Je ne suis pas une Salope, je suis une Journaliste ! : La review du film Canal+

Date : 21 / 03 / 2021 à 10h45
Sources :

Unification


Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste ! est un très bon documentaire français de Marie Portolano et de Guillaume Priou qui revient sur la place des femmes dans les rédactions sportives.

La journaliste sportive Marie Portolano a été à la rencontre de ses consœurs pour parler avec elle de la manière dont elles sont traitées dans leurs rédactions et du malaise qu’elles peuvent parfois ressentir vis-à-vis de certains comportements.

Ces dernières évoquent ainsi le harcèlement, le sexisme, le fait d’être prise pour cible, la manière dont on les sexualise, le syndrome de l’imposteur qu’elles peuvent ressentir quand on les accuse de prendre la place d’un homme ou de n’avoir été choisies à ce poste que parce qu’elles étaient des femmes, le rôle de la potiche qu’on leur attribut parfois, la manière dont on les traite d’incompétentes, la parole qu’on leur envoie, ou la façon dont les choses évoluent aujourd’hui. Si malheureusement de tels comportements peuvent se retrouver dans tous les corps de métier, il faut évidemment avouer que de travailler dans une rédaction pratiquement exclusivement masculine, et qui a longtemps été une chasse gardée de ces messieurs, renforce le problème.

Ce sont ainsi Nathalie Iannetta, Estelle Denis, Frédérique Galametz, Clémentine Sarlat, Charlotte Namura, Lucie Bacon, Mary Patrux, Vanessa Le Moigne, Cécile Grès, Amaia Cazenave, Laurie Delhostal, Margot Dumont, Tiffany Henne, Isabelle Moreau, Isabelle Ithurburu et Géraldine Pons qui prennent la parole sur différents sujets. En effet, ces derniers ont été organisés et un joli montage de Samuel Vincent et de Benoît Portolano intègre les interviews des unes et des autres concernant cette thématique. Certains éléments évoqués sont parfois plus qu’édifiants et les émotions des femmes qui racontent quelques faits marquants sont bien présentes, d’autant que ces événements survenus parfois de nombreuses années précédemment sont toujours à vif dans les mémoires des journalistes.

De plus, quelques unes ne sont pas sorti indemnes de tels comportements, à l’image de Marianne Mako, la première journaliste sportive féminine qui a été traitée de façon indigne. Malheureusement, la maladie l’a emporté il y a trois ans, et c’est donc à travers des extraits d’archives et des discussions avec des journalistes qui l’ont côtoyé que l’on peut découvrir certains éléments de son harcèlement. D’autres femmes sont aussi évoquées telles que Maly Thomas, Marina Lorenzo, Christine Paris, Clarence Rodriguez, Catherine Pic, Anne-Sophie de Kristoffy, Céline Géraud, Agathe Roussel, Marie-Christine Debourse et Pauline Sanzey.

La sociologue Catherine Louveau revient d’ailleurs sur les comportements subits par les femmes et y apporte un éclairage très intéressant à écouter.

Il faut d’ailleurs saluer le courage des journalistes qui s’expriment dans ce documentaire, car la loi de l’Omerta reste très forte dans ce milieu. Ainsi, Clémentine Sarlat, qui a dénoncé les agissements de la rédaction des sports de France Télévisions, ne vit plus à Paris et a peut-être fait une croix sur sa carrière de journaliste sportive. Néanmoins, sa prise de parole a libéré certaines femmes et les comportements des journalistes masculins, déjà anormaux en soi, mais tus par les victimes, ne sont plus acceptables aujourd’hui.

Heureusement, les jeunes journalistes qui arrivent ne se comportent plus de la même manière, laissant espérer des relations beaucoup plus saines dans le milieu du travail. D’autant que l’accession des femmes à certains postes de responsabilité aide aussi à ne plus laisser perdurer de tels comportements.

Ce sont aussi les réseaux sociaux qui sont pointés du doigt, avec un dénigrement et une grande violence vis-à-vis des journalistes féminines. Un déchaînement de mots haineux, sexistes, allant même jusqu’à des menaces de mort et de viol que des anonymes perpétuent. Surtout lorsque une femme ose parler de football, ce sport étant considéré par certains comme appartenant exclusivement au domaine masculin.

Néanmoins, depuis le début du XXIe siècle, les femmes sont de plus en plus visibles dans les rédactions et dans les émissions sportives. Et grâce à leur travail acharné, obligatoirement supérieur à ceux de leurs confrères, elles ont maintenant une légitimité établie. Il aurait été d’ailleurs intéressant de se pencher sur l’attrait des émissions sportives, et du sport en général, vis-à-vis du public féminin, maintenant qu’elles ne sont plus exclusivement masculines.

Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste ! est un très bon documentaire rappelant que le journalisme et un métier et que nombre de ceux le pratiquant ont fait cinq ans d’études. Il n’est donc pas admissible que ce soit le genre qui prime sur les capacités, les compétences et le talent de celles qui veulent juste travailler dans de bonnes conditions, surtout dans un milieu où la passion prime.

Avec des témoignages captivants, une grande force et une belle pointe d’humour, la parole de ces journalistes mérite réellement d’être entendue en espérant que ça améliore la condition des femmes dans les rédactions et que ça libère aussi des hommes témoins de ces faits qui, parfois pour les mêmes raisons que leurs consœurs, n’osent pas s’exprimer sur des comportements qui sont inadaptés dans le milieu professionnel, tout comme, évidemment, dans le milieu privé.

Passionnant et édifiant.

SYNOPSIS

C’est un fait : les journalistes de sport sont majoritairement des hommes. Dans ce monde-là, les femmes trouvent de plus en plus leur place mais, ici comme ailleurs, le chemin est encore long vers l’égalité. Marie Portolano connait les messages, d’une vulgarité folle, que ses consœurs et elle reçoivent au quotidien sur les réseaux sociaux. Elle sait les remarques qu’elles entendent, les gestes qu’elles peuvent subir.

« J’ai voulu aller à la rencontre d’autres femmes journalistes pour savoir si, elles aussi, vivaient le même malaise, et comment elles le surmontaient. » explique-t-elle d’emblée, en introduction de son documentaire...

Des pionnières de ce métier aux journalistes de demain, comment les femmes réussissent-elles à se faire une place dans le monde fermé du journalisme sportif, en particulier à la télévision. Y’a-t-il eu un réel changement de mentalité ?

À l’image d’Olivier Dacourt dans son documentaire Je Ne Suis Pas un Singe, Marie Portolano recueille la parole de seize femmes. Elle les interroge sur leur place dans le journalisme sportif et le sexisme qu’elles peuvent encore constater ou endurer. Un documentaire délibérément féministe, pour participer à libérer la parole, contribuer à faire tomber les dernières barrières qui demeurent dans ce métier, et apporter des solutions. « Pour qu’il devienne inutile d’en faire un film », comme le dit Marie à la fin de son documentaire.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 17
- Titre original : Je ne suis pas une Salope, je suis une Journaliste !
- Date de sortie : 21/03/2021 sur Canal+
- Réalisateur : Marie Portolano, Guillaume Priou
- Interprètes : Nathalie Iannetta, Estelle Denis, Frédérique Galametz, Clémentine Sarlat, Charlotte Namura, Lucie Bacon, Mary Patrux, Vanessa Le Moigne, Cécile Grès, Amaia Cazenave, Laurie Delhostal, Margot Dumont, Tiffany Henne, Isabelle Moreau, Isabelle Ithurburu, Géraldine Pons, Catherine Louveau
- Photographie : David Thiago Ribeiro, Ikram Kchikech
- Montage : Samuel Vincent, Benoît Portolano
- Musique : Benoît Portolano
- Producteur : Production Sports Canal+

LIEN

- SITE OFFICIEL


Les séries TV sont Copyright © leurs ayants droits Tous droits réservés. Les séries TV, leurs personnages et photos de production sont la propriété de leurs ayants droits.



 Charte des commentaires 


Pearl : La critique du film
Narvalo : Critique de la saison 3
Yellowjackets : Critique des trois derniers épisodes de la saison (...)
Yellowjackets : Critique 2.05 et 2.06 Two Truths and a Lie et (...)
Delete Me - Watch Me : Critique de la saison 2
Atlas : La nouvelle bande annonce explosive
Spider-Man 4 : Le film est en début de production selon Tom (...)
Star Trek : Des saisons plus courtes pour éviter le superflu
Les Guetteurs : La bande annonce qui explique comment Dakota (...)
Gardien des cités perdues : Warner Bros. obtient les droits de (...)
Projet HBO : Une série financière très Succession en (...)
Les Maîtres du temps : La critique
Sunny : La série Apple de Rashida Jones se montre
Suits - L.A. : Les premiers clients de Stephen Amell frappent à (...)
Génération Silent Hill : La critique