Nightflyers : George R.R. Martin prédit l’avenir de la narration
Nightflyers, la nouvelle série SYFY, basée sur la nouvelle du même nom datant de 1980, de George R.R. Martin, (éditée en France sous le nom Le Volcryn) raconte l’histoire d’un équipage d’exploration spatiale pris au piège à bord du navire le plus perfectionné jamais construit, le Nightflyer. Issu d’un monde envahi par la pauvreté, la maladie et les catastrophe naturelles, Le Dr Karl D’Branin (Eoin Macken) et son équipage embarquent à bord du navire du capitaine Roy Eris (David Ajala) à la recherche des Volcryn, une race extraterrestre, qui aurait la technologie, selon D’Branin, de sauver la Terre.
Bien que Nightflyers soit, à ses débuts, une histoire apparemment pleine d’espoir, la réalité est tout sauf ça. C’est une histoire d’horreur particulièrement sanglante et captivante dans laquelle les victimes se trouvent justement dans un vaisseau spatial plutôt que dans une maison hantée. Nightflyer de Roy Eris est, à toutes fins pratiques, une maison hantée dans l’espace.
Lorsque Martin a parlé à SYFY WIRE de la prochaine série, l’auteur a exprimé son enthousiasme face à l’adaptation, louant à la fois son exactitude et les libertés créatives qu’elle conserve. En outre, il a également parlé d’une nouvelle expérience de réalité virtuelle associée à la série, qui selon Martin, est emblématique de la direction que prend notre culture en termes de divertissement et d’évasion.
"La série est assez différente de ma nouvelle, mais je savais que ça allait", dit Martin. "Je savais que ça devait être différent de ma nouvelle. Parce que la nouvelle a vraiment un début, un milieu et une fin. Et à la fin, la plupart des gens sont morts. Ils ne pouvaient pas faire 3 ou 4 saisons d’un vaisseau spatial plein de cadavres. "
La série de SYFY diffère de la nouvelle de plusieurs manières, notamment en ajoutant une équipe plus importante à l’histoire et un sens de la violence plus immédiat. Ce qui ne change pas, c’est le personnage très important de Melantha Jhirl. Melantha, souvent surnommée "Mel" par ses coéquipiers, est un être génétiquement améliorée, élevée depuis sa naissance pour voyager dans l’espace et aider ses homologues bien plus humains. Dans Nightflyers de SYFY, Mel est jouée par Jodie Turner-Smith, que Martin loue comme la version la plus précise du personnage qu’il ait jamais vu. Dans la nouvelle de Martin, Mel est écrit comme étant une femme noire, un fait important qui a été résolument ignoré par la couverture originale du livre et l’adaptation en film de 1987.
"J’ai protesté dans les années 80, mais je me suis toujours senti… troublé, coupable, peut-être même un peu honteux de n’avoir pas su me battre davantage", explique Martin concernant Melantha qui a été blanchie à la chaux lors d’adaptations antérieures. "Alors la troisième fois, c’est la bonne. Je trouve que Jodie est formidable... Elle est le personnage tel que je l’avais imaginé, telle que je l’avais écrit. Et c’est formidable de voir ce personnage prendre vie."
Martin a d’abord développé Nightflyers en tant que crossover de science-fiction et d’horreur, faisant partie d’une série d’histoires de science-fiction/horreur qu’il appelle "hybrides" et qu’il a écrite dans les années 70 et 80. "J’avais lu un article d’un critique à cette époque-là qui disait : « Eh bien, la science-fiction et l’horreur ne peuvent jamais être mélangées avec succès », car elles sont opposées… l’horreur est une histoire d’émotions et de peurs, et un univers que nous ne pouvons prétendre comprendre, et la science-fiction parle toujours de rationalité et d’intellect, ainsi que de problèmes qui peuvent être résolus par l’application de l’esprit humain. Vous ne pouvez donc jamais avoir une histoire qui soit les 2 à la fois. Et bien sûr, j’ai pris ça comme un défis."
Martin est incontestablement connu comme étant le cerveau derrière Game of Thrones. L’adaptation sans précédent de la série de romans Le trône de fer (A Song of Ice and Fire) par Martin de HBO l’a propulsé au premier plan sous le feu des projecteurs et a créé un véritable culte qui exige sans cesse davantage de matériel. La question de savoir quand le prochain livre de la saga, The Winds of Winter, sera publié se pose régulièrement, mais, comme le prouve Nightflyers, le canon de Martin s’étend bien au-delà des frontières de Westeros.
Nightflyers peut même rejoindre le monde réel. Au moins, cela peut se faire via la technologie de réalité virtuelle. En conjonction avec la série, SYFY lance 3 chapitres originaux en réalité virtuelle qui sont liés avec la série, mais qui en restent séparés. Ecrits et réalisés par Jeff Buhler, showrunner de la série avec Jeff Buhler et développés avec Justin Denton, les épisodes de réalité virtuelle permettront aux utilisateurs de suivre 3 personnages de la série, Murphy, Thale et Lommie, ainsi que 3 nouveaux personnages, dans les entrailles du Nightflyer.
Martin, qui a eu la chance de vivre personnellement l’un des épisodes de réalité virtuelle, explique qu’il pense que la réalité virtuelle est une nouvelle forme d’art qui pourrait, un jour, remplacer la télévision et le cinéma.
"Non seulement pouvez-vous lire un livre ou regarder une série télé, mais vous pouvez aussi vivre une aventure", a déclaré Martin. "Vous pouvez aller dans le monde et vos sens vont s’impliquer, vous verrez des choses, vous ferez des choses et les choix que vous ferez affecteront l’histoire d’une manière ou d’une autre. Et c’est une possibilité excitante. Mais je pense que nous sommes peut-être comme le théâtre avant Shakespeare, vous savez ? Il y avait des pièces de théâtre avant Shakespeare, mais c’est le théâtre élisabéthain qui a réellement donné vie au théâtre. Et bien sûr, les films ont commencé avec de petites choses réelles comme des trains arrivant à la gare, puis nous nous avons finalement eu Star Wars. La maturation sera encore longue, mais je pense que c’est une nouvelle forme d’art potentiellement très excitante pour le futur."
Alors que Martin admet qu’il ne pense pas qu’il pourra un jour utiliser la technologie VR pour ses propres projets créatifs "parce que j’ai déjà un million d’années", déclare-t-il en riant. Mais il pense que c’est le genre de technologie qui nous poussera dans l’avenir. Espérons seulement que l’avenir de notre monde soit dépourvu de vaisseaux spatiaux hantés.
Voici les cinq premières minutes de la série :