Gemini Man : La rencontre avec Ang Lee
À l’issue de la projection du film Gemini Man, Ang Lee est venu répondre aux questions du public. Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu.
Vous pouvez aussi en visualiser le résumé en vidéo par le diffuseur et producteur du film Paramount en fin d’article.
Pouvez-vous nous parler de votre idée de clone ?
Je voulais quelque chose comme la nature versus la nature. Quand on se voit soi-même, cela peut rendre en colère. Vous devenez quelque chose, la façon dont la société vous voit. Je voulais montrer que le clone est une vraie personne et qu’il avait une âme.
Diriger un acteur qui joue deux rôles, est-ce que ce n’est pas difficile ?
Je voulais parler de la relation père-fils. Le personnage a beaucoup d’énergie et un grand instinct de survie. Will Smith est un homme avec lequel il est très facile de travailler sur un drame.
Pourquoi avez-vous fait ce choix d’un tournage avec 120 images par seconde ?
J’avais plusieurs caméras pour avoir plusieurs images quand j’ai commencé ma carrière. J’ai rapidement appris à utiliser ces caméras. Et je me suis rendu compte que la plupart n’étaient pas si utiles que cela. Lorsque l’on filme à grande vitesse, on obtient beaucoup d’images. Ce qui fait que l’on obtient quelque chose qui ressemble beaucoup à la vie. Nos yeux voient cela comme si c’était la réalité, car cela montre plein d’informations. Il y a beaucoup de personnes qui n’aime pas la 3D, car il n’y a pas assez d’images et que cela les dérange inconsciemment et donne parfois un effet stroboscopique. En mettre autant, c’est pratique et ça permet de traduire pour tout le monde ce que l’on voit.
Je me souviens d’avoir vu James Cameron faire la promotion du 60 images par seconde et c’est vrai que le rendu était bien meilleur. Et puis le 120 images par seconde est arrivé grâce à la technologie. Je l’ai alors essayé sur mon film précédent Un jour dans la vie de Billy Lynn, mais il n’y avait pas de salle équipée avec un projecteur qui pouvait diffuser le film. Pour voir ce que cela donnait, j’ai utilisé un simulateur militaire de vol. Gemini Man est mon deuxième essai et il a aussi été tourné en 4K. L’information apportée par toutes ces images est suffisante et le cerveau est capable de traiter cette dernière.
Comment est-ce qu’on réussi à faire jouer un Will Smith de 23 ans ?
C’est très difficile. Par exemple, les effets digitaux coûtent bien plus cher que Will Smith. Mais comme c’est un acteur depuis longtemps, on connaît très bien son visage et il est très documenté. En plus, le public a une bonne mémoire de lui, car il a joué dans pleins de rôles différents. On a essayé de jouer avec un modèle plus jeune. À 15 ans, il y a une vraie différence au niveau de la structure du visage et de la peau. On doit imaginer ce qu’il était à cet âge. Au niveau de la direction d’acteurs, j’ai recherché où était son innocence et sa jeunesse. Celle qui transparaissait dans son film Bad Boys.
Il y a aussi la relation avec son père qui est un militaire et cela a été très utile pour qu’il incarne son rôle. De plus, il y avait les effets spéciaux dans le fond. Dans l’histoire, c’était le meilleur moyen de capter le personnage. Il n’y a pas de formule. C’était une longue procédure à suivre. En plus, Will Smith est un meilleur acteur maintenant qu’avant.
Pouvez-vous nous parler du storyboard ?
Je ne suis pas un mauvais dessinateur. Pour mon premier film, en première année, j’ai dessiné le storyboard et je l’ai tourné. Puis en deuxième année, je me suis demandé pourquoi continuer à en faire ? Et puis après, j’ai résisté à l’envi de faire des storyboards. Ils ont leurs propres chemins et je n’ai pas forcément envie de tourner cela. C’est parfois très pratique pour des challenges techniques. Mais pour Gemini Man, je devais le faire, car le film coûte très cher. C’est un tournage qui est très précis. Et les figures des personnages devaient être très expressives et extrêmement précises. Je considère un storyboard plutôt comme un moyen de prévisualisation.
Quel a été le travail sur l’environnement ?
J’ai fait venir les animateurs dans les lieux où on tournait et les ait fait regarder les endroits où les caméras seraient posées. Ils me permettaient de proposer très rapidement une prévisualisation de la séquence finale que l’on aurait après la post-production. Tous ces effets spéciaux, c’est très cher et très lent. Donc la prévisualisation est quelque chose de nécessaire. Un jour, ce sera peut-être un média si simple et pratique, que l’on pourra tourner facilement comme ça.
Comment avez-vous réussi à tourner ces séquences spectaculaires de combat rapproché ?
Il y a effectivement des combats ou les deux personnages sont très proches. J’ai pris un jeune cascadeur qui avait une peau jeune qui servait de référence pour la lumière. Il y avait un tournage avec lui, puis on changeait la perspective. Ensuite, la motion capture a été utilisée et l’acteur a été scanné pour remplacer le corps du cascadeur. Cela était une longue procédure qui était très difficile. Certaines scènes étaient vraiment très difficiles à faire et avaient parfois des angles qui n’étaient pas bons.
Il semblerait qu’au niveau du script, Junior ne ressente pas de sentiments, pourquoi avez-vous changé cela ?
Je ne sais pas ce qu’est un clone et ne connais pas sa psychologie. Ma première idée était qu’un clone avait aussi une âme. C’était une décision artistique. Je trouve que le film était plus intéressant si on pouvait voir ce qu’il ressentait. La façon de se comporter est différente si la personne a une vraie volonté et est libre de faire ses propres choix.
Gemini Man est un film d’action sympathique, très spectaculaire reposant sur un double rôle de Will Smith impressionnant. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.
VIDÉOS
Rencontre avec Ang Lee :
Bande annonce :
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