L’état sauvage [VOD] : La critique
L’état sauvage, de David Perrault est un western moderne, à l’ambition féministe assumée.
Les femmes sont en nombre au casting et pas que pour faire de la figuration. Des protagonistes à la poigne de fer et au charme, pour certaines, vénéneux.
Les personnages autant féminins, que masculins sont bien dessinés. Comme sortis d’une bonne bande dessinée.
Et s’ils galopent au rythme d’un scénario peu étoffé, c’est sans doute pour qu’on les observe avec attention.
En effet une fuite à travers les merveilleux paysages de l’Amérique, à la fin du dix-neuvième siècle, ça n’a rien de nouveau. Pour autant, avoir à ses trousses une horde de bandits masqués conduits par une folle furieuse, c’est un peu plus original.
Une méchante histoire d’amour qui tourne mal, une autre d’adultère, une encore d’éveil des sens d’une jeune ingénue... Un bon cocktail, plutôt bien servi.
Le rêve d’émancipation qui vire au cauchemar, devenu réalité, une ingénieuse trouvaille.
Esthétiquement, on passe de l’ombre à la lumière avec virtuosité.
On ose les plans audacieux, vu d’en haut. Ce qui offre au spectateur des perspectives nouvelles, et peu usitées jusque-là dans le genre.
Les ambiances sont soignées. Tamisées, en intérieur, éclairage à la chandelle. Baignées de lumière naturelle habilement travaillée en extérieur, pour mettre en valeur des décors bien choisis. Le travail des images est extrêmement léché.
Les différents cérémonials, de "l’étiquette" de la haute société, au vaudou, donnent de belles opportunités de manipuler différentes matières. Des costumes et meubles cossus aux flammes de l’enfer, qui s’abattent en plusieurs temps sur les personnages.
L’usage du feu est particulièrement fascinant. Les contrastes, exploités avec intelligence.
L’angoisse est bien maîtrisée. Les cagoules évoquant une secte plus qu’une bande de voleurs, donnent du relief à la menace. Et inspire un peu de terreur, bien dosée, au final.
Un très bon western donc, qui, s’il commence un peu lentement, prend rapidement un rythme intéressant. Avec des notes assez contemporaines en matière d’égalité des sexes. Ce qui est ma foi fort plaisant.
Il était assez rare, je crois de voir une "vraie méchante" dans les classiques des années cinquante où la femme était réduite à l’état de victime ou de prisonnière, dans tous les cas d’objet. Elles tiennent ici de vrais rôles, consistants, où le texte a plus d’importance que l’apparence.
Les costumes, d’ailleurs, judicieusement équivalents entre hommes et femmes dans la partie la plus importante du film, les mettent sur le même plan pratique et leur offrent la même réactivité dans l’adversité. Ce qui est sans doute plus proche de la réalité de l’époque, qui a vu les femmes agir d’égal à égal avec les hommes, et souvent, avec plus de pugnacité et de courage.
Un bel hommage à la gent féminine qui a joué un grand rôle dans "la conquête de l’ouest", si tant est qu’elle puisse en tirer une certaine gloire. Que les actrices de ce film incarnent avec un bel instinct et beaucoup de talent. Leurs homologues masculins ne sont pas en reste.
Un western efficace et de belle facture. Mené de main de maître par un metteur en scène inspiré, qui réconciliera sans nul doute les femmes et le genre, jusqu’ici, il faut l’avouer, plutôt macho.
Pour les aficionados.
SYNOPSIS
États-Unis, 1861, la guerre de Sécession fait rage. Une famille de colons français décide de fuir le Missouri où ils vivent depuis 20 ans. Edmond, Madeleine et leurs trois filles doivent traverser tout le pays pour prendre le premier bateau qui les ramènera en France. Victor, ancien mercenaire au comportement mystérieux, est chargé de veiller à la sécurité du voyage...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE VIDEO
Disponibilité : VOD
Date de sortie : 29/04/2020
Durée du film : 1 h 58
FICHE TECHNIQUE FILM
Titre original : L’état sauvage
Réalisateur : David Perrault
Scénariste : David Perrault
Interprètes : Alice Isaaz, Kevin Janssens, Déborah François, Bruno Todeschini, Constance Dollé, Armelle Abibou, Maryne Bertieaux, Kate Moran
Photographie : Christophe Duchange
Montage : Maxime Pozzi-Garcia
Costumes : Véronique Gely
Décors : Florian Sanson
Producteur : Sylvain Corbeil, Farès Ladjimi pour Mille et Une Productions, Metafilms INC
Distributeur : Pyramide Distribution
LIENS
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