Star Trek Picard : Critique 3.07 Dominion

Date : 02 / 04 / 2023 à 14h30
Sources :

Unification


STAR TREK PICARD

- Date de diffusion : 31/03/202
- Plateforme de diffusion : Paramount+ / Prime Video
- Épisode : 3.07 Dominion
- Réalisateur : Deborah Kampmeier
- Scénaristes : Jane Maggs
- Interprètes : Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Jeri Ryan, Amanda Plummer, Gates McFadden, Michael Dorn, LeVar Burton, Marina Sirtis, Brent Spiner, Michelle Hurd, Orla Brady, Ed Speleers et Todd Stashwick

LA CRITIQUE FM

Les productions Secret Hideout, à la direction du Star Trek Universe depuis le début de Discovery, ont toujours eu chez moi un double effet Kiss Cool : Une appréciation positive de la forme et une grande interrogation plutôt négative sur le fond. C’est encore ce qui anime mon appréciation de cet épisode.

Formellement, si on n’est pas dans un rejet global et permanent de ce que propose Alex Kurtzman et consort, c’est difficile de ne pas remarquer la grande maitrise du rythme du septième opus de cette saison. Les moments de tension et d’action se succèdent, entrecoupé de réflexions soit disant trekiennes. Et le tout propose un épisode dénué d’ennui.

Dans le même temps, il offre de fantastiques moments jouissifs aux acteurs. Comme prévu, Brent Spinner prend littéralement son pied à basculer de Lore à Data. Son visage et ses expressions indiquent instantanément qui est en possession du corps de l’androïde. La dureté du visage de Lore est un contre point à l’expressivité et l’émotivité d’un Geordi en plein désespoir. Et que dire de l’affrontement verbal entre Vadic d’un côté et Jean-Luc et Beverly de l’autre. C’est extrêmement théâtral, mais au-delà de ce que cela raconte des personnages, c’est fascinant de voir ces bons acteurs s’y coller.

Mais voilà, une superbe forme sans un excellent fond, c’est comme un toast de caviar avec de la sauce pomme frite de Macdo.

Quelques exemples de ce qui m’ont fait sursauter pendant cet épisode :

- Seven qui continue de discuter avec le faux Tuvok alors que la supercherie a été découverte et donc qui prend le risque pour pas grand-chose de dévoiler leur position
- Lore prend possession du vaisseau sans problème, Data prend le dessus. Mais alors que Vadik arrive sur le pont principal, il ne vient pas à l’idée de Data de l’empêcher de nuire
- Et d’où ils sortent tous ces minions de Vadik à la fin de l’épisode ?

Ce ne sont que quelques exemples, mais c’est toujours le même problème et pas seulement avec Star Trek. Pourquoi dans les blockbusters, les tenants et aboutissants des évènements sont toujours aussi peu travaillés ?

Si on continue sur le fond, j’ai une pensée pour Yves, et maintenant Thomas, qui a toujours reproché, je reste poli, le fait que la Fédération en général, et Starfleet en particulier, étaient toujours dépeints en grands méchants dans les intrigues de Secret Hideout. C’est encore le cas ici. Pour moi, c’est une des plus grandes tares de la franchise telle qu’elle est proposée actuellement. L’essence même de Star Trek, c’est une utopie où l’humanité tend vers le meilleur. Et depuis 7 ans, en dehors des héros des séries, le reste de l’humanité et des autres peuples de la Fédération tendent vers le pire.

L’épisode continue de teaser la nature secrète de Jack Crusher. Je me demande donc cette semaine si les divins spermatozoïdes de notre fringant Jean Luc n’ont pas gardé des stigmates de son passage chez les Borgs. Toute résistance à l’éjaculation est donc futile !

Bref, en tant que spectateur, je n’ai pas vu le temps passer mais intellectuellement, ce n’est encore vraiment, mais vraiment pas ça...

NOTE FORME

NOTE FOND

LA CRITIQUE TB

Si Star Trek a toujours été connu pour ses épisodes charnières, ceux qui font dates, le Fake Trek a, lui, développé la réputation de régulièrement se distinguer par des épisodes encore plus félons et manipulatoires que son niveau de croisière pourtant redoutable de médiocrité. Cette semaine, nous avons été confrontés à l’un de ses coups de couteau, ou plutôt de tronçonneuse, dans le contrat déjà sanguinolent de l’idéal trekkien. Un Rubicon de plus a été franchi — car il est restait encore quelques-uns malgré l’assiduité des équipes kurtzmaniennes —, témoignant une nouvelle fois de l’ignorance, l’inculture, la malhonnêteté et le mépris des auteurs. Nous avions promis la marque de Caïn à Terry Matalas après la fin de l’épisode 03x04 — qui témoignait d’un "quand ils veulent, ils peuvent" — s’il ne se montrait pas à la hauteur de cette hausse ponctuelle du niveau. Eh bien, il n’aura pas mis longtemps à venir la réclamer. Mais n’allons pas trop vite et voyons cela dans l’ordre et la discipline, car il faudra beaucoup de sang-froid pour analyser ce qui va suivre sans écumer de rage...

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse détaillée du contenu (fatalement riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

Nous retrouvons le Titan planqué dans un cimetière de vaisseaux, bien que cela soit pudiquement nommé scrapyard par la réalisation. Même pas dix secondes et nous sommes déjà en face d’une incongruité : comment peut-il exister des décharges sauvages sans surveillance dans une société éclairée qui dispose du moyen ultime — la conversion énergie-matière et inversement — pour recycler cet amas de déchets ? Surtout si cela permet à des fuyards de s’y cacher, ce qui rajoute une raison stratégique de le faire. Visiblement, c’est encore une volonté de faire du fan-service sans comprendre de quoi on parle. Dans TNG 05x07 Unification, le Surplus Depot Z15 était gardé par le Zakdorn Klim Dokachin, ce qui impliquait une surveillance active, pour ne pas dire psychorigide (même si elle avait été prise en défaut). Ce qui n’a rien à voir avec une décharge sauvage, sans âme qui vive, et ouverte à toutes les prédations ! Il faudrait se cotiser et envoyer au pool de scénaristes un exemplaire de « Star Trek pour les nuls » car ne rien comprendre à ce point à tous les éléments de l’univers, ça relève du dîner de cons.
Venu faire son caméo de la honte, Tim Russ reprend brièvement son rôle de Tuvok — mais même pas, en fait, vu que c’est un métamorphe — dans un échange on screen avec Seven. Entre des questions pièges sur le Kal-Toh et leur passé commun, elle lui demande s’il sait où pourrait être Riker — comment diable pourrait-il le savoir ? Riker est aux mains des métamorphes, on les imagine assez mal laisser la moindre trace de sa détention — et comment contacter des alliés fiables, avant de finir par réaliser que ce n’est qu’un vil Changeling de plus. Plutôt que de couper immédiatement la communication comme le préconise Geordi, Seven et Picard se sentiront obligé de se ridiculiser dans un échange où, en plus de révéler comment elle a compris qu’il était un double — alors que le b.a.ba serait d’en profiter pour le désinformer et lui donner un faux lieu de rendez-vous — Picard perdra du temps à lui de demander à nouveau où est Will. Vas-y papy, il va sûrement te répondre si tu lui demandes très fort... On sent bien cette sagesse héréditaire dont se vantait Jack, non ? Ils déconnecteront enfin cette communication qui n’avait guère d’autre intérêt que de faire du fan-service vu qu’aucun enjeu n’a avancé, comme d’habitude.

Après ce pré-générique aussi creux et factice que le précédent, nous apprenons que Worf et Raffi sont partis enquêter de leur côté. C’est au mieux litigieux de se séparer dans ce contexte, même s’il sera difficile de se plaindre de perdre le Jedi Gris et son insupportable sidekick vu ce qu’ils amenaient à l’histoire. Geordi, Picard et Beverly font donc le point. Statuant qu’ils vont bientôt manquer de junkyard pour se cacher — évite de te plaindre, Geordi : ils ne devraient même pas exister —, Crusher dira qu’elle a réfléchit à l’aspect moral de la situation. Car en effet, ces Changelings sont uniques, de par leur aptitude à répliquer des organes. Sauf que non, Beverly, ils n’ont pas d’ADN — le truc qui permettrait un test pour les reconnaître instantanément et auquel personne ne pense depuis trois épisodes — et leurs organes sont dénués d’éléments distinctifs, donc on voit assez mal en quoi ils sont uniques. Passons, cette caractéristique fantasmée devrait pouvoir être exploitée pour les identifier ou de développer une arme pour les cibler. Une arme biologique, donc, mais Beverly dira tout de même que cela la gêne de considérer cette option, rappelant l’emploi d’une arme similaire à la fin de la Guerre du Dominion.
Il y a effectivement de quoi avoir des scrupules, vu que le virus d’alors fut employé par la Section 31 à l’insu des autorités, et que même elle n’avait pas prévu d’en faire une arme d’extermination, mais plutôt un moyen de coercition ("rendez-vous et on vous donne l’antidote") pour mettre fin à une guerre que la Fédération était en train de perdre. Mais notre phare moral qu’est Picard dira qu’on s’embarrassera de la morale au moment de s’en servir, et qu’il faut donc développer cela ASAP. La base de l’éthique et des principes, ce que cet ersatz de Picard semble oublier de façon bien commode, c’est que ceux-ci s’appliquent avant la démarche qu’ils interdisent, pas une fois créée l’arme dont la seule conception viole traités et chartes par douzaines ! Mais les auteurs ayant manifestement autant de principes que de compréhension de la franchise, on évacue le problème d’une ligne de dialogues et roulez jeunesse !
Maintenant que cette abjection est mise sous le tapis, le groupe se préoccupe du vol du corps de Picard, se demandant si cela ne pourrait pas servir à créer un double capable d’émuler son ADN. Voilà bien une idée à la Secret Hideout, incohérente avec sa propre narration de baltringues, tout en étant grossièrement pompée sur ST Nemesis... Pourquoi se donner autant de mal alors qu’il y a des métamorphes partout, que personne hormis une poignée d’individus ne sait qu’ils existent et qu’aucun test de reconnaissance basé sur l’ADN n’est actuellement en action ou même prévu pour les identifier ?! La logique la plus élémentaire voudrait que l’objectif soit autre ou que le vol du corps soit une diversion très élaborée, mais certainement pas la clef de voûte de l’opération prévue puisque ledit corps ne servirait à rien ! Le problème des épisodes qui se décident enfin à faire avancer le fil rouge, c’est qu’ils sont tellement truffés d’absurdités et de d’incohérences qu’on passe un temps fou à en faire l’inventaire. Nous n’en sommes qu’à la huitième minute et la masse critique qu’Yves s’emploie à dénoncer si souvent (dans ces mêmes colonnes) est déjà bien constituée. Voyons la suite...
Une fois leur théorie fumeuse élaborée, ils finiront par se mettre d’accord sur l’évidence : ils manquent d’informations. Ils vont donc tourner vers leur joker, Data, enfin Daystrom Android M-5-10, pour en trouver davantage, ce qui ne sera pas une franche réussite.

Car notre bon Data, euh M-5-10, nous fait un syndrome de personnalités multiples, basculant entre son moi si bienveillant et son evil twin Lore. Une occasion pour Brent Spinner de s’en donner à cœur joie, même si cette itération de Lore se borne à être une machine qui balance des fions aux protagonistes. Après un échange parfaitement stérile, Geordi nous expliquera qu’Altan Soong a créé sa matrice en incorporant les quatre personnalités, et que si Soong et B4 sont juste une banque de données, Lore et Data sont actifs et luttent pour prendre le contrôle. Une idée particulièrement douteuse de la part du créateur qui n’a même pas envisagé que cela puisse poser problème. Geordi déduit à l’arrache que Soong a du espérer que les deux finiraient par fusionner, rendant Data plus humain, mais cette justification est totalement spécieuse, tant on peinera à imaginer le gain d’intégrer à Data la personnalité d’un tueur de masses, menteur et mégalomane.
La conversation ne manquera pas de faire chou blanc, et Picard demandera à Geordi si l’on peut effacer la personnalité de Lore. Notez le choix des mots, car il ne demande pas d’isoler ou de transférer, mais bien d’effacer (un meurtre, donc). On ne fait même plus semblant de trouver anormale l’idée de tuer en premier recours, pas plus qu’on ne prend la peine d’en rougir. Mais le script sauvera Lore, la partition étant trop compliquée pour notre brave Geordi, qui n’y a vu qu’une impossibilité technique et non un tabou moral évident.

Sur le Shriek, Vadic se coupe à nouveau la main pour parler avec son pseudo-Palpatine personnel, que nous baptiserons tête de mort par soucis de clarté. Ce dernier demandera un rapport, ne dispensera aucun conseil — hormis d’employer la torture, heureusement qu’il est là, je suis sûr qu’elle n’y avait pas pensé ! — la menacera, la dénigrera et ira même jusqu’à la faire souffrir physiquement. Tête de mort est au commandement ce que la kurtzmanie est à l’utopie trekkienne : inutile et contre-productif. Et c’est sans même parler du cliché absolu de lui coller cette voix à mi-chemin entre un démon, un moissonneur dans Mass Effect et Hadès dans Horizon zero dawn. Tant qu’à offrir des livres aux incompétents, « le commandement pour les nuls » paraît idoine.

On embraye sur Jack qui continue non seulement d’entendre des voix mais aussi, désormais, les pensées d’autrui, ce qui lui est bien pratique pour draguer Sidney La Forge. Toujours aussi responsable, il ne lui vient même pas à l’idée d’en parler à sa mère, ou simplement de se dire que l’irumodic syndorme a bon dos pour justifier ce genre de choses. Non, il reprend son chemin vers la passerelle où l’équipe a capté un signal du Shriek et, moyennant une déduction empestant le script ("compromise prefix code"), arrive à a conclusion qu’il s’agit de Will, et qu’il est donc aux mains de Vadic.
Jack demande alors à parler à son père, nous laissant fugacement espérer qu’il va parler de son aptitude à la Charles Xavier, mais non. Au lieu de cela, il nous fait une nouvelle minute d’auto-apitoiement et de culpabilité hors de propos, sur comment tout serait de sa faute, et finit par se proposer pour un échange contre Riker, que Picard refuse sans argument. Pourtant, vu à quel point Jack semble crucial au plan d’un ennemi qui prévoit de détruire la Fédération (que Will a juré défendre de sa vie), il y avait matière à une authentique décision de commandement, mais ce serait nous priver du sirupeux échange entre papa et fiston avec Jack qui reprend son lamento. On nous fait miroiter encore une fois la possibilité que Jack parle enfin de ce qui lui arrive, mais non, il n’en fera décidément rien. Toujours à tirer en longueur et faire durer pour durer. Picard termine cet échange inutile en disant qu’il a une idée pour piéger Vadic. Oulà, un protagoniste avec un plan ? Chez Secret Hideout ? Bon, et bien on sait déjà que cela va échouer lamentablement, ça se passe toujours comme ça.

Et pourtant, le piège n’était pas mauvais. Le signal du Titan fait venir le Shriek, qui capte l’enregistrement d’un combat avec un vaisseau de la flotte, lequel aurait incapacité son adversaire avant d’être détruit d’une torpille. Vadic décide donc d’aborder le Titan et tombe droit dans le piège, qui a défaut d’être bien exécuté, aura été quasi-crédible. Jack vient provoquer Vadic en servant d’appât, ce qui lui vaudra d’avoir l’équipe d’abordage aux trousses. Il retrouvera comme équipière Sidney, car c’est bien connu que pour embusquer un groupe d’ennemis, tu envoies le pilote du vaisseau plutôt que, au hasard, Seven, qui est une authentique machine à tuer ! Passons, les deux engagent l’ennemi puis fuient chacun dans une direction distincte pour obliger les assaillants à se scinder en plusieurs groupes, avant d’activer les champs de force pour les isoler, y compris Vadic qui se retrouve seule dans l’un d’entre eux.
Une victoire en demi-teinte, puisque malgré ce plan d’apparence bien conçu, la course poursuite reprend et amène plusieurs incongruités. D’une part, Jack et Sidney finissent coincés entre trois champs de force. Ils ont la connaissance du terrain, c’est leur embuscade, ils partent dans deux directions distinctes, mais après avoir visiblement fait des ronds dans les coursives (que serait un épisode de Picard sans coursives ?), ils se retrouvent au même endroit. Ils sont juste nuls ou en fait le Titan a été construit par un fan de Cube ? Et pour les soldats ennemis capturés, aucune contre mesure de prévue, comme ne serait-ce qu’un gaz incapacitant ? Donc l’idée, c’était de les garder derrière des champs de force pour une durée indéterminée ? On pourra rajouter un exemplaire de « La tactique pour les nuls », manifestement. Une dernière pour la route, les soldats adverses sont tout aussi consternants, puisque l’un d’entre eux, poursuivant Sidney à moins de deux mètres derrière elle et portant un fusil, ne pensera même pas à tirer. Quand l’incompétence en devient poétique...
Geordi voudra téléporter sa fille en sécurité — pour une fois que les auteurs y pensent, on se sentira obligé d’apprécier cet instant magique — mais les commandes seront bloquées. Il faut dire qu’il a établi son Q.G. pour l’opération dans la salle où est entreposé Data. D’une, c’est parfaitement stupide, la logique commanderait d’être sur la passerelle ou en ingénierie, et non dans un réduit avec trois terminaux. De deux, pourquoi Data/Lore est-il stocké à proximité d’un système sensible ? Pire encore, pourquoi est-il connecté à quoi que ce soit durant un abordage ?! Allez, tarif de groupe, vous me rajouterez « la sécurité pour les nuls » avec une dédicace pour Geordi, ce sera plaisir d’offrir.

Vadic enfin capturée, Beverly et Picard viennent en personne pour lui demander ce qu’elle veut à leur fils. Et il s’en suivra le cœur de cet épisode de la honte, qui va bien au-delà du retcon, car réécrivant carrément sans complexe l’histoire de DS9.
Passé un échange où Vadic se comportera en presque parfait Fondateur, c’est à dire en légitimant les actions de son camp durant la guerre et en diabolisant la Fédération — ce qui est pour le coup assez cohérent avec son espèce, l’absence de réponse circonstanciée de la part de Picard ou Beverly étant plus problématique —, elle partira dans un récit qui relève du révisionnisme. Tout d’abord, elle mentionnera que le remède au virus fut conservé par Starfleet, refusant de leur donner, et que l’un des leurs fut obligé de le voler. Oui mais en fait non, car rappelons pour mémoire que le Dominion était en train d’écraser la Fédération, refusait toute perspective d’arrêt des hostilités et prévoyait le génocide la race humaine, jugée trop dangereuse. D’autre part, c’est la Section 31 qui développa et déploya le virus sans la connaissance et encore moins l’aval de Starfleet, mais également le remède qui sera récupéré (au péril de leur vie) par Bashir et O’Brien, tous deux officiers de cette institution. Odo n’a jamais volé pour son peuple cette panacée, il était trop occupé à mourir du virus avant d’être sauvé par ses amis, et même lui n’était disposé à soigner son peuple que contre l’assurance d’une capitulation sans condition du Dominion.
Alors… que Vadic diabolise la Fédération, victimise les siens et mente comme une arracheuse de dents, soit, c’est dans la nature de son personnage. Mais comme dit plus haut, que Picard se contente d’hocher la tête comme si c’était (encore !) la Fédération le diable de cette affaire, non, cent fois non. Et comme si cela ne suffisait pas, ce n’est que le début du vomi déversé par les auteurs sur cette Fédération qu’il faut absolument transformer en organisme aussi méphitique que Vault Tec dans Fallout.

On interrompt brièvement cette horreur pour s’occuper du front de la famille La Forge. Sidney presse son père par radio car, à en juger par les soldats qui tapent dessus à coup de poings, les champs de force ne tiendront pas longtemps. C’est le champ de force version "mousse" ? Depuis quand taper sur un champ de force est-il possible sans être douloureusement repoussé ? La densité du portnawak à la seconde continue de grimper en flèche. Allandra demande à son père pourquoi Lore est aussi méchant, et celui-ci répond "parce que". C’est là à peine une exagération, car "l’argument" employé est qu’il aime le chaos.
En fait, non, Lore n’est pas le Joker, c’est encore une réécriture simpliste et paupérisante d’un personnage, on pourra donc offrir aux scénaristes « la psychologie pour les nuls », on est plus à ça près. Lore est avant tout foncièrement individualiste, étant le seul de son espèce avec son frère. Il méprise les formes de vie inférieures à la sienne et dispose d’un excellent instinct de survie, cette dernière lui étant d’importance. Or, paralyser le vaisseau et neutraliser ses systèmes pendant un abordage de métamorphes est foncièrement stupide à cet égard. La probabilité qu’il soit épargné est très faible et il serait de surcroît beaucoup plus judicieux de faire cette attaque via piratage quand Geordi sera en train de dormir et/ou la pièce sans surveillance. Bref, une fois encore, c’est débile et incohérent.

Vadic reprend son récit infamant. Elle se décrit comme faite prisonnière durant la guerre, ainsi que neuf autres métamorphes capturés durant le conflit et emprisonné sur la Daystrom station. Et allez, encore une absurdité de compétition ! Les métamorphes envoyés dans l’espace de la Fédération durant la guerre était en nombre très restreint. En capturer dix eut été plus impressionnant que tout ce que Sisko a pu accomplir, mais surtout impossible sans que le Grand Flux n’en soit immédiatement alerté. Car tête de mort a visiblement oublié comment faire, mais les métamorphes communiquent dans le Flux en parfaite symbiose et à la vitesse de la pensée, donc les imaginer ne pas se rendre compte que dix des leurs — ils ne se reproduisent pas, il est donc vital pour eux de maintenir leurs effectifs et de limiter les pertes au maximum, ce qu’ils ont toujours fait dans DS9 — ont disparus est une farce ! Et comment les imaginer retourner chez eux, dépendant d’un trou de ver qui échappe à leur contrôle (et a anéanti une flotte entière par le passé) en laissant leurs frères et sœurs derrière eux ? Ou au grand minimum ne pas exiger leur retour immédiat à l’heure de concéder l’armistice ?
Vadic explique que le projet Proteus se servit d’eux comme rats de laboratoire, et qu’ils étaient conservés dans des éprouvettes. Chaque phrase est ici un mélange d’abjection et de stupidité. Déjà, pourquoi dans des éprouvettes ? Un Changeling peut devenir brume si l’envie lui en prend (cf. DS9 07x14 Chimera), donc le conserver dans autre chose qu’un champ de force semble assez futile sans sa coopération, mais n’ergotons pas sur la forme quand le fond est si grave. Vadic nous décrira des expériences à la fois immondes (torture systématique, injections de produits divers, souffrance absolue...) violant toute forme de droit même de nos jours — ne serait-ce que la Convention de Genève applicable aux prisonniers de guerre, ou la déclaration universelle des droits de l’Homme —, a fortiori dans ST. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cumulé au retcon de la semaine dernière sur la Section 31, où celle-ci a été rattachée à Starfleet Intelligence, cela implique que Starfleet Command était au courant ! La trahison est ici totale, la Fédération est tout simplement devenue le 3ème Reich !!!
Le projet consistait à en faire de parfaits espions capables d’infiltrer n’importe quelle société. Ce qu’ils étaient déjà, donc. Du coup, l’intérêt du projet ? La réelle difficulté aurait été d’obtenir la loyauté des métamorphes, ce qui indépendamment de l’abjection morale de cette entreprise, est impossible à obtenir avec de telles méthodes ! Donc non seulement ce projet était immonde, mais de surcroît complètement idiot, comme d’habitude. Il faudra une brouette pour tous les livres, mais un exemplaire de « la science pour les nuls » paraît indispensable.
Sans la moindre surprise, ce projet conçu par des débiles a explosé en plein vol, lorsque les dix parvinrent à s’enfuir en tuant les scientifiques tortionnaires. Depuis, Vadic recrute tous les métamorphes qu’elle croise, leur donnant la capacité de mimétisme organique (qui ne sert toujours à rien à cause de l’impossibilité de répliquer l’ADN) en échange d’une douleur constante. Cela expliquera au moins pourquoi ils sont devenus aussi idiots qu’incompétent (la migraine 24H/24, ça doit pas aider), mais certainement pas par quel miracle autant de métamorphes sont présents. Ils sont manifestement bien plus que dix et le Grand Flux se trouve à plusieurs dizaines de milliers d’années lumières, donc d’où elle la sort, son armée ? Sur ça, aucune explication, mais pour nous montrer le docteur Mengele avalisé par le Starfleet Command, là on a droit à un joli flashback. Le sens des priorités kurtzmaniennes, comme toujours...
Cet insupportable speech se terminera par un cliché de plus : Vadic veut arracher Jack à sa famille vu qu’on lui a arraché la sienne. Sauf que c’est faux. Il a déjà été établi que Jack a une valeur stratégique, donc Vadic ment sur sa motivation, mais Picard et Beverly réagiront avec autant de discernement et d’intégrité que Geordi dans l’épisode précédent. Statuant que Vadic est trop calme et qu’elle a visiblement un plan, ils s’accorderont sur l’impensable :
« Picard : Are you and i so fundamentally changed that we’re willing to compromise everything... everything that we’ve believed in ?
Beverly : Yes, i think i’m loosing my compass.
Picard : But right now, she’s our prisonner.
Beverly : The moment we allowed her to board, we invited death into this ship.
Picard : Well...
 »
Et Picard de montrer son phaseur.
Voilà, nous y sommes, le dernier niveau de l’abjection. Deux vétérans trekkiens qui s’accordent sur un assassinat, invoquant le plus manipulatoire des alibis : sauver leur fils. C’est aussi parfaitement immonde qu’incohérent avec les personnages. On se souviendra du sang-froid remarquable de Beverly dans TNG 01x09 Justice, où Wesley risquait la peine de mort pour avoir marché sur une pelouse. Mais même là, jamais elle n’avait ne fût-ce qu’envisagé de tirer dans le tas pour sauver son enfant, et ce même quand la diplomatie semblait vouée à l’échec. Mais c’est bien Picard le plus honteusement trahi dans cet échange. Souvenons-nous que le Big D était un vaisseau générationnel, avec des enfants et même des bébés à son bord, que Picard mettait en danger sur une base régulière, souvent au nom d’un principe trop fondamental pour être ignoré, comme (entre autres) lors de TNG 02x02 Where Silence Has Lease face au Nagilum. Les familles à bord avaient conscience des risques encourus et jamais, au grand jamais, nous n’avons vu une mère en pleurs débarquant sur la passerelle, suppliant le capitaine de céder pour la survie de son enfant. Mais lui est désormais prêt au meurtre de sang-froid pour éviter la seule capture (qui plus est non avérée à cet instant) de son fils. Un monument de pathos gluant, manipulatoire et insultant, dont Terry Matalas porte la responsabilité.

Du coté de Data/Lore, Geordi tente de toucher son ami avec une "minute-pathos" (what else ?). Mais rien n’y fait, Lore garde le contrôle et annule les champs de force, arguant que c’est la chose à faire pour sa survie. Mais oui, c’est sûr, l’ennemi de ton ennemi... va te tuer ou te réduire en esclavage dans la foulée, mais vas-y, tente ta chance, golem au cerveau de pois chiche. À sa décharge, Picard aurait peut-être dû éviter le terme "effacer" tout à l’heure, ça peut mettre une I.A. sur les dents. Mais comme Picard est devenu un tueur au moindre problème, voilà, voilà...

Les champs de force tombent et, histoire de rajouter l’incompétence absolue à la renonciation de toute morale, Vadic serpente en forme liquide entre les deux parents qui lui tirent dessus à répétition, à bout portant, sans réussir à la toucher. Bien, nous voilà forcer de rajouter « la mise en scène pour les nuls » ainsi que « le tir pour les nuls », qui rejoindront la pile de « les décors pour les nuls » et « l’éclairage pour les nuls ». Certes, ça va faire beaucoup de lecture aux scénaristes et au staff, mais en même temps, on aurait pas besoin de leur offrir la collection complète s’ils faisaient correctement leur métier.
Jack et Sidney se retrouvent au corps à corps avec leurs assaillants, lesquels ont curieusement perdu leurs armes depuis tout à l’heure afin de nous fourguer une séance de marave. Jack finit par ramasser son phaseur et désintègre le sien, mais Sidney est bien moins dominante dans son affrontement. Lore ayant rajouté un champ de force entre eux, Jack ne peut lui venir en aide physiquement. Il se connecte alors mentalement à elle par son super pouvoir (aux yeux rouges lumineux) et prend en quelque sorte le contrôle de son corps (presque façon Avatar) pour qu’elle renverse la situation, ce qui nous vaut une séquence de combat miroir alterné… avec en toile de fond les suppliques de Geordi envers Data pour nous rajouter un peu de pathos par-dessus. Elle finit par ramasser son arme elle aussi mais, malgré de multiples tirs, ne désintégrera pas son adversaire, bien qu’elle soit en mode létal (on voit distinctement les impacts trouer son ennemi). Donc maintenant la réalisation est incohérente en plus de l’écriture : tantôt désintégration, tantôt non. Hallucinant d’avoir un tel travail de goret sur tous les départements, on ne peut vraiment rien sauver hormis le jeu d’acteur.
Vadic arrive en forme humaine, en sifflant, sans arme, mais Jack et Sidney préfèrent fuir alors qu’eux, sont armés. C’est vrai que le sifflement casse les oreilles, mais tout de même... Le soldat abattu par Sidney se relèvera alors sans séquelles et se joindra à sa commandante. WTF. Il s’est pris une demi-douzaine de tirs, certains l’ont carrément troué mais il repart comme en 14 une minute plus tard. Mais c’est quoi ces armes ?! Le modèle enfant ? Ou bien ces aliens sont-ils invulnérables, façon T-1000 ?

Picard et Beverly sont partis vers le terminal le plus proche pour faire des recherches, ce qui, vu leur nullité opérationnelle au tir, vaut mieux pour tout le monde. Ils découvrent rapidement, utilisant la base de données de Daystrom contenue dans Data, que les expériences qu’ont subi les métamorphes étaient basées sur une formule contenant du Thelonium-847, un agent détectable qui permettra de les traquer. Sérieusement ? Des expériences innommables pour les rendre (soi-disant) indétectables par test, mais en leur injectant un marqueur radioactif identifiable à distance pendant des siècles ? Il y a de quoi être sans voix et sans mot devant un tel niveau de débilité. Ils se relisent avant de valider un script pareil ?! Parce que là, même les twists les plus portnawak du Arrowerse sont un modèle de crédibilité en comparaison...
Shaw et deux redshirts partent intercepter Vadic et son unique soldat — quid de tous les autres ? Ils sont coincés dans un trou du script mais vont revenir bientôt, soyez sans crainte — . Comme abattre un golgoth dans un couloir est au-dessus de leurs compétences, les deux redshirts sont abattus avant que Shaw ne crible son adversaire de tirs. Mais comme lui aussi a la version jouet club des phaseurs, l’increvable adversaire se relèvera dans son dos et l’assommera. Par contre, vu qu’ils ont récupéré le contrôle des champs de force, pourquoi ne pas bloquer le couloir où les ennemis se trouvaient ? De quoi ? Le script voulait que les gentils perdent ? Certes, mais une articulation correcte dans cet épisode aurait relevé de la politesse, malgré tout...
Le turbolift s’ouvre sur la passerelle, laissant tomber au sol un Shaw en très mauvais état. Seven inspecte l’intérieur mais ne voit personne d’autre, car les métamorphes se sont fondus dans le décor. Simultanément, les autres soldats arrivent par le second accès à la passerelle, sans que personne n’ait remarqué l’escouade en formation serrée sur les caméras. Vadic et son séide sortent de leur camouflage, et la passerelle est prise par l’ennemi sans même un tir. Ok, devant l’efficacité de Seven-la-loose, on comprend rétrospectivement pourquoi ils ont envoyé Sidney pour l’embuscade...
Jack et Sidney rejoignent Picard et Beverly pendant que Vadic s’écoute à nouveau parler et termine en disant à Jack (via intercom) qu’il est tant qu’il sache qui il est vraiment. Les spectateurs sont en droit de trouver ce suspens via cliffhanger très long et plus que dispensable, du moins pour ceux que ça peut encore intéresser, ce qui ne fut pas le cas de votre serviteur, simplement soulagé que cet enfer prenne fin.

Conclusion

Si l’on juge cet épisode en oubliant un instant (un instant seulement) le logo "Star Trek" profané jusqu’à la moëlle épinière, celui-ci est déjà très mauvais. Incohérent avec lui-même, une réalisation au fond du trou tuant le peu de suspension d’incrédulité qui aurait survécu au reste, avec la moitié de l’épisode dans ses foutues coursives (encore plus cheap que le précédent, il fallait le faire !), un éclairage plus risible que jamais — mention spéciale au projecteur dans la pièce où est capturée Vadic, qu’on voit venir d’un mur sur le côté et non du plafond comme il le devrait —, des dialogues soit poseurs soit au pathos, bref, seuls les acteurs rehaussent un peu le niveau de ce désastre industriel. Amanda Plummer est presque touchante dans la scène où elle évoque son supplice, ce qui n’est pas un petit exploit. Edward Speleers affirme sa présence malgré un personnage qui mérite des gifles, et Ashlei Sharpe Chestnut ne manque pas de justesse en Sidney. Les anciens font honneur à leur rang — mais pas à leur personnage en acceptant de les travestir de cette façon — et sont dans le ton de ce qu’ils doivent jouer.
Mais pour qui n’est pas désireux de devenir Alzheimer quant à ce que fut Star Trek et la crédibilité de son utopie, c’est avec un goût de sang et d’excréments dans la bouche que le visionnage se fera. Souillant la Fédération avec une telle violence que la saison 1 et 2 en deviendraient (presque) gentillettes à cet égard, massacrant les personnages et tout ce qu’ils ont pu un jour incarner, et, désormais las de cannibaliser l’univers, passe carrément au révisionnisme et la réécriture de celui-ci. Un viol dont celui attaché à l’identité trekkienne aura du mal à se remettre, et pourtant assumé crânement par les auteurs, Terry Matalas en tête. De ses propres déclarations après les réactions outrées d’une partie de la fanbase, ce script de la damnation aurait été approuvé par toute la writer room hormis lui, qui en débattit avec eux jusqu’à la phase d’édition avant de valider la chose. Loin de l’exempter de quoi que ce soit, c’est finalement encore plus condamnable.
D’une part, cela atteste d’une évidence au sein de l’équipe, à savoir que personne ne comprend la construction utopique de Star Trek ni ne la respecte. Ce qui pose fatalement la question : pourquoi diable les a-t-on engagés sinon pour tuer ce qu’il peut rester de l’identité trekkienne ? D’autre part, Matalas est le showrunner et c’est à lui que revenait la décision finale. Nous avons donc, ici, un ancien de l’époque bermanienne qui admet posséder si peu de caractère que son équipe a pu le convaincre de valider un script ignoble, et qui aurait dû finir dans la corbeille, sans hésiter. Enfin, quelle plus-value peut encore prétendre apporter Matalas si valider la réécriture des fondamentaux de l’univers, de DS9, et des personnages historiques ne le dérange pas tant que ça ? À quoi sert-il hormis d’alibi foireux ? Honte sur vous, Monsieur Matalas, cette trahison est celle qui restera impardonnable...

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

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