[Théâtre] Le jeu de l’amour et du hasard : La critique
Les jeux de l’amour et du hasard est une merveilleuse adaptation de la pièce éponyme de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, rendant tout son sel et son humour à un texte qui semble avoir été écrit hier.
« Marivaudage, Littéraire. Badinage spirituel et superficiel ; échange de propos galants et précieux. »
Cette définition du dictionnaire est basée sur les œuvres de l’auteur qui a donné son nom de famille au terme. Les jeux de l’amour et du hasard, l’une de ses pièces les plus célèbres, faisant partie du programme littéraire des collèges, et parfois lycées, en est une merveilleuse illustration.
On découvre ainsi une famille bourgeoise dans laquelle la fille doit épouser le fils d’un ami de son père. Cette dernière a le droit de refuser ce mariage et décide de demander à sa suivante de prendre sa place afin de découvrir le vrai caractère du jeune homme. Mais ce dernier a la même idée et se présente sous l’apparence de son valet, alors que le père et son fils sont seuls au courant de cet échange.
Toutefois, si la pièce, presque 3 siècles après son écriture, reste d’une criante actualité, la mise en scène de Salomé Villiers la met magistralement en valeur et lui donne un coup de jeune saisissant sans pourtant en changer le texte.
Car ce dernier, déjà très drôle en lui-même, est rendu hilarant par l’interprétation qu’en font les très bons acteurs. Ces derniers rendent tous les personnages comiques, notamment un père qui s’amuse ouvertement de la situation que vivent sa fille et son futur gendre, et le frère de cette dernière qui n’hésite pas à en faire des tonnes pour enfoncer les uns et les autres.
C’est une magnifique lecture de l’œuvre qui nous est donnée, donnant forme et couleur à des personnages plus en retrait et ajoutant une nouvelle respiration aux mots permettant à leur sens d’avoir encore plus d’impact sur le public.
Le choix du lieu est particulièrement bien trouvé, car l’action se passe dans le jardin de la demeure. Les décors présentent donc une table de jardin accompagnée de chaises et transats idoines, alors que des pots de fleurs apportent de la verdure à l’ensemble.
Mais la trouvaille la plus imaginative est un écran blanc représenté par une toile que l’on étend entre chaque acte sur un fil d’étendage en fond de scène. Il permet la projection de courts métrages mettant la famille en scène et offrent la possibilité d’assister à des séquences hilarantes dont un repas de famille d’anthologie.
Ces extraits permettent, de plus, au spectateur se familiariser avec les différents protagonistes de la pièce et de les découvrir sous un autre jour, hors scène.
Le choix fort judicieux des costumes renforce le côté comique des personnages habillant d’une façon vulgairement sexy la soubrette, très décalé le père ou encore fort pimpante le valet.
Les acteurs sont tous excellents et font vivre pleinement la pièce. Salomé Villiers est superbe en jeune femme moderne cherchant le véritable amour plutôt qu’un accord matrimonial. François Nambot n’est pas en reste en jeune homme sérieux souhaitant une femme à sa hauteur.
Les domestiques sont formidablement incarnés par Etienne Launay en valet peu stylé et Raphaëlle Lemann en femme de chambre Gironde.
Il faut aussi saluer le duo truculent du père et de son fils interprétés avec talent par Philippe Perrussel en homme amusé par ces inversions de rôles et Bertrand Mounier hilarant en frère n’hésitant pas à rajouter son grain de sel à la situation de plus en plus complexe.
Les jeux de l’amour et du hasard est une pièce de théâtre classique revisitée d’une façon remarquable. Les mots prennent une saveur nouvelle dans la bouche de grands acteurs et les situations deviennent encore plus drôles grâce à une mise en scène maligne et joyeuse. C’est un grand moment de spectacle vivant auquel on assiste, qui fait rire, donne de l’énergie et rappelle à tous pourquoi certains textes atteignent le statut de classique. Et puis, cela reste malgré tout une fort belle histoire d’amour.
Indémodable et virevoltant.
INFORMATION
La pièce de théâtre se joue du jeudi au samedi à 21h et les samedi et dimanche à 16h15, dates supplémentaires : mercredi 5, mardi 11 et mercredi 12 avril à 21h au Théatre Michel (38 Rue des Mathurins, 75008 Paris) jusqu’au 6 mai 2017.
SYNOPSIS
Silvia a toutes les raisons du monde d’être inquiète : son père, Monsieur Orgon, lui propose le mariage avec un parfait inconnu. Elle décide alors d’endosser le costume de sa suivante Lisette, afin de percer à jour le caractère de ce soi-disant « bon parti ». Sous les regards amusés de Monsieur Orgon et de son fils Mario, les quatre amoureux se débattent derrière leurs masques afin d’être aimés pour ce qu’ils sont en dépit des convenances sociales. S’en suivront quiproquos et rebondissements sur un rythme endiablé jusqu’au triomphe de l’amour.
DISTRIBUTION
- Mise en scène : Salomé Villiers
- Assistante mise en scène : Lisa De Rooster
- Silvia : Salomé Villiers
- Lisette : Raphaëlle Lemann
- M. Orgon : Philippe Perrussel
- Mario : Bertrand Mounier ou Pierre Helie
- Dorante : François Nambot
- Arlequin : Etienne Launay
- Texte : Marivaux
- Vidéo : Léo Parmentier
- Producteurs : La Boîte Aux Lettres et NTL Prod
- Durée : 1h20
- Public : tout public
TARIFS
- Catégorie 1 : 25 euros
- Catégorie 2 : 15 euros
- Catégorie OR : 28 euros
- Offre découverte jusqu’au 21/04 : 12 à 15 euros en catégorie 2 et 1
COMMUNIQUḖ DE PRESSE
Succès, reprise pour 25 représentations exceptionnelles de la pièce de Marivaux au Théâtre Michel entre le 05 avril et le 06 mai avec une mise en scène pop et moderne de Salomé Villiers qui a rencontré un fort succès en 2016 en Avignon et au Lucernaire.
Pop, Love and Marivaux :
Un texte classique combiné à une mise en scène résolument moderne : ambiance sixties pour cette comédie romantique indémodable !
Note d’intention de Salomé Villiers, la metteure en scène :
"Le propos de Marivaux résonne en moi de par ses personnages forts de caractère, pris au piège entre leurs désirs profonds, désirs d’amour ou de reconnaissance, et les règles de la bonne société. Tout en glissant peu à peu vers la critique sociale, nous ouvrons le bal sur une révolution féministe pour conclure par les prémisses d’une révolution humaniste. Peut-on dépasser les codes d’une condition et accéder à la classe supérieure ? Le retour cruel à l’équilibre naturel ne profite qu’aux nobles, bien soulagés de se reconnaître sous le masque des pauvres. C’est là que se trouvent l’amertume et la cruauté derrière la douceur du romantisme car les sentiments amoureux sont en accord parfait avec le jeu des conventions sociales."
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