Star Trek : Pourquoi est-ce si difficile de faire du (bon) Trek Mr. Ronald D. Moore ?
Alors que la saison 2 de For All Mankind a aluni sur Apple TV+ ces jours-ci, voici la deuxième partie de la longue interview de Ronald D. Moore concernant son travail sur l’uchronie spatiale du streamer à la pomme et, de manière générale, sur la franchise Star Trek, dont il a été scénariste pour TNG et DS9. La première partie de cet entretien, était centrée sur "la route vers Star Trek" que prend sa série Apple TV+.
Voici donc une retranscription de la 2e partie ce passionnant échange où tout y passe : de l’avenir télévisuel de Star Trek par Alex Kurtzman sur CBS All Access / Paramount+ (il parle même de Section 31) au défis que doit surmonter Paramount Pictures pour le prochain film, en passant par ce qui l’attend chez Disney, alors qu’il a signé un contrat avec Mickey il n’y a pas si longtemps.
Vous avez été très occupé, mais avez-vous suivi les nouvelles séries de Star Trek sur CBS All Access, comme Picard, Discovery et Lower Decks ?
Non, je ne les ai pas vu pour être honnête. J’ai vu le début de Picard, et puis je n’y suis pas revenu. Et il y a aussi une partie de moi qui ne regarde, ne lit ou ne consomme pas autant de science-fiction qu’avant. J’ai tendance à me dire : « Bon, plus de science-fiction pendant mon temps libre. » J’ai tendance à graviter vers d’autres choses.
Sur DS9, vous, Weddle et Thompson avez écrit tous les épisodes originaux de la Section 31. Savez-vous qu’ils travaillent actuellement sur une série télévisée Section 31 ? Avez-vous des idées à ce sujet ?
Je l’ai entendu. Je me souviens avoir lu ça quelque part. Je ne savais pas si c’était vrai ou si c’était juste une rumeur. C’est certainement un terrain fertile pour raconter une histoire. Et c’est un excellent concept. C’est Ira Behr [le showrunner de DS9] qui a eu l’idée originale de faire la Section 31. Elle n’attend que d’être racontée par quelqu’un.
Même avec toute ces séries Star Trek de CBS, Paramount n’a toujours pas de plan pour en faire quelque chose. Vous avez écrit deux longs métrages de Trek, si Paramount venait vous voir et vous donnait environ 200 millions de dollars, que feriez-vous de Star Trek sur grand écran ?
C’est une question intéressante. Je n’en suis pas sûr car Trek est, d’une certaine manière, un matériel qui ne convient pas au grand écran, même si j’en ai fait deux. J’ai trouvé que Premier contact était un très bon film, Generations pas tellement. Et La Colère de Khan est un film exceptionnel. Retour sur Terre fonctionne très bien, etc. Ce n’est pas que ce ne sont pas de bons films, mais j’ai l’impression que les films doivent être des films de spectacle. Les films doivent être gigantesques, d’action-aventure, avec beaucoup de tournage, beaucoup de choses en jeu - sauf pour Retour sur Terre. Et ce n’est pas vraiment Star Trek pour moi.
Pour moi, Trek est un jeu de moralité. C’est une série sur les dilemmes éthiques. C’est une série de science-fiction sur « Et si ? » C’est une œuvre de caractère. Les meilleures parties de Trek ne se prêtent pas nécessairement au grand écran. Par exemple, vous ne pourriez pas faire "Une journée de Data" comme un film, n’est-ce pas ? C’était l’un de mes épisodes préférés. "La Conscience du Roi" de la série originale est l’un de mes épisodes ponctuels préférés. Ce n’est pas un film. Donc, la version cinématographique doit toujours être sur-amplifiée et ce sont des montagnes russes géantes. Je ne sais pas si l’aspect montagnes russes est ce qui m’attire le plus dans Star Trek.
Donc, s’ils me demandaient ce que je dois faire avec les films, je ne sais pas. Je voudrais redémarrer et recommencer à zéro et faire quelque chose de très différent. Et essayer une autre saveur de Star Trek pour le grand écran. Et pas seulement faire qui sera le Khan dans cette version ? Quelle est la grande arme géante qui va menacer l’univers ? Ou quelque chose de ce genre. Je pense qu’il faudrait trouver un angle de science-fiction qui permette de mieux comprendre : quelles sont les racines de Trek ? Pourquoi les gens en sont-ils venus à en tomber amoureux ? C’est une question difficile.
Êtes-vous d’accord avec l’idée qu’ils devraient arrêter de tourner des films pour faire de l’argent comme Marvel et se contenter de faire un film de science-fiction solide, de 100 millions de dollars ou moins ?
Eh bien, c’est difficile parce que l’économie pour un long métrage est encore une fois très différente de celle de la télévision. L’industrie du long métrage s’est réfugiée dans ce coin, où elle ne réalise pratiquement que les gigantesques superproductions épiques à l’échelle de Marvel, ou de très petites œuvres d’art pour les Academy Awards. Et entre les deux, elle a énormément de mal à commercialiser, promouvoir et rentabiliser ses activités.
C’est une étrange boîte qu’ils fabriquent eux-mêmes. Je ne sais donc pas comment résoudre ce problème. En tant que conteur, je sais qu’il n’est pas toujours satisfaisant de simplement y injecter plus d’argent et de faire une autre séquence d’effets visuels. Qu’il y ait quelque chose d’autre qui se passe en termes de science-fiction et de personnages est juste un peu plus intéressant et plus satisfaisant à bien des égards.
Vous venez de signer un nouveau contrat avec Disney - félicitations - et vous allez d’abord travailler sur une nouvelle série Les Robinsons des mers du Sud pour Disney+. Mais il y a bien sûr beaucoup de propriété intellectuelle chez Disney, alors y a-t-il une propriété intellectuelle spécifique à Disney sur laquelle vous avez des vues ? Pourrions-nous voir une série Star Wars de Ron Moore ?
Vous avez tout à fait raison, il y a beaucoup d’excellentes propriétés intellectuelles chez Disney. C’est ce qui m’a incité à signer un contrat là-bas. Je suis très enthousiaste à l’idée de pouvoir mettre la main sur toutes sortes de propriété intellectuelle. C’est donc tout ce que je peux dire pour l’instant. Mais c’est une opportunité passionnante parce que Disney était comme Star Trek, quelque chose de très important pour moi en grandissant, et un amour que j’ai continué à entretenir à l’âge adulte. Donc, la possibilité d’entrer dans cette propriété intellectuelle classique que Disney possède sous toutes ses facettes est une proposition vraiment passionnante.
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