le verrons demain.
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