The Changeling : La critique des 3 premiers épisodes
THE CHANGELING
Date de diffusion : 08/09/2023
Diffusion : Apple TV+
Épisodes : 1.01 à 1.03
Réalisateurs : Melina Matsoukas, Jonathan van Tulleken
Scénariste : Kelly Marcel
Interprètes : LaKeith Stanfield, Adina Porter, Clark Backo, Samuel T. Herring
LA CRITIQUE (SANS SPOILER MAJEUR)
New York en 2010, Apollo Kagwa et Emma Valentine s’aiment, et les choses s’enchaînent : un mariage puis, très vite, un bébé qu’Apollo nomme comme son propre père, Brian.
Mais dans ce cadre idyllique, plusieurs choses clochent.
Tout d’abord, chaque personnage semble tourmenté par quelque chose de son passé, qui son enfance en Ouganda, qui un père absent, qui une maison en flamme.
Tout est furtif, et saute aux yeux du téléspectateur comme de rapides flashs du passé, des souvenirs qui passent par la tête des personnages au détour d’une allusion dans une conversation anodine. Cette vie quotidienne est le sujet des deux premiers épisodes de cette série qui sait prendre son temps.
Le rythme est très lent, pour nous laisser le temps de nous attacher aux personnages. Sans cela, la suite ne marcherait pas aussi bien.
Ce rythme est très littéraire, et on ne s’étonne pas de découvrir que la série est tirée du roman éponyme (Le Changelin en français) de Victor LaValle paru en 2017.
L’écrivain est d’ailleurs la voix narrative de la série, qui déroule ses descriptions comme un conte.
Un conte qui commence en 1968, avec l’histoire des parents d’Apollo, qui connaissent une histoire d’amour équivalente, (le père est fan de boxe et du film Rocky et nomme son fils Apollo... Creed). Mais, vite, l’histoire s’envenime et il quitte le foyer.
Beaucoup de choses s’entrelacent ainsi, les époques, les personnages, et l’on découvre, par toutes petites brides l’histoire de chacun, le chemin qui les a mené ici.
Mais rien n’est clair, tout est doute et croyance, pour les personnages et pour nous, téléspectateurs.
Les brumes du passé font surface (jusqu’à les voir physiquement), les cauchemars évoluent, et personne ne semble à l’abri.
Il faut dire qu’un élément déclencheur semble avoir changé la destinée paisible d’Apollo. Sa future femme est rentrée d’un voyage en Amérique du Sud et à rencontré une vieille femme au bord d’un lac, qui lui a attaché un filin rouge autour du poignet, en lui indiquant que ses trois vœux les plus chers se réaliseront, mais lui donne l’interdiction de le couper.
Apollo, se croyant fort comme un dieu grec (Je suis le dieu Apollon), le tranche pourtant sans croire un seul instant que cela pourrait avoir la moindre conséquence.
Depuis, sa destinée qui ne semblait tenir qu’à un fil, se transforme quand sa femme semble prise d’une dépression post-partum.
Une sorte de paranoïa s’installe, encore très diffuse, du moins jusqu’aux événements de début du troisième épisode.
La méthode narrative, par saut dans le temps, souvenirs, et discussions avec d’autres personnages, nous fait patienter pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé. Cela semble terrible (je ne peux rien en dire) mais on en sait pas grand-chose.
La force de ce début de série est là.
On nous distille une ambiance, savamment servie par des décors sompteux de réalisme et de détails, des musiques disco et funky, des couvertures et gravures d’anciens livres (Apollo est chasseur de livres anciens).
Et l’étrange vient se mêler de tout cela, vraiment tout doucement, sans que l’on sache, au début, ce qu’il advient vraiment.
On se doute que ces sortes de capsules temporelles de mémoire contiennent des éléments de savoir pour chaque personnage, mais on nous en montre pas assez.
Quand une mère parle à son bébé dans son ventre, en lui disant qu’elle jure qu’elle ne laissera rien lui arriver, on sait que cela ne se passera pas ainsi, et que sa propre histoire aura des répercussions sur celle que nous sommes en train de voir.
Surtout qu’une ambiance obscure distille petit à petit, marquée par des plans de caméra tournant, oblique, non-naturel et oppressant, multipliant la symbolique des portes (qui s’ouvrent sans que l’on ne sache qui surgira derrière, et à quelle époque).
Cette porte qui, dans les cauchemars d’Apollo, s’ouvre petit à petit...
En résumé, ce début de série prend son temps, mais maîtrise parfaitement sa structure narrative. La reconstruction des époques, la musique qui y est associée, la photographie, les décors, le jeu d’acteur, tout est de haut niveau.
C’est au début de l’épisode 3 que cela s’accélère, on nous donne un vif coup de sang, mais pour retomber tout de suite après. On ne nous donnera pas tout d’une seule traite, et même dans cette scène (coupée au bon moment). Être patient, est donc impératif, mais la fin de l’épisode 3 fait basculer la série dans une autre vérité qui nous tiendra en haleine pour la suite.
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