Doctor Who : Review 12.10 - The Timeless Child
Cet article contiendra de nombreuses révélations, il est donc conseiller de voir la saison dans son entièreté avant de le lire.
Qu’il est complexe de rédiger une critique posée et argumentée de ce final, sans tomber dans la passion et l’attaque envers Chris Chibnall.
Il avait pourtant annoncé que tout serait différent après ce dixième épisode, et vu sa tendance à ne pas respecter les canons de Doctor Who, on aurait dû se méfier... Mais s’affranchir à ce point de la mythologie Whovian est une trop grande prise de risque pour un showrunner à ce point contesté et à l’écriture bancale depuis deux saisons.
Tout ça pour ça ?!
Pour une saison dans laquelle la construction de chaque épisode scénaristique était d’un classicisme assumé, il était légitime d’attendre des réponses cette semaine.
D’où vient ce vaisseau Cybermen ? Quelles sont les motivations du Lone Cyberman ? Quel est le secret du Maître ? Comment Gallifrey a été détruite ? En quoi le Docteur est impliqué ? Quels rôles auront les compagnons et les humains survivants ? Jack reviendra-t’il ?
Croyez-le ou non, seulement la moitié de ces interrogations trouveront une réponse. Le plus frustrant sera sans doute cet emblématique hybride humain/robot, redoutable, ayant mis à genoux le Docteur, transformé en simple jouet avec une facilité déconcertante par le Maître. On ne le reverra plus par la suite.
Même si sa motivation est bien révélée, on peut douter de la cohérence en rapport avec l’univers. Les Cyber n’ont jamais voulu se changer en totalement en robot, ils veulent se perfectionner. D’autant que leur leader est dirigé par ses émotions, pourquoi voudrait-il se séparer de sa part humaine ? Pas de réponse non plus.
Les compagnons arrivent à s’extirper du vaisseau en enfilant une armure - impossible techniquement - et arrive à se rendre sur Gallifrey. Leur échappée est plutôt sympathique à suivre. Du suspense, de l’action et une bonne mise en scène. Ils parviennent à rejoindre le cœur de la citadelle où le Docteur est en fâcheuse posture face au Maître, en train de lui faire sa grande révélation et lui expose son plan...
L’effet Georges Lucas
Vous souvenez-vous du tolet des midi-chloriens ? Lors de l’épisode I de Star Wars, sorti en 1999, George Lucas avait décidé de formaliser scientifiquement le Force, anciennement force mystique impalpable, au travers du taux de ces molécules dans le sang. Les fans de la première heure avaient alors conspué le concept remettant entièrement en question la philosophie autour de La Guerre des Étoiles.
Chibnall a décidé d’en faire autant. L’intégralité des Seigneurs du Temps sont en fait des humanoïdes habitant Galiffrey auxquels on a intégré l’ADN d’un enfant errant ayant la capacité de régénération, le Timeless Child. Et devinait quoi ? Ce bambin, c’est en fait le Docteur !
Ou comment remettre en cause 57 ans d’univers construit autour d’un personnage volage, voulant s’extirper des règles de sa planète natale. Une sorte de rebelle loufoque qui devait régler des problèmes ponctuels, embarqué dans des intrigues le dépassant, mais s’en sortant grâce à son intelligence, mêlée à une certaine maestria.
Le Docteur n’est pas un messie universel. Il n’a pas vocation à être central à l’univers depuis la création de la série.
Des prises de risque vis-à-vis du canon, d’autres auteurs l’avaient fait, mais pas à ce point brutal. D’autant que le crescendo menant à cela n’est pas bien construit. Les bons éléments sont mis à l’as, les compagnons oubliables et le fan service inutile.
Heureusement que le jeu du Maître est magistral et que la réalisation, comme très souvent cette année, sauve quelque peu le tout.
Cette saison est une grande déception, d’autant qu’elle a été capable d’épisodes brillants. Il va falloir attendre 8 mois et l’épisode de Noël pour avoir des réponses probantes et un rattachement aux incohérences créées avec cette révélation.
EPISODE
Episode : 12.10
Titre : The Timeless Children
Date de première diffusion : 01/03/2020 (BBC)
Réalisateur : Jamie Magnus Stone
Scénariste : Chris Chibnall
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