Harry Potter et le Prince de sang mêlé : Interview du réalisateur David Yates
Diriger une superproduction dont la franchise est basée sur une série de livres à succès peut exiger beaucoup d’un réalisateur de film, c’est peut être pourquoi Chris Columbus a seulement dirigé les deux premiers opus d’Harry Potter et pourquoi des réalisateurs aussi expérimentés qu’Alfonso Cuaron et Mike Newell n’ont pris qu’un film chacun.
Quand David Yates a été annoncé en tant que réalisateur du cinquième film, Harry Potter et de l’Ordre du Phénix, peu d’Américains savaient qui il était, mais en Angleterre, il avait déjà dirigé beaucoup de programmes télévisés à succès comme la minisérie originale State of Play. Certes, c’était un pari audacieux des producteurs David Heyman et David Barron de s’engager avec Yates, mais cela a certainement était payant car Yates est bien sur le point de tourner ses troisièmes et quatrièmes films de la série, un final en deux parties basé sur le roman de J.K. Rowling, Harry Potter et les Reliques de la Mort.
En attendant, le sixième film Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé est sorti ce mercredi, et c’est un film étonnamment plus léger de l’épisode précédent, dans la mesure où les mange-morts qui causaient drames et mutilations dans le monde extérieur sont cette fois-ci laissés dans les placards de Poudlard tandis que Harry, Ron et Hermione sont plongés dans les affres de l’adolescence, avec les problèmes que nous avons tous dû affronter entre 15 et 16 ans.
Le site ComingSoon.net a entendu beaucoup de choses gentilles au sujet de Yates de la bouche même des jeunes acteurs du film, et le site était heureux d’apprendre que tout cela était bien vrai quand ils se sont assis avec l’homme chargé de donner vie à la seconde moitié de l’œuvre de J.K. Rowling. Voici l’interview réalisé par comingsoon
Nous avons rencontré le producteur David Heyman il y a environ cinq ans et nous parlions du quatrième film (c’était avant même que vous commenciez à tourner le cinquième opus) et il nous disait c’était impossible pour qu’un réalisateur d’enchaîner des films l’un après l’autre parce qu’alors, la pré production et la postproduction se chevauchent. Vous êtes parvenu d’une façon ou d’une autre à faire quatre films d’affilée. Avez-vous juste lu le septième livre et réalisé ainsi que vous deviez insister pour rester aussi sur les derniers films ?
L’idée s’est imposée simplement parce que Harry Potter et de l’ordre du Phénix a vraiment bien marché. Tout s’était très bien passé et le studio et les deux David ont vraiment aimé notre travail et, avant même que le film ne soit sorti, ils ont dit que je devais faire le suivant. Nous avons eu une conversation qui s’est déroulée ainsi. Ils m’ont dit, " Nous pensons à vous pour réaliser pour le N°6, mais pouvez-vous faire une comédie ? ", J’étais comme un de ces jeunes acteurs essayant d’obtenir un travail et à qui on demande : " Savez-vous monter un cheval ? Pouvez-vous faire l’accent français ?". J’ai dit, " Naturellement je peux vous faire une comédie. J’aime la comédie et ainsi nous avons commencé à travailler sur l’Opus 6. et puis à peu prés à mi-parcours du 6, ils m’ont juste dit : " Nous savons que cela semble impossible, que ça demande énormément de travail, mais seriez-vous prêt à rester pour le 7 ? Nous avons étudié très soigneusement le problème. Cela supposera que vous soyez à trois endroits en même temps…
Vous devriez leur demander pourquoi ils m’ont demandés de revenir !.
Les acteurs nous ont dit précédemment que chacun des autres réalisateurs avait vieilli de 20 ans pendant le tournage, ainsi n’avez-vous pas l’impression qu’après avoir fait votre premier film et en être au milieu du second, cela pourrait avoir le même effet sur vous ?
Ouais, c’est un peu réducteur. Je me rappelle Mike (Newell) qui avait un peu l’air d’être dans cet état, et Dan (Radcliffe) me disant qu’Alfonso avait commencé avec un visage frais et romantique et qu’il avait fini complètement délabré. C’est un travail exigeant physiquement. La réalisation de ces foutus films exige beaucoup, mais cela me réussit très bien. J’apprécie vraiment, et je pense que ma carrière de télévision m’a probablement préparé à cela. J’ai vraiment bien réussi à la télévision et quand je terminais quelque chose, j’étais invité à faire autre chose et je suis arrivé à bout de ces activités parallèles, ainsi je me suis habitué à faire trois choses en même temps. Cela m’a préparé pour cette aventure Harry Potter en quelque sorte.
Quand nous avons rencontré la première fois Alfonso, quelqu’un l’a interrogé sur l’opportunité de faire un autre Harry Potter. Il semblait en état de choc, du style "Comment est-ce que je pourrais même penser à en tourner encore un ?"
Ouais, je sais, c’est dur.
Puis il a réalisé Les fils de l’homme ce qui était probablement encore plus difficile.
Ah, mon Dieu, ouais ! (rires étouffés)
Comment vous êtes-vous organisé ? Pour le septième film, allez-vous réellement tourner les scènes pour les deux moitiés en même temps ou bien allez-vous tourner la seconde partie après avoir fait le montage de la première partie ?
Nous avons essayé de finir l’un et de commencer l’autre, mais tout simplement en raison de la disponibilité des acteurs, nous n’avons pu tourner qu’un peu de la seconde partie, tout en tournant la première partie. Je dirais que nous avons tourné environ 10% de la partie 2 et environ 85% de la partie 1, ainsi, ça tenait un peu du jeu d’échec, et en réalité, tout s’est passé brillamment. Nous avons tourné pendant cinq mois. Nous finissons le tournage au printemps prochain, c’est une belle durée pour les deux films, mais c’est super. C’est vraiment très différent de tout ce que j’ai fait auparavant, cela parait tout à fait contemporain et excitant. Je veux tout simplement que les parties 1 & 2 soient des films à grand spectacle. Je n’ai jamais réalisé un film comme celui de la partie 2. Cela ressemble à une chevauchée dans une certaine mesure. Il y a des scènes et des décors énormes et je me sens vraiment excité pour faire ça.
Et ce sont tous de nouveaux décors et endroits ? Puisque les six premiers films ont tous été tournés à Poudlard qui était juste re-décoré et aménagé différemment.
Oui, en effet, et cette fois nous sommes sortis la route, alors bien sûr nous revenons à Poudlard, mais la différence c’est que nous détruisons tout. On l’explose. On se croirait à Stalingrad, ce qui va vraiment frapper les esprits.
Allez-vous réellement faire sauter les studios de Leavesden quand vous aurez fini d’y tourner ?
(rires) Je ne suis pas sûr qu’ils seraient très contents de nos si nous faisions cela, mais nous finiront probablement par faire sauter la moitié de Leavesden. Je continue à dire aux types des effets spéciaux que ces choses vont être grandioses. Nous devons finir sur une explosion.
À la fin de sa conférence de presse, David Heyman parlait du classement du film en catégorie PG (parents strongly cautioned : accompagnement parental recommandé) et c’est très étrange parce que les films que vous faites ne sont pas soumis à l’avis du MPAA (Organisme chargé de la classification des films aux Etats-Unis), mais dans ce cas-ci, ils l’ont juste visionné et lui ont donné une note et pour autant, vous n’êtes pas obligés de changer quoi que ce soit au film ?
Pas, à ma connaissance, ils ont vu le film et lui ont donné une note Je pense que nous nous attendions tous à un PG-13 (parents strongly cautioned : accompagnement parental recommandé, film déconseillé aux moins de 13 ans) et cela m’étonne qu’ils le laissent passer, parce qu’il y a du sang et certaines des scènes sont tout à fait effrayantes pour le jeune public.
Je pense que le MPAA est devenu plus souple parce que je me rappelle que quand Prince Caspian est sorti, ils ont autorisé la présence de scènes de violence ainsi il se pourrait qu’ils aient changé leurs normes ces dernières années.
Je pense que notre philosophie est la suivante ; HP est une grande série populaire populaire basée sur des romans, et nous devons la rendre aussi accessible que possible mais nous devons considérer qu’une catégorie plus jeune de spectateurs peut y avoir accès.
Je voudrais que l’on parle de l’humour, parce que cela m’a choqué. C’était le premier film d’Harry Potter que j’ai vu sans lire le livre et j’ai ai été étonné par l’humeur du fait que lorsque le cinquième film se termine, vous vous imaginez que le sixième sera plus sombre encore avec la présence des mangemort mais au contraire, cet opus est relativement lumineux. Est-ce une tonalité que vous allez essayer de maintenir pour le reste de la série ?
J’aime vraiment l’humour. Vraiment beaucoup. Je pense qu’il allège un peu le fardeau des héros, et Dan, Rupert et Emma font cela tout à fait bien. Cependant le prochain script sera tout à fait intense, et Steve est vraiment très fort pour y distiller de petits moments tout à fait charmants. Ce ne sont pas des gags à proprement parler. Ce sont juste des instants plein d’humour, de drôlerie et de sensibilité. J’y ai ajouté quelques choses, comme la scène avec les petits pâtés en croûte quand Rupert s’assied entre Harry et Ginny Weasley. C’était tout à fait improvisé. Il y avait juste un grand plat de pâtés en croûte et j’ai dit, "Rupert, je sais ce que nous allons faire" ; et puis Steve a écrit beaucoup de choses vraiment drôles et que j’adore, et les acteurs adorent jouer. Je pense que nous devons garder cela. Je pense que le public l’apprécie, cela les maintient dans la bonne humeur.
Je voudrais vous poser quelques questions à propos des acteurs parce c’est sans précédent pour une saga que l’on ait les mêmes acteurs pour six films, et de voir changer complètement leurs personnalités au cours de la série. Je ne pense pas qu’après avoir vu le premier film, quelqu’un aurait pu même imaginer que Tom Felton pourrait faire ce qu’il a fait par la suite, et Bonnie Wright qui joue Ginny est tout simplement surprenante. Quand vous êtes arrivé sur le dernier film, sachant que vous ne pourriez remanier le casting, aviez-vous un plan sur la façon dont vous alliez les obtenir des acteurs ce qu’on attendait d’eux pour ce film ? Ou avez-vous juste considéré que Steve écrirait des rôles sur mesure ?
Je pense que c’était un processus de la consolidation, d’encouragement et de soutien, et j’ai fait des ateliers avec Bonnie avant que nous commencions à tourner. J’étais vraiment très excité. Elle a une qualité et elle la garde… tout le crédit en revient à David Heyman et à Chris Columbus qui les ont trouvés en premier lieu. Ils ont trouvé ces enfants et ce qu’ils avaient de spécial en eux, et c’est pourquoi, dès le premier film, le public les a pris en sympathie et les aime beaucoup. Mon travail a consisté uniquement à les aider à devenir plus fort comme acteurs, plutôt que juste ce qu’ils sont. C’est le rôle clé de ce que je fais vraiment.
Ca a vraiment été une chose tout à fait étonnante à voir. Je suis également heureux d’entendre que vous allez travailler à nouveau avec Bill Nighy parce que vous deux avez dejà fait de grandes choses ensemble par le passé.
Oui, ça va être super !
Je l’ai rencontré plusieurs fois au cours des années et à l’une de ces occasions, Il a mentionné qu’il adorerait tourner un Harry Potter, parce que ça ressemble à du Shakespeare, ainsi je m’attendais à ce que par la suite, vous le preniez dans l’équipe pour travailler ensemble.
J’aime vraiment Bill. C’est vraiment un très bon acteur.
Une chose remarquable dans cette saga, c’est que chaque cinéaste donne au film un style très personnel, ainsi allez-vous suivre cette tradition et employer des équipes différentes pour les deux prochains films ?
Pas du tout, je garde la même équipe, le même Directeur de la Photo Eduado Serr qui est vraiment excellent, un franco-portugais Bruno (Delbonnel) qui a filmé le Prince de sang Mêlé. J’ai toujours voulu travailler avec Bruno, c’est un grand Pro.
Quand vous avez lu le manuscrit de Steve Klove saviez-vous que le film allait être différent et qu’il y aurait de l’humour ?
Bien, la 1ère et la 2ième partie vont apparaître légèrement différentes mais ça sera la même équipe. Pour le Prince de sang Mêlé. nous avons voulu un rendu fondamentalement très expressif. Il est vraiment très fort, Bruno. Vous avez vu "Amelie" et "A Very Long Engagement" ?
Ah, oui, j’en suis vraiment fan.. Vous disiez auparavant que script de HP 6 est arrivé juste après que vous ayez terminé le tournage du 5 mais le 7ème livre de la série est sorti à peu prés en même temps. J’étais curieux de savoir comment s’est faite la synchronisation, puisque la sortie du tome 7 allait probablement affecter certaines choses. Avez-vous essayé de ne pas lire le 7ème livre ?
Pas du tout, je l’ai lu dès sa sortie. Je ne me rappelle pas exactement comment ça s’est passé mais nous l’avons lu d’une seule traite pour nous assurer que nous ne faisions pas d’erreurs dans l’adaptation et que nous préparions l’épisode suivant dans les meilleures conditions. Ouais, dès que ce livre est venu, nous étions tout (lecture il) au cours du week-end. Nous avons identifié toutes les petites choses que nous aurions à supprimer. C’est toujours difficile d’adapter un roman. Mais c’était réellement agréable de savoir comment tout allait finir, et c’était la première fois.
Quand Jo peut-elle voir vos films ? Attend-elle la première ?
Non, nous les lui montrons toujours avant la première. Celui-ci, nous lui avons montré environ deux mois avant et c’est un peu comme attendre vos papiers signés par le directeur. Elle est entrée dans la salle et nous étions tous très nerveux puis elle est sortie et a dit qu’elle avait aimé le film. Elle a même ajouté qu’il était son préféré.
Voici quelques échos de la conférence de presse que Mr Yates a accordée avant l’interview de Comingsoon :
Pensez-vous que certains spectateurs aient besoin d’une introduction aux personnages et aux scénarios antérieurs puisque le film ne le fait pas ?
C’est vraiment intéressant. Nous avons eu des conversations au sujet de celà, mais nous avons voulu lancer tout de suite l’action et plonger les spectateur dans l’histoire. Steve (Kloves) vous en dira bien davantage à ce sujet. Ces livres sont vraiment très difficiles à adapter parce que Jo tisse ce monde avec tant d’intrigues et de détails, aussi c’est réellement très dur de décider ce qui doit être laissé de côté. Les fans savent ce nous passons sous silence mais, au stade où nous en sommes dans ces films, nous ne voulons pas surcharger les spectateurs de détails sur ce qui s’est passé auparavant. Ils peuvent toujours retourner vers les DVDs, ils peuvent toujours retourner aux livres, et nous laissons aussi filtrer quelques infos sur ce qui s’est passé avant, mais nous espèrons qu’ils nous pardonnent certains des raccourcis que nous prenons.
Pouvez vous parler du travail avec Steve Kloves sur ce film, puisqu’il n’a pas écrit les scripts précédents ?
Personnellement, je lis beaucoup de manuscrits… bien, quand j’ai le temps, je lis beaucoup de manuscrits mais une des choses que Steve fait, ce qui je pense est un vrai cadeau, c’est qu’il n’écrit pas pour les personnages, mais il écrit pour les acteurs jouant les personnages. Il connait leurs forces, il sait leurs faiblesses, et je pense qu’il écrit même pour moi parfois. Je pense qu’il sait ce que à quoi je suis bon, et c’est une qualité très rare. Je pense qu’il possède un pouvoir de compréhension des individus absolument énorme. Il sait ce qu’il y a en jeu mais il a aussi une oreille attentive pour Hermione et Harry, pour Dan et Emma, et je pense que c’est vraiment un don particulier.
Pouvez-vous dire comment vous avez obtenu de telles prestations des jeunes acteurs pour ce film ?
Je pense que c’est un arrangement entre nous, que mon ambition pour eux est qu’ils jouent le mieux possible, et moi je veux les observer, et ainsi vers la fin de la série de films, voir quels grands acteurs ils sont devenus. Ils comprennent à quel point je suis ambitieux pour eux et également à quel point ils sont ambitieux pour eux-mêmes en termes de qualité de jeu. Une des choses qui se produisent le plus naturellement du monde, c’est vieillir parce qu’en dehors des plateaux de tournage, dans le monde réel, ils trouvent dans leur vies, les enrichissements, des coups durs et une connaissance du monde réel que je les encourage à apporter de nouveau sur le tournage. Cela donne à leur travail un peu plus de profondeur, d’intérêt et d’intuition. Mais également, je les pousse très dur. Et ils me font réellement confiance. Je les encourage également à être des auteurs de leur propre travail. Je veux qu’ils participent au processus tandis qu’ils sont sur scène, et eux savent que j’écoute leurs idées et je leur indique quand cette idée est mauvaise mais je leur dis également et je les embrasse quand je pense que l’idée est grande. Nous avons vraiment d’excellent rapports qui, je pense, sont basés sur la confiance et l’ambition raisonnée de m’assurer qu’ils se sentent vraiment bien. C’est ce que nous voulons tous.
Un des grands changements par rapport au Roman est que vous avez supprimé la grande bataille de la fin mais d’autre part vous avez ajouté un combat à Burrows. Pouvez-vous parler de ces changements et pourquoi avez-vous pensé qu’ils étaient importants ?
Tout d’abord, j’ai pensé qu’au milieu de l’histoire, on avait besoin d’une injection de péril et de danger. Ce qui n’existe pas dans le livre, mais au fur et à mesure que nous avancions le script, nous nous sommes aperçu qu’il y avait beaucoup de comédie et beaucoup de légèreté mais pour le rythme, cela ne pouvait pas durer trop longtemps. L’introduction d’un certain niveau de péril s’est juste imposée, pour rappeler aux spectateurs que le monde au delà de Poudlard est toujours un endroit très dangereux. Puis à la fin, nous savions tous qu’il y aurait cette bataille énorme dans le 7ième film, nous étions tous en train de la préparer, de la concevoir, et nous voulions garder notre poudre au sec pour cette d’attente.
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